Conditions de vie et de travail des forces de sécurité : 3000 policiers payés à moins de 40 000 Fcfa le mois…Le Mispc met le doigt sur la plaie

Isac A. YAÏ 26 août 2014

Simplice Dossou, ministre de l’intérieur

Moins de 40 000 Fcfa. C’est le salaire que perçoivent au 21ème siècle au Bénin et sans exception géographique, environ 3000 policiers. C’est la vérité servie hier par le ministre de l’intérieur, de la sécurité publique et des cultes (Mispc), Simplice Dossou lors de sa visite de prise de contact à la Direction générale de la police nationale (Dgpn). Et cette triste vérité qui n’est pas prête d’être rejetée avant le vote du Projet de loi portant statut particulier du personnel de la police nationale ne fait pas rire. Bien au contraire. 40 000 Fcfa par mois à un agent de sécurité appelé à se loger, se nourrir, se soigner, se vêtir, se déplacer est, quoiqu’on dise, tout sauf un cadeau. Dans un pays où, tout au moins en ce qui concerne la partie méridionale, se loger convenablement même quand on est célibataire coûte déjà 25 000 Fcfa, n’allons pas demander au policier d’être un saint.
Sans les rançonnements qui sont évidemment à déplorer, comment ces 3000 policiers, certainement déjà sevrés du biberon parental et obligés de voler de leurs propres ailes arriveront-ils à joindre les deux bouts ? Il est clair qu’au vu de cette situation dans un contexte d’insécurité criant, il urge que les autorités politico-administratives prennent leurs responsabilités. Car, il est temps qu’on passe de l’étape des bons vœux à des actions concrètes pour doper le moral de la troupe chargée de notre sécurité et qui a vraiment besoin de meilleures conditions de vie et de travail. En effet, si on ajoute à ce salaire de misère, un manque cruel de matériels pour apporter une riposte adéquate aux braqueurs et autres délinquants, il faut comprendre qu’être policier au Bénin est le pire des choix. A l’impossible nul n’est tenu. Les policiers ne peuvent rendre service qu’en fonction du traitement qui leur est fait. Alors, vivement que le vent du changement souffle, au plus vite, sur la police. Il est temps.

(Lire ci-dessous un extrait de la déclaration du Mispc, Simplice Dossou)
Simplice Dossou : « Il n’y a pas de développement sans la sécurité… »

Avant tout propos, je voudrais qu’on observe une minute de silence en mémoire des Agents de la Police Nationale dignement tombés, les armes à la main dans l’accomplissement de la mission républicaine de protection des personnes et des biens.

