Déclaration de la dernière Assemblée générale de l'Unamab : Ousmane Batako dénonce une position d'invective et de confrontation

Karim O. ANONRIN 20 juin 2013

Ousmane Batoko, Vice-président du Conseil supérieur de la magistrature

La sortie médiatique mardi dernier du bureau de l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab), sanctionnée par un communiqué de presse, n’est pas du goût du président de la Cour suprême, Ousmane Batoko, 1er Vice-président du Conseil supérieur de la magistrature (Csm). Profitant de sa présence hier à la cérémonie de passation de service entre les présidents entrant et sortant de la Haute cour de justice au siège de cette institution à Porto-Novo, le président Ousmane Batoko n’est pas allé par quatre chemins pour dire que l’Unamab ’’n’a rien à exiger de qui que ce soit encore moins du Conseil supérieur de la magistrature’’ par rapport aux récentes nominations des magistrats dans les juridictions du pays et à la chancellerie. En effet, dans son communiqué en date du mardi dernier, l’Unamab a exigé du Conseil supérieur de la magistrature et du gouvernement, des corrections dans lesdites décisions. Aussi, a-t-elle décidé de l’observance par les magistrats d’un mouvement de grève de 72 heures à compter du mardi 25 juin 2013 à 00 heure. Pour le 1er Vice-président du Conseil supérieur de la magistrature, Ousmane Batoko, les problèmes que pose l’Unamab, non seulement ne datent pas d’aujourd’hui, mais aussi ne sont pas insurmontables. Aussi, a-t-il rappelé que quand il a reçu le président du bureau de l’Unamab et ses autres membres il y a quelques jours à son cabinet au siège de la Cour suprême à Porto-Novo, il les a rassurés que leurs revendications seront examinées au cours de la prochaine session du Conseil supérieur de la magistrature (Csm), seule instance habilitée à s’y pencher. Par ailleurs, le président Ousmane Batoko, a laissé entendre que grand fut son étonnement de voir l’Unamab maintenir sa position malgré sa démarche d’apaisement de la situation.

(Lire ci-dessous l’intégralité de la déclaration du 1er Vice-président du Conseil supérieur de la magistrature suite à la récente assemblée générale de l’Unamab)

Déclaration de Ousmane Batoko suite à l’Assemblée générale de l’Unamab

"…L’Unamab n’est pas gestionnaire du personnel et de la carrière des magistrats (…) L’Unamab n’a rien à exiger de qui que ce soit encore moins du Conseil supérieur de la magistrature… "

"Je voudrais surtout dire ma grande et profonde déception quand j’ai entendu la déclaration qui a été faite par l’Unamab à l’issue de son assemblée générale hier. Je suis d’autant plus déçu qu’au terme des échanges que j’ai eus avec le bureau de l’Unamab il y a de cela environ 8 jours, je pensais que nous nous étions accordés sur la nécessité qu’il y avait pour nous de régler nos problèmes entre gens bien. Je suis également déçu parce que, je le regrette profondément, j’ai l’impression que l’Unamab est restée dans une logique d’invective, de confrontation, alors que j’estime que les problèmes, tels qu’ils se sont posés, non seulement ne datent pas d’aujourd’hui, mais aussi méritent qu’on y réfléchisse pour y apporter des solutions appropriées. Le Conseil supérieur de la magistrature a reçu la lettre du bureau de l’Unamab le 12 juin 2013. Mais déjà le 13 juin 2013, le bureau de l’Unamab a commencé par faire des communiqués comme s’il était attendu que le Conseil supérieur de la magistrature devrait se réunir immédiatement dès réception de leur lettre de revendications. J’ai le sentiment que les jeunes collègues ne savent pas comment ça fonctionne dans le pays. Même si on peut leur concéder la fougue de la jeunesse, celle-ci n’empêche pas qu’ils se souviennent qu’ils sont avant tout des fonctionnaires de justice. Il faut qu’ils se rappellent que l’Unamab n’est pas au dessous du Conseil supérieur de la magistrature. Qu’ils se rappellent également que l’Unamab n’est pas gestionnaire du personnel et de la carrière des magistrats. Qu’ils se rappellent enfin que l’Unamab n’est pas au dessus de l’Etat. Je voudrais rappeler que l’Unamab n’a rien à exiger de qui que ce soit encore moins du Conseil supérieur de la magistrature. Il y a sans doute des erreurs qui se sont glissées dans les décisions qui ont été prises. Ces erreurs seront examinées en son temps. Il y a quelque chose que je ne comprends pas chez mes jeunes collègues de l’Unamab. Je veux bien qu’on revendique. Mais la manière de revendiquer, la manière de demander vaut autant bien que ce qu’on demande. Ça aussi, ça s’apprend. L’Unamab n’a rien à exiger de qui que ce soit. Si l’Unamab doit exiger quelque chose, c’est de ses mandants. C’est de ses mandants qu’il doit exiger le sens de la responsabilité et le sens de l’Etat. Nous ne sommes pas encore au Bénin, je crois bien, à moins que je me trompe, dans la République des juges. Nous sommes dans un Etat de droit. Il faut un minimum. Ça là, je tiens à le rappeler et surtout qu’on ne nous amène pas à faire ou dire des choses qu’on n’a pas envie de faire ou qu’on n’a pas envie de dire. Chacun sait d’où il vient ".



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