Décrispation de la situation sociale : Talon à l’écoute des travailleurs mais…

Arnaud DOUMANHOUN 2 mars 2018

« Je ne suis pas sourd aux requêtes des concernés et à votre exhortation… », a répondu hier Patrice Talon aux dignitaires des Eglises évangéliques qui ont imploré la clémence du chef de l’Etat, notamment en ce qui concerne la question de la défalcation sur salaires qui, semble-t-il, a ravivé la tension sociale. L’homme du nouveau départ a expliqué d’une part que le gouvernement aurait répondu favorablement aux revendications des travailleurs s’il en avait les moyens, et d’autre part qu’en choisissant l’option de la grève, les travailleurs devraient en toute dignité et responsabilité, assumer et renoncer aux salaires des jours où ils ont fait grève. « Si vous faites grève, et percevez le salaire correspondant aux jours de grève, est-ce que ça n’enlève pas le sérieux de la cause qu’on défend ? », s’est interrogé Patrice Talon, tout en priant que le Saint Esprit éclaire les partenaires sociaux et leur accorde la grâce de la compréhension. « Pour l’amour de notre pays, que les travailleurs comprennent les difficultés que le gouvernement a à accéder à leurs revendications et reprennent le travail ». Tel a été l’appel du chef de délégation des évangéliques, le révérend pasteur Nazaire Hounkpadode.

Extrait de la déclaration du Chef de l’Etat : « Si nous œuvrons à restaurer dans le pays les valeurs, nous aurions tort de ne pas défalquer… »
Les défalcations sur salaires ne sont pas une sanction, ni une punition. Choisir d’aller en grève est un acte de dignité, de responsabilité. Et être digne, c’est ne pas réclamer d’être payé alors qu’on n’a pas travaillé. Je veux que nos concitoyens soient des hommes dignes, qui méritent respect, qui posent des actes dont ils mesurent la gravité. Si vous faites grève, et vous percevez le salaire correspondant aux jours de grève, est-ce que ça n’enlève pas le sérieux de la cause qu’on défend ? Celui qui refuse de travailler, renonce au payement des jours de grève, ainsi, il donne de la valeur à la cause qu’il défend. Si on peut s’abstenir d’aller au travail pour une cause et avoir son salaire, on peut aller en grève pour n’importe quoi. Même si la cause n’est pas sérieuse, nous avons besoin de donner à la grève toute sa valeur. Si le droit de grève doit s’exercer, il faut lui donner toute sa grandeur. Ne pas aller au travail, prendre le risque de renoncer, ne pas avoir son salaire parce que la cause qu’on défend nous parait si juste, si fondamentale qu’on va jusqu’à cette limite. Et c’est pour ça que si nous œuvrons à restaurer dans le pays les valeurs, nous aurions tort de ne pas défalquer. Le pardon n’est pas toujours salutaire.
La défalcation n’est pas une sanction et quand bien même elle le serait, la sanction est utile dans notre vie sur terre, dans notre vie spirituelle et dans tout ce que les écritures nous enseignent. Vous allez répondre un jour de votre vie sur terre. Ça veut dire que quelque chose sanctionne. La sanction n’est donc pas une chose à renier. Et responsables que nous sommes, nous devons parfois, avec peine au cœur, pouvoir appliquer la sanction que la République a instaurée pour prévenir le mal, pour responsabiliser davantage nos concitoyens. C’est pour ça que la défalcation est également une réforme, un pan de la réforme. Mais, je ne suis pas sourd aux requêtes des concernés et à votre exhortation. Je voudrais vous promettre que chaque jour, nous réfléchissons à trouver solution à cette situation que nous vivons, pour qu’elle ne continue pas de nous causer du tort. Je voudrais vous rassurer de ce que la sortie de crise n’est pas loin parce que nous continuons d’échanger avec les concernés, pour que nos enfants puissent retrouver les enseignants à leur rentrée afin que le service de l’Etat puisse fonctionner à nouveau. Nous faisons tout pour que ça se passe assez vite.



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