Le sacrifice suprême des Agents Padonou Comlan Rolland et Denon Crespin et de tous les policiers qui ont connu une atteinte à leur intégrité physique dans l’exercice de leur fonction ne sera pas vain.
C’est pourquoi, je voudrais m’acquitter d’un agréable devoir, celui de vous transmettre les mots de gratitude du Chef de l’Etat, le Président Boni Yayi et de toute la Nation béninoise pour le courage et la détermination de la Police Nationale et de l’ensemble des forces de sécurité publique, dans leur mission de produire la sécurité pour tous. Cette reconnaissance de l’Etat à ses dignes filles et fils de la Nation va aussi bien à la hiérarchie policière qu’aux agents déployés sur le terrain, de jour comme de nuit, sous le soleil et sous la pluie.
Cette rencontre de prise de contact me donne également l’occasion de vous rassurer que l’institution policière et l’ensemble des forces de sécurité publique bénéficient de la part du Gouvernement et de son Chef, le Docteur Boni Yayi, Chef suprême des armées, d’une attention particulière. C’est depuis son Projet de Société que le Président de la République a mis l’accent sur le renforcement des capacités d’intervention des forces de sécurité publique. Pour le Docteur Boni Yayi et tout son Gouvernement, à commencer par le Ministre de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et des Cultes, « il n’y a pas de développement sans la sécurité ». La sécurité est un pré-requis du développement, une quête permanente, un défi de tous les jours que nous devons relever ensemble avec les consommateurs de la Sécurité que sont les citoyens.
Depuis 2006, les questions de sécurité ont été élevées au rang de priorité par le Chef du Gouvernement. Ce qui explique, les efforts accomplis par l’Etat béninois en matière de recrutement et de formation du personnel, l’acquisition de matériels de tout genre et le renforcement des stratégies opérationnelles. Mais, tant qu’il reste à faire, rien n’est fait ! C’est donc le lieu de rassurer le Contrôleur Général de Police Louis Philippe Sessi Houndégnon, Directeur Général de la Police Nationale et toute la Troupe que les doléances de la Police feront l’objet d’une attention particulière de ma part. L’une de mes missions prioritaires sera donc de vous donner les moyens en diversifiant les sources de financement. Je voudrais mettre un accent particulier sur le Partenariat Public- Privé et la Diplomatie sécuritaire pour accroître les ressources de la Police Nationale.
Pour ce qui concerne le Projet de Loi portant Statut particulier du Personnel de la Police Nationale, il fait de ma part, l’objet d’une attention particulière. 3000 policiers payés à moins de 40.000 francs par mois au 21ème siècle sera alors un lointain souvenir pour la corporation. C’est d’ailleurs le premier dossier sur lequel je me suis penché dès le vendredi après la cérémonie de prise de fonction. Mes premières investigations localisent le dossier à la Cour Suprême. Le Chef de l’Etat en personne, de même que le Ministre de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et des Cultes que je suis, nous suivons avec une attention particulière ce dossier.
Je voudrais également rassurer les uns et les autres dans la maison Police que les diligences en fonction des ressources disponibles seront faites pour que les forces de police soient équipées en matériel de protection (gilet pare-balles, casque ...), en tenue, en lunettes à visé nocturne, en armes de pointe et tout ce qu’il faut pour vous permettre de faire face aux nouvelles menaces d’ordre sécuritaire. Le policier ne sera plus un chien à abattre par de vils individus.
Je ne vais pas occulter la lutte contre la drogue, la cybercriminalité et le développement de la Police scientifique, outil indispensable dans la prévention et la lutte contre le grand banditisme et le terrorisme. L’amélioration des renseignements généraux de la police et la sécurisation de nos frontières ne seront pas oubliées. Sur ce dernier point, je voudrais saluer le travail que fait conjointement l’Agence Béninoise de Gestion Intégrée des Espaces Frontaliers (Abegief) et la Direction Générale de la Police Nationale. Nous renforcerons ce travail par l’installation des Comités Locaux de Sécurité dans ces zones frontalières avec un dispositif clair et efficace de gestion des flux migratoires dont profitent également les hors-la-loi. Au fur-et-à-mesure que nous prendrons connaissance des autres dossiers dont celui concernant la reconstitution des carrières et autres avancements, les diligences nécessaires seront accomplies.
Je veux être un Ministre qui attend de vous un respect absolu de l’autorité, mais également un allié sûr et très sûr pour la Police Nationale.
Après ces mots d’engagement exprimés en toute sincérité, je voudrais partager avec vous mes attentes pour une Police républicaine, loyale, au service de la Nation et de ses institutions. Je vous exhorte à redoubler d’ardeur au travail et à toujours faire preuve de professionnalisme car, le manque de professionnalisme entache gravement certaines actions qui, du coup, perdent de leur crédibilité. La Police républicaine est celle qui respecte les lois et les règlements de la République. Elle doit être proche des populations pour mieux les servir. C’est de là que nous atteindrons facilement la coproduction de la sécurité publique. Le Gouvernement du Président Boni Yayi a exprimé avec vigueur sa détermination à éradiquer les pratiques de tracasserie policière et de rançonnement dans le rang de toutes les forces militaires et paramilitaires, voire civiles qui interviennent dans le contrôle routier. Mon souhait est que la Police nationale montre l’exemple d’abord par l’auto-inspection afin de faciliter la libre circulation des personnes et des biens. Les rançonnements doivent cesser. Ceci est non négociable !
Contrôleur Général de Police Louis Philippe Sessi Houndégnon, Directeur Général de la Police Nationale, je vous exhorte à un quadrillage systématique des grandes villes et des axes routiers avec un accent particulier sur les zones criminogènes. Le moment est venu de renforcer les renseignements sécuritaires afin de porter des coups décisifs aux hors-la-loi et aux différents gangs qui tentent de semer la psychose au sein des paisibles populations de notre pays. Je reste convaincu que la Police de mon pays dispose des ressources nécessaires pour mettre hors d’état de nuire tout malfrat, quelque soit son acabit, son calibre. Ce ne sera qu’une question d’heure, de jours.
Pour finir, je voudrais inviter la police à surmonter les divergences de tout genre et à se mobiliser autour de son Directeur Général afin d’assurer au mieux la sécurité des personnes et des biens.
Vive la Police Nationale au service du peuple béninois !
Vive le Bénin pays de paix et de sécurité !
Je vous remercie.



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