Entre la défense des interets matériels et le respect du serment d’Hippocrate, que choisir ?

La rédaction 28 août 2017

Introduction
L’article 31 de la Constitution dispose que « l’Etat reconnaît et garantit le droit de grève. Tout travailleur peut défendre, dans les conditions prévues par la loi, ses droits et ses intérêts soit individuellement, soit collectivement ou par l’action syndicale. Le droit de grève s’exerce dans les conditions définies par la loi ».
Cependant, face à ce droit ‘de vie ou de mort’ sur la personne humaine lorsqu’il s’agit de la grève du corps médical, la conscience morale et la liberté s’invitent dans le débat c’est ainsi que nous pouvons lire dans Gaudium et Spes au N° 16 3. « Au fond de sa conscience, l’homme découvre la présence d’une loi qu’il ne s’est pas donné lui-même mais à laquelle il est tenu d’obéir. Cette voix qui ne cesse de le presser d’aimer et d’accomplir le bien et d’éviter le mal au moment opportun résonne dans l’intimité de son cœur : ‘fais ceci, évite cela’ car c’est une loi inscrite par Dieu au cœur de l’homme ; sa dignité est de lui obéir et c’est elle qui le jugera ».

1) Que dit le Serment d’Hppocrate ?

2) Adéquation Grève Primes et Conscience
Avez-vous lu la manchette du journal "l’Indépendant" dans sa livraison du 26 octobre 2016 ? Mauvais suivi de nouveaux nés au service de Néonatologie de l’ex hôpital Lagune : Danger de mort et infanticides à la crèche de l’Homel (les bébés abandonnés et livrés à la mort).
Que diriez-vous de ce qui est écrit à la UNE de "Actu Express" du 27 Octobre 2016 qui titre « La santé des populations sacrifiée sur l’autel du mercantilisme » ?
Et plus encore, le canard de la semaine du 27 Octobre 2016 qui titre "les hôpitaux publiques transformés en mouroirs" où on peut lire en chapeau « descente dans un monde où ceux qui sont censés sauver la vie des citoyens se transforment en complices passifs des souffrances qu’endurent ces derniers pour des raisons de revendications syndicales ».
Ne savons-nous pas que la vie de l’homme est un bien qui vient de Dieu dont elle est l’image et l’empreinte, la participation et son souffle vital ? Comme telle, la vie humaine est sacrée et inviolable dans tous les moments de son existence. L’homme ne peut donc en disposer à son gré.
A ce stade de l’analyse, notre conscience nous interpelle car celle-ci est un trait caractéristique de la dignité humaine située à la fois en nous et en dehors de nous, elle est nourrie par la liberté qui l’oriente vers la vérité et la maintient dans la fidélité aux normes objectives de l’évangile de la vie. Dès lors, vie, liberté et vérité sont des biens inséparables.
L’on ne se trouve pas dans la vérité si on n’accueille pas la vie et si on ne l’aime pas. De même, il n’y a pas de vraie liberté sans la vérité.
Aussi, séparer la liberté de la vérité objective, rend impossible la fondation des droits de la personne humaine sur une solide base relationnelle et donne lieu à des comportements arbitraires et totalitaires aussi bien des individus que des institutions.
J’attends qu’on me rétorque l’objection de conscience mais le vrai problème de l’objection de conscience n’est pas seulement celui de son affirmation mais aussi celui de sa limitation, afin d’éviter qu’une affirmation sans discernement du droit d’objection ne comporte une anarchie de fait et une soustraction arbitraire aux obligations de la loi.
Conscience sans droits est symptomatique d’une contradiction et pas seulement provocatrice. Il serait vraiment étrange, pour ne pas dire paradoxal qu’à une époque où la volonté humaine s’arroge « le droit de créer des droits »en abattant l’une après l’autre les limites que la nature d’éthique, la religion et la culture humaniste elle-même avait jusqu’ici indiquées qu’en ce même temps l’homme soit blessé dans l’intime de sa conscience.
Eu égard à tout ce qui précède, peut-on se rendre coupable d’un homicide volontaire ou involontaire pour des questions de primes ?
En effet, une prime est une somme versée à un salarié, mais distincte de son salaire habituel. Elle présente donc un caractère relativement exceptionnel, même si sa périodicité peut être annuelle voire mensuelle. Elle vient donc en supplément du salaire habituel et a souvent pour objet de récompenser le salarié pour avoir accompli une performance jugée satisfaisante (prime au mérite, prime d’assiduité ou de ponctualité) ou pour compenser une difficulté particulière des fonctions dévolues à ce salarié (prime de risque ou prime de sujétions particulières).
Par contre, une indemnité est une somme d’argent destinée à dédommager quelqu’un d’un préjudice subi. Elle peut prendre plusieurs formes :
  Supplément au traitement des fonctionnaires destiné à couvrir certaines subjections (indemnité de résidence).

