En vérité : Le délai de grâce de Sacca Lafia

Moïse DOSSOUMOU 27 novembre 2018

Bonne nouvelle pour les propriétaires de motos à deux et à trois roues. Ils peuvent continuer à rouler sans se faire de grands soucis. La plupart dont les engins sont dépourvus de plaques d’immatriculation reviennent de loin. Ils ont encore en mémoire la phase de répression test qui n’a duré qu’un week-end avec son cortège d’ennuis et d’incommodités. Suite à cette action musclée de la police républicaine qui a investi les rues sans crier gare, des milliers de motos ont été arraisonnées et mises en fourrière. Pris au dépourvu, les propriétaires ont dû payer des amendes et entamé la procédure d’immatriculation avant de rentrer en possession de leurs moyens de déplacement. Les jours qui ont suivi, les services de l’Agence nationale des transports terrestre (Anatt) ont été pris d’assaut. Depuis lors, ils ne désemplissent pas. Désireux de mettre au pas les usagers de la route qui rechignent à immatriculer leurs motos, le ministre de l’Intérieur a adressé un ultimatum aux populations.
Ce délai de grâce salué par tous il y a trois mois prend fin le 30 novembre prochain. Le temps est passé très vite. Par conséquent, dès le 1er décembre 2018, la répression devrait reprendre de plus belle. Les inquiétudes des propriétaires de motos non immatriculées se font encore plus vives. Fort heureusement, et il faut le saluer comme cela se doit, Sacca Lafia et ses collaborateurs ont joué à fond la carte du réalisme. C’est un fait qu’en seulement un trimestre, les services de l’Anatt ne peuvent être en mesure de satisfaire les dizaines de milliers de demandes qui ne cessent d’affluer. A l’épreuve de la réalité, le constat est là, flagrant et s’impose à tous. Le ministre a eu la sagesse de ne pas foncer tête baissée. Il aurait pu faire fi de la réalité et donner les instructions pour que la répression tant redoutée démarre effectivement le 1er décembre comme convenu.
Dans ce cas de figure, des citoyens ayant accompli normalement les formalités se feront épingler compte tenu du rythme du traitement des dossiers et de l’impression des plaques. La décision la plus simple et qui s’impose d’ailleurs est celle du ministre de l’Intérieur. Tout le monde peut souffler à présent. L’Anatt qui n’a pas su, compte tenu de ses ressources limitées, faire face aux multiples demandes avec célérité, devra se remettre en cause pour presser le pas. De manière pratique, il s’agit d’identifier les goulots d’étranglement qui alourdissent le travail afin que les usagers de la route trouvent satisfaction dans des délais raisonnables. Cette dynamique insufflée par le gouvernement qui aboutira à terme à l’immatriculation de toutes les motos à deux ou trois roues mises en circulation au Bénin, permettra de renforcer la sécurité de chacun et de tous. Raison pour laquelle l’adhésion des populations devra être manifeste.
Le report de la répression ne saurait donc être une excuse pour justifier l’indolence ou l’indifférence des propriétaires d’engins qui n’ont toujours pas cru devoir se rapprocher des services de l’Anatt. Plutôt que de dormir sur leurs lauriers, ils sont appelés à profiter de ce délai de grâce supplémentaire pour se mettre en règle. Les indélicats qui cultivent la mauvaise habitude de se réveiller de leur torpeur à la dernière minute ne s’en prendront qu’à eux-mêmes lorsque viendra le temps de la répression. Si le gouvernement consent à prendre son temps, c’est pour permettre à tous les propriétaires de motos de jouer leur rôle sans se faire prier. « Il vaut mieux prévenir que guérir », dit-on souvent. Sacca Lafia a ouvert la brèche. Que les concernés s’y engouffrent pour ne pas s’en mordre les doigts plus tard. Un homme averti en vaut deux.



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