Construction du siège du Parlement : Les députés suggèrent l’abandon du site pour un autre à Porto-Novo

Karim O. ANONRIN 8 mai 2018

Les députés ont eu droit hier à une communication du gouvernement sur le siège en construction du parlement sur la berge lagunaire à Porto-Novo. Pour la circonstance, le gouvernement était représenté par le Garde des sceaux, Ministre de la justice et de la législation, Joseph Djogbénou et son collègue en charge du cadre de vie, José Tonato. De la communication du gouvernement, l’on retient que le chantier est en cours depuis 9 ans, et pour un montant prévisionnel global d’environ 18,5 milliards Fcfa, le chantier a déjà coûté plus de 22 milliards Fcfa à la société Serhau-Sa, maître d’ouvrage délégué qui n’a engagé qu’environ 20 milliards Fcfa. On peut aussi retenir que pour le taux d’exécution physique du chantier, il s’élève à 45,71% contre 56,19% de taux d’exécution financière, et si on devait achever les travaux, il faudra mobiliser encore environ 22,5 milliards Fcfa. « …Neuf ans après le démarrage, y compris 43 mois de suspension des travaux, l’évaluation financière globale du projet se présente comme suit : (i) le montant total versé à la SERHAU-SA est de 22.664.019.976 FCFA TTC ; (ii) le montant total engagé par la SERHAU-SA y compris les honoraires (corps de contrôle, MOD) est de 20.010.647.814 FCFA TTC ; (iii) un écart important entre le taux d’exécution physique (TEP) de 45,71 % et le taux d’exécution financière (TEF) de 56,19 %, qui s’expliquerait par les avances de démarrage perçues ; (iv) le TEP du gros-œuvre au 30 septembre 2016 est de 90%, contre 99% de TEF. Il resterait donc à mobiliser pour l’achèvement des travaux 22.501.709.588 FCFA TTC, sans aucune garantie sur la stabilité et la sécurité de l’ouvrage, ni sur la durée de vie possible de l’édifice, dans un contexte où il est juridiquement impossible d’obtenir une assurance en vue d’une garantie décennale pour des travaux d’aussi mauvaise facture… », a précisé le Ministre José Tonato.

Les députés pour l’abandon du site et l’érection d’un nouveau siège ailleurs
La communication du gouvernement hier sur le siège en construction de l’Assemblée nationale a suscité un grand débat dans le rang des députés. Unanimement, les députés, toutes tendances confondues, ont déploré l’état actuel du chantier, surtout qu’il est abandonné aux intempéries depuis plusieurs années. Pour la plupart d’entre eux, il est temps que les responsabilités soient situées dans ce dossier ; afin de faire rendre gorge à tous ceux qui ont contribué d’une manière ou d’une autre à ce scandale. Mieux, ils ont suggéré au gouvernement de trouver un autre site dans la ville de Porto-Novo pour l’érection d’un nouveau siège du Parlement répondant aux normes internationales. Aussi, les députés du Bloc pour la majorité parlementaire (Bmp) ont-ils pris l’engagement d’aider à la poursuite devant la justice de tous ceux qui se seraient rendu coupables de crime économiques dans ce dossier. C’était à travers un point de presse donné à la fin de la plénière par le député Jean-Michel Abimbola, entouré des députés André Okounlola, Louis Vlavonou, Benoit Degla, Adam Bagoudou, Rachidi Gbadamassi et Orden Alladatin.

Le BMP donne les raisons de sa détermination à aider le gouvernement
Dans leurs différentes interventions, les conférenciers du BMP ont donné les raisons qui justifient leur détermination à aider le gouvernement du président Patrice Talon à aller loin dans cette affaire. Ils ont dénoncé au niveau de la conception du Projet, la non validation du site du projet ou le changement de site non pas pour une raison technique, avec l’abandon d’un site sur terre ferme pour un site en zone non stable sans prendre d’autres dispositions techniques, alors que c’est le contraire qui devrait être accepté, l’indisponibilité du rapport d’études d’avant-projet détaillé (APD) et des plans d’exécution avant le démarrage du chantier, le non-respect des procédures de passation des marchés publics et sde la convention signée entre l’État et SERHAU-SA ; au niveau de la mise en œuvre du projet, la qualification douteuse du personnel d’exécution, la qualification inexistante de l’entreprise chargée de la réalisation des gros œuvres, la mauvaise qualité des matériaux mis en œuvre pour la réalisation des travaux, l’absence du contrôle permanent, le paiement des décomptes de travaux exécutés avec beaucoup de malfaçons, le paiement des avances de démarrage à des entreprises qui doivent attendre au moins 2 ans (délai contractuel des gros œuvres) avant la mise en œuvre de leurs contrats comme le cas de l’avance de démarrage à des entreprises de menuiserie, d’alu-Vitrerie, de courant fort et courant faible, de revêtement, de peinture, d’étanchéité, de plomberie et de climatisation.



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