Dossier centrale électrique de Maria-Gléta : Les députés intransigeants sur l’impunité

Arnaud DOUMANHOUN 6 janvier 2017

Le ministre de l’énergie aura passé des heures chaudes hier au palais des gouverneurs à Porto-Novo. Jean Claude Houssou, qui devait porter la réponse du gouvernement aux préoccupations des députés sur la question du scandale lié à la construction d’une centrale électrique de 80 Mw à Maria-Gléta n’a pas convaincu. Au mieux, le technicien a provoqué la colère des députés. Inviter les parlementaires à ne pas ‘’regarder dans le rétroviseur’’ dans un dossier de près de 50 milliards était un pari bien osé, et le ministre de l’énergie en gardera un bien mauvais souvenir. Ce bout de phrase a suffi à déchainer les passions et surchauffer l’atmosphère à l’hémicycle. D’ailleurs, ce dossier qui est l’un des plus gros scandales financiers sous l’ère de Boni Yayi a toujours suscité l’indignation tant au niveau des acteurs politiques que de l’opinion en général. Aujourd’hui, l’un des acteurs clés de ce projet tient les rênes du ministère de l’intérieur. Sacca Lafia, puisque c’est de lui qu’il s’agit, était à l’époque ministre de l’énergie et des mines (sous Boni Yayi 1) et c’est bel et bien sous sa direction que le projet a été conçu et réalisé. Les députés de la 7e législature n’ont d’ailleurs pas fait la langue de bois au cours de la session consacrée aux réponses du gouvernement. L’honorable Dakpè Sossou, auteur de la question orale et ses collègues, Mathurin Coffi Nago, Benoît Dègla, Atao Hinnouho, exigent que les responsabilités soient situées dans ce dossier. Il n’était d’ailleurs pas imaginable d’entendre le ministre de l’énergie minimiser ce scandale qui défraie la chronique depuis plusieurs mois déjà. A l’occasion de sa prestation de serment le 6 avril 2016, le président Patrice Talon a promis lutter contre la corruption, et l’heure a peut-être sonné pour que le gouvernement montre sa bonne foi et commandite un rapport d’audit sur le scandale de Maria-Gléta. La probable implication de certains membres du gouvernement du nouveau départ ou des protégés du régime actuel ne devrait pas inhiber la volonté et la détermination de Patrice Talon à enrayer la corruption et le détournement des deniers publics. Une chose est sûre, l’opinion observe, et ce scandale ne saurait être oublié. Les députés sont en train de prendre leurs responsabilités, et bientôt, une commission d’enquêter devrait interroger tous les présumés coupables dans ce dossier. Vivement.



Dans la même rubrique