Elaboration du programme d’actions du gouvernement : La fin d’une longue attente ?

Arnaud DOUMANHOUN 18 août 2016

« Le Bénin est un petit pays mais, il pèse lourd ». Le Général Mathieu Kérékou ne croyait pas si bien dire. A l’exercice du pouvoir, le président Talon et son gouvernement se rendent compte de l’évidence. En effet, face à la réalité du pouvoir, la rupture avec son lot d’audits, de dégraissage, de suppressions et d’abrogations s’impose une pause. Après quatre mois de tergiversations, le ciel se dégage enfin pour nourrir l’espoir d’un retour à un mode de gouvernance rationnelle qui veut que l’on apprécie un pouvoir sur la base d’un programme d’action. L’équipe Talon n’en disposait pas.
Du moins, selon le ministre d’Etat Koupaki, le pseudo ‘’congé’’ est décrété à cette fin : harmoniser les dossiers entre les ministères sectoriels pour sortir cet instrument qui permettra désormais à tout citoyen lambda d’appréhender la gouvernance de la rupture sur la base des objectifs fixés. C’est dire que c’est à partir du 24 août prochain, date de la fin du congé gouvernemental, que le train Bénin prendra véritablement un Nouveau départ. Alors, il faut garder son souffle et apprécier ce que proposera la rupture.
Mais, d’ores et déjà, une chose est sûre, l’état de grâce est terminé. Les Béninois veulent du concret. La rupture a sévi quatre mois durant, mais le Nouveau départ manque à l’appel. Pour les 65% de Béninois qui ont porté leur choix sur le candidat de la rupture, le 20 mars 2016, Talon doit laisser des empreintes visibles et indélébiles dans les différents secteurs de la vie socio économique et politique de notre pays. Aussi bien en matière d’énergie, de santé, de sécurité, d’éducation, d’infrastructures, d’agriculture, de macroéconomie et d’économie ‘’réelle’’, il faudra convaincre les Béninois. Et pour y arriver, les compétences ne manquent pas dans ce gouvernement, même si depuis le 6 avril 2016, le fossé est grand entre les beaux discours de la campagne électorale et l’amélioration des conditions de vie des Béninois.

Aux défis herculéens, des options courageuses
Le prochain programme d’action du gouvernement doit donc conduire essentiellement au rayonnement du Bénin ; un rayonnement qui doit se traduire en termes de bien-être et de mieux-être toujours évolutifs pour les citoyens. Et les chantiers que ce plan doit embrasser sont immenses. Au plan des infrastructures, il est clair que les routes ont été construites en tenant plus compte de la conjoncture actuelle et non des perspectives de la croissance démographique et des flux commerciaux entre les différentes villes. Le projet de construction de l’aéroport de Glo-Djigbé qui semble définitivement être renvoyé aux calendes grecques doit renaître des cendres de l’oubli. Aussi, note-t-on avec intérêt, que le ministre de la jeunesse et des sports rêve de voir le Bénin décrocher l’organisation de la Can 2025. Mais jusqu’ici, les infrastructures sportives adaptées ne sont que chimères. Il en est de même des hôpitaux de classe internationale, des universités de référence…
Dans le domaine de l’éducation par exemple, l’épineuse question de la qualité des programmes éducatifs en lien avec nos objectifs de développement, dans les trois sous-secteurs de l’enseignement, demeure un défi tout aussi urgent que délicat. Les échecs massifs aux derniers examens ont remis au goût du jour cette problématique. La rupture doit également faire découvrir sa stratégie contre le chômage des jeunes, sur la base d’éléments saisissables et non d’ordre général, tels énumérés dans les projets de société.
Sur la question, le régime Yayi avait sorti le grand jeu avec son programme de microcrédits aux femmes et pour la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes. Que proposeront les ‘’rupturiens’’ au sortir de leur congé stratégique pour harmonier le programme de gouvernance ? C’est aussi une évidence que, face à la morosité économique, le gouvernement Talon titube. Pourtant, la présence des technocrates tels Koupaki, Bio Tchané et même le jeune ministre Wadagni avait nourri bien d’espoirs. En tout cas, désormais le programme d’actions devra préciser les options claires de la gouvernance Talon et ouvrir le débat politique. Il était temps.



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