En toute sincérité : La surprise du chef !

François MENSAH 13 juin 2013

C’est désormais officiel. La Cour constitutionnelle et la Haute cour de justice ont dévoilé les noms de leurs nouveaux présidents. Théodore Holo et Marceline Gbèha Afouda ont été choisis par leurs pairs pour présider aux destinées des deux institutions. La nouvelle de ces choix a surpris plus d’un puisque de multiples spéculations annonçaient plutôt d’autres noms à la tête de ces entités dont l’importance n’est plus à démontrer sur le plan politique et juridique au Bénin. En n’influençant pas l’accession de ces illustres personnalités à la tête des deux institutions, le chef de l’Etat vient en effet de clouer le bec à tous ceux qui pensaient qu’il allait mettre tout en œuvre pour favoriser l’élection de certains de ses proches. Ceci dans le but d’avoir la mainmise sur la Haute juridiction et la Haute cour de justice. Boni Yayi a donc surpris le peuple béninois en se fiant à la compétence des deux personnalités dont les qualités ne souffrent véritablement d’aucune exception. Des noms tels que ceux de Moïse Bossou et Amos Elègbè ont longtemps circulé avant que le président de la République ne prenne sa décision. Au finish aucun faucon, aucun fidèle, aucun habitué du cercle très proche du chef de l’Etat ne va diriger les deux institutions qui jouent un rôle majeur dans la préservation des valeurs démocratiques du pays. Il n’y aura pas de promotion de béni oui-oui ou de collaborateurs zélés qui se plient en quatre dès que le patron donne des ordres. La Cour constitutionnelle et la Haute cour de justice sont donc dirigées par des personnes qui ont une expérience utile et qui savent ou et comment ramer dans l’arène politico-judiciaire nationale qui avait besoin d’être renforcée dans ses capacités de gestion des dossiers sensibles de la patrie. Boni Yayi vient donc de jouer pleinement sa partition. La balle est maintenant dans le camp du professeur Holo et de la magistrate Afouda qui sont plus que jamais face à leurs responsabilités. Les deux présidents doivent justifier la confiance de leurs pairs, du premier magistrat et celle de leurs compatriotes. C’est un lourd fardeau qui pèse sur leurs épaules puisque le président de la République, à l’image de Ponce Pilate, s’est lavé les mains de toute suspicion en n’entravant pas leur élection. Le peuple qui a désormais son regard tourné vers la gestion qui sera faite des deux institutions saura inévitablement tirer les conclusions qui s’imposent en temps utile. C’est un défi titanesque digne des travaux d’Hercule qui attend désormais la paire Holo-Afouda. L’un devra faire face à une immense actualité liée à la modification de la loi fondamentale du pays, tandis que l’autre va devoir rendre enfin fonctionnelle son institution qui, jusque-là n’a encore rien eu à se mettre sous la dent. Le chef de l’Etat a démontré sa bonne foi en écartant son proche entourage au profit des habitués du milieu dont l’intégrité et la compétence sont reconnues au plan national et même hors de nos frontières. Il revient donc à Théodore Holo et à Marceline Gbèha Afouda de jouer la carte de la franchise, de la rigueur, de l’efficacité et de l’honnêteté afin de ne pas décevoir les huit millions de Béninois qui gardent désormais un œil attentif sur leurs agissements à la tête de leurs structures respectives. L’histoire retiendra de leur passage le bilan qu’ils auront laissé. La tâche s’annonce rude dans le contexte politique actuel mais ils devront assumer. Napoléon disait d’ailleurs que seuls les médiocres réussissent parce que les autres réussissent. Le succès de ces différentes mandatures dépendra certainement des prouesses des deux personnalités qui ont leur destin en main. Attendons de voir.



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