Démission du maire de Pobè du Prd : La guéguerre Océni-Houngbédji embrase le parti

Moïse DOSSOUMOU 20 novembre 2013

Saliou Akadiri, maire de la commune de Pobè a faussé compagnie à ses désormais ex compagnons du Parti du renouveau démocratique (Prd). Cet élu qui conservait jusque là jalousement, tel un gardien fidèle et loyal, l’un des derniers bastions du parti dans le Plateau, a déposé le tablier. Cette gifle magistrale a retenti alors que les conseillers municipaux Prd de Porto-Novo prennent un malin plaisir à « maltraiter » l’un des leurs, Moukaram Océni, maire de la ville tombé en disgrâce pour avoir osé tenir tête au leader des tchoco-tchoco.

L’alternance, le nœud gordien
A y voir de près, la démission de Saliou Akadiri n’est pas étrangère à la situation inconfortable dans laquelle se trouve empêtré son alter ego de la ville aux trois noms. Depuis le début de la mésaventure de Moukaram Océni avec Adrien Houngbédji, le maire de Pobè qui vient de lâcher le parti arc-en-ciel n’a jamais marchandé son soutien au maire de Porto-Novo. Mieux, la querelle qui oppose Moukaram Océni à Adrien Houngbédji est beaucoup plus liée au système d’alternance instauré au sein du parti qui veut que Goun et Yoruba se succèdent à la tête de la mairie de Porto-Novo. Ces deux ethnies forment l’écrasante majorité de la population de la ville aux trois noms et aussi des militants Prd. Dans un souci d’équité et d’harmonie, il a été retenu par la direction du parti, sous l’instigation de son président, que les représentants de chaque ethnie se passent le témoin à tour de rôle à la tête de la municipalité de Porto-Novo. C’est ainsi que Bernard Dossou alias Dober a cédé la place à Moukaram Océni qui se doit d’en faire autant au terme de son mandat. Mais il semblerait qu’il aurait manifesté l’intention de briguer un second mandat avant de passer de l’autre côté de la scène. Ce qui n’aurait pas rencontré l’assentiment du N°1 du parti.

L’union fait la force
Esseulé et traité comme un paria par les conseillers Prd qui se devaient de le soutenir tout au moins dans ses actions au niveau de la ville dont il tient les rênes, Moukaram Océni s’est tourné vers les siens, c’est-à-dire les Yoruba et Nagot. Naturellement, ceux-ci ne pouvaient que l’épauler pour sauver la face. C’est ainsi que Saliou Akadiri est entré en scène. Selon quelques indiscrétions, un autre ténor du parti, qui a d’ailleurs pesé de tout son poids dans le positionnement de Moukaram Océni à la mairie de Porto-Novo, soutient ardemment son filleul. Yibatou Sanni épouse Glèlè, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, tire sans doute les ficelles pour son protégé. Etant aussi Yoruba comme Moukaram Océni, ce ne serait pas une surprise qu’elle réprouve le comportement des conseillers municipaux qui mènent la vie dure à son dauphin. Plus encore, elle pourrait claquer la porte du parti comme l’a fait Saliou Akadiri emportant dans ses bagages son filleul qui, malgré tout, se réclame encore des tchoco-tchoco.

Des fissures dans l’édifice
La cohésion qui a longtemps caractérisé les militants et sympathisants du Prd semble ne plus être de mise. Moukaram Océni est soutenu par les siens et les autres ne se laisseront pas faire. Des risques majeurs d’implosion menacent ce parti qui a connu ses beaux jours dans la première décennie de son existence, soit entre 1990 et 2000. Si la rivalité naissante qui oppose les Goun aux Yoruba n’est pas vite étouffée dans l’œuf, tout volerait en éclats et le Prd passera de vie à trépas. Cette œuvre de réunification incombe au président du parti qui dispose encore du charisme et de l’autorité nécessaires pour concilier les deux camps. L’urgence de la tâche lui impose de s’y consacrer au plus tôt.

Des défis en instance
Jamais deux sans trois, dit le dicton. Adrien Houngbédji, fragilisé par la démission de Saliou Akadiri qui intervient après celle de Yaya Sacca, maire d’Adjarra, fera feu de tout bois pour repositionner sa formation politique au terme des consultations électorales futures. Même si la bataille des communales semble gagnée d’avance à Porto-Novo en dépit de la fronde et du remue-ménage, il lui faudra batailler dur pour imposer le logo arc-en-ciel à Adjarra et Pobè. Un autre défi, celui de reconquérir Sèmè-Podji, le hante également. On ne chasse pas deux lièvres à la fois. Eparpillé sur autant de fronts, Adrien Houngbédji, épaulé par le reste de la troupe demeuré fidèle, pourra-t-il redorer le blason de son parti ?



Dans la même rubrique