- Somme généralement forfaitaire versée aux salariés pour compenser une augmentation du coût de la vie.
Le salaire étant lui-même défini comme un revenu qui est payé à la force de travail, il peut être considéré comme le principal et les primes et indemnités comme accessoires.
De là vient la problématique de l’action syndicale. Faut-il aller en grève pour le principal ou pour l’accessoire ? Surtout lorsque l’action doit entraîner une mort d’homme après une souffrance ?
Après la satisfaction des revendications, les morts ressusciteront-ils ?Notre conscience reste interpellée. Des allégations mensongères pour couvrir des actes répréhensibles, nous n’en voulons pas. Ne rejetons pas sur l’Etat les conséquences de nos propres actes car si la grève est la cessation collective et concertée du travail par les salariés d’une entreprise en vue d’appuyer des revendications professionnelles, elle est un droit individuel qui s’exerce collectivement. C’est un droit qui appartient à chaque salarié. Chacun est libre de faire ou de ne pas faire d’où la question de la liberté.
Il existe des cas où l’on perçoit concrètement que la protection de la conscience postule deux actions de fond préliminaires, convergentes et interdépendantes. D’un côté, il est nécessaire de se réapproprier une vision intégrale de l’homme et de sa dimension transcendante, sans laquelle il n’est pas possible d’opérer un équilibre d’intérêts qui en respecte et en garantisse la liberté, ni d’éviter la pente le long de laquelle la conscience perd ses caractéristiques d’aiguillon et de stimulant qui lui sont propres, jusqu’à devenir une conscience « isolée », comme le dénonce le pape François (cf. exh. ap. Evangelii gaudium, nn.1, 8 e 282) enfermée dans ses propres intérêts et où il n’y a de place ni pour l’autre ni pour les autres.
D’un autre côté, il est nécessaire que la défense de la conscience passe par la promotion d’une formation correcte de celle-ci. « Une conscience bien formée est droite et véridique » (CEC n.1783) ; c’est seulement ainsi, à travers ce travail de formation constant et engageant, que la conscience devient un sanctuaire, moment de dialogue et de confrontation, évitant la dérive commode d’un « isolement » dangereux et d’une confusion avec l’arbitraire individuel.
Sous cet angle, je considère précieux le souvenir de ce qu’a affirmé saint Jean-Paul II dans le message envoyé à l’occasion de la Journée mondiale pour la paix de 1991 et intitulé : « Si tu veux la paix, respecte la conscience de tout homme ».

3) Entre "sauver la vie" et la défense des interets, choisissons "sauver la vie"
Les êtres humains sont dotés d’une valeur intrinsèque inhérente à leur nature et d’un caractère transcendant. Les êtres humains ne peuvent donc pas être traités comme des objets inanimés ni même comme des animaux non humains. Quelque chose fait qu’ils méritent d’être protégés sans se poser de questions et sans aucune exception.
Pour certains matérialistes, cette soi-disant particularité est totalement injustifiée puisque, pour eux, les êtres humains ne sont qu’une collection de particules matérielles qui, à leur tour, sont composées d’atomes et de particules subatomiques. Alors, pourquoi réserver aux êtres humains un traitement différent de celui des autres entités matérielles ? Pourquoi ne pas traiter un être humain comme nous le faisons d’un rocher, d’une plante ou d’un insecte ? Sinon comment comprendre le traitement que font certains médecins aux urgences avec les grands accidentés baignant dans le sang et abandonnés à leur triste sort. Que dites-vous de certaines sages-femmes qui ont leurs yeux rivés sur NOVELASau cours de la gravido-puerperialité de leurs sœurs parturientes ? Que dire de celles qui passent le clair de leurs temps à ne s’occuper que des malades "recommandés" ? Comme nous le verrons plus loin, la plupart d’entre nous avons eu conscience à un moment ou à un autre d’être plus que la somme de ses composants. Cette conscience n’est pas réservée aux personnes à tendance religieuse ou spirituelle, non plus qu’aux philosophes. Elle s’impose à tout être humain.
L’évidence de la qualité spirituelle de l’être humain est d’une importance essentielle. Nier cette qualité revient à ignorer les différences entre la conscience animale et humaine ; à ignorer la conscience des horizons illimités de la Vérité, de l’Amour, de la Bonté, de la Beauté et de l’être ; à ignorer les dons de créativité et enfin, à ignorer la capacité d’un être humain à chercher un Dieu transcendant. Le moindre doute avant de rayer d’un trait l’ensemble de ces évidences doit nous retenir d’adhérer au matérialisme réductionniste, d’assimiler intelligence humaine et intelligence animale et de renier la capacité humaine à la transcendance. Si l’on s’écarte de ces positions simplistes, on reste ouvert à la qualité unique de l’être humain et à sa valeur particulière.

CONCLUSION
Bien vrai il faut réclamer ses droits, le cas d’espèce c’est les primes, c’est l’argent. Le débiteur reconnaît avoir dû et propose rembourser en quatre échéances. Ce que refuse le créancier. De toutes les façons, il n’y a pas délit. En fait ,quelle est la valeur de l’argent ? Il existe deux mythes courant :

- Mythe numéro 1 : L’argent est mauvais.
En réalité, il n’est ni bon ni mauvais. Il est neutre. "L’amour de l’argent est la racine de tous les maux". Ce que nous devons faire, c’est utiliser les choses et aimer les gens. Lorsque nous inversons cette règle, nous allons au-devant de problèmes. Si nous aimons les choses, nous finirons par utiliser les gens. Dieu affirme que les êtres humains sont toujours plus importants que les biens matériels.
  Mythe numéro 2 : L’argent est la clé du bonheur.
À l’évidence, ce n’est pas non plus vrai. Si l’argent était une garantie du bonheur, les gens les plus riches seraient les plus heureux.
Voyez les propos tenus par deux hommes les plus riches de leur époque :
  « J’ai gagné des millions, mais ils ne m’ont pas apporté le bonheur » John D. Rockfeller (1839-1937, industriel américain qui a fait fortune dans le pétrole)
  « J’étais plus heureux lorsque j’étais mécanicien » Henri Ford (1863-1947, industriel de l’automobile, l’une des plus grande fortunes de son temps)
Pour terminer, convenons avec CONFICIUS que “l’homme de bien chérit la vertu, l’homme de peu, les biens matériels. L’homme de bien porte en lui le sens de la loi, l’homme de peu ne pense que privilèges.”

Louis VLAVONOU
Député à l’Assemblée
Nationale.



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