En minorité au parlement : La nouvelle trouvaille de l’opposition : ‘‘la politique de la chaise vide’’

Angelo DOSSOUMOU 9 janvier 2018

Boycott, laxisme, mauvaise inspiration… L’opposition, depuis quelques semaines, compose avec le diable au palais des gouverneurs à Porto-Novo. Entre une présence timide à l’hémicycle ou carrément une politique concertée de la chaise vide, la minorité parlementaire a définitivement, au lieu de se battre pour faire valoir sa position, choisi de jeter l’éponge. Il en a été ainsi au cours des derniers votes du statut des magistrats et de la loi modifiant et complétant la loi sur la fonction publique en République du Bénin.
Conséquence, les scores des votes à l’Assemblée nationale en faveur de la mouvance au pouvoir sont sans appel. D’ailleurs, il ne pouvait en être autrement depuis la bipolarisation née du rejet du projet de révision de la Constitution où la minorité n’oscille qu’autour d’une vingtaine de députés.
Mais, passé l’épisode du vote de la loi des finances exercice 2018, l’entrain de l’opposition à animer la contradiction au parlement a disparu. Le débat parlementaire en prend un coup. Il ne pouvait en être autrement quand au cours des votes des dernières lois, il n’y a presque pas de trace de députés de l’opposition.

Les absents ont tort !
Seulement, cette politique de la chaise vide qui ne dit pas son nom, n’a aucunement sa raison d’être. C’est même une trahison et une démission face aux exigences que leur confère leur élection pour représenter le peuple au Palais des gouverneurs. Payés pour légiférer et contrôler l’action du gouvernement, les députés, quelle que soit la conjoncture défavorable à leur tendance au parlement se doivent de se faire entendre, de voter pour ou contre au lieu d’opter pour une politique inopérante et improductive.
Aujourd’hui, ils peuvent être mis en minorité, mais demain, l’histoire leur reconnaîtra qu’en son temps, ils avaient fait des remarques pertinentes contre telle ou telle loi et avaient même voté contre. Mais, en choisissant de laisser la mouvance rouler en roue libre, ils ne rendent service ni à eux-mêmes ni à la Nation et au peuple qu’ils représentent. Sinon, autant les assimiler aux grévistes ou à des honorables qui s’adonnent au « je-m’en-foutisme » et qui ont jeté la hache avant la cognée.
De toute façon, la démocratie a besoin d’une opposition. Au parlement, elle doit se faire entendre et voter. Et si elle se prive de ses prérogatives, elle n’aura qu’à s’en prendre à elle-même. Autant dire, prêcher dans le désert, s’il le faut, et ne pas être suivi que de se murer dans le silence, et de loin, regarder faire. Alors, aux députés qui continuent de croire aux vertus de l’alternance et d’une opposition constructive, de prendre leurs responsabilités et d’épargner le peuple d’une image qui ne leur fait pas honneur.



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