Entretien avec Jean-Baptiste Hounguè, membre fondateur du Bloc Républicain : « Il faut améliorer le statut de l’opposition »

Karim O. ANONRIN 13 septembre 2019

Le Bénin expérimente un nouveau système partisan depuis les dernières élections législatives qu’il a organisées et à la faveur de l’adoption d’une loi portant charte des partis politiques par l’Assemblée nationale. Désormais, le nombre de partis politiques autrefois estimé à plus de 200 est réduit à une dizaine dont le Bloc Républicain. Dans un entretien accordé à votre journal, Jean-Baptiste Hounguè, l’un des membres fondateurs nous livre son opinion sur ledit système partisan et les défis qu’il faut relever pour que le peuple béninois se l’approprie. Pour lui, la gestion d’un grand parti politique comme le Bloc Républicain requiert la prise en compte des intérêts de toutes ses composantes. Aussi, a-t-il rassuré que le travail qui est en train d’être abattu au sein de ce parti lui augure un lendemain meilleur. Il n’a pas manqué de donner ses impressions sur le récent remaniement ministériel effectué par le Chef de l’Etat, le président Patrice Talon et les actions de ce gouvernement dans le cadre de la mise en œuvre de son programme d’actions.

Le Chef de l’État, le président Patrice Talon, vient de remanier son gouvernement pour la quatrième fois depuis l’avènement du régime de la rupture. Quelles impressions ça vous laisse ?
De très bonnes impressions et il y a un élément capital qu’il faut noter dans ce remaniement ministériel. C’est que le président Patrice Talon, a consulté les partis politiques avant de former son nouveau gouvernement. Dans un passé récent, certains Ministres n’avaient pas d’obédience politique. Aujourd’hui, avec ce nouveau gouvernement, les deux grands partis politiques qui soutiennent les actions du Chef de l’État sont bien représentés. Il y en a qui ont été reconduits à leurs postes et d’autres ont fait leur entrée dans ce gouvernement. Cela traduit la sincérité du président de la République qui a promis travailler avec les partis politiques pour le développement de notre pays. L’autre constat que je fais est qu’il y a plus de jeunes dans ce gouvernement sans oublier le nombre de femmes qui a augmenté. Tout ceci est la preuve que le Chef de l’État est en symbiose avec son peuple. Il suit tout ce qui se dit dans l’opinion publique et il en tient compte chaque fois que l’occasion le lui permet.

Est-ce que vous avez de proches compagnons politiques dans ce gouvernement ?
Je suis membre fondateur du parti Bloc Républicain et comme je vous le disais tantôt, avant de former ce gouvernement, le président Patrice Talon, a consulté les partis politiques dont le Bloc Républicain. Il va de soi que j’ai des proches qui sont dans le nouveau gouvernement. Mais la question aujourd’hui n’est pas de savoir si on a ou pas de proche dans un gouvernement. Le plus important c’est le résultat des actions du gouvernement pour le bien-être de toutes les populations du Bénin. Tous ceux qui représentent le Bloc Républicain dans le gouvernement du président Patrice Talon sont tous des proches.

D’aucuns pensent que le président Patrice Talon aurait pu ouvrir ce gouvernement aux autres forces politiques qui soutiennent aussi ses actions en dehors du Bloc Républicain et de l’Union Progressiste. Êtes-vous de cet avis ?
Écoutez ! On ne va pas se cacher derrière un seul doigt. On ne peut pas vouloir d’une chose et de son contraire. L’un des objectifs du rassemblement des forces politiques soutenant les actions du président Patrice Talon en deux partis politiques était de régler le problème de multiplication tous azimuts des partis politiques. Vous n’êtes pas sans savoir qu’avant d’adhérer au Bloc Républicain, je dirigeais une coalition de plus de 157 formations politiques dont 21 partis politiques enregistrés au ministère de l’intérieur. Nous avons consentis à des sacrifices avec la coalition Bénin En Route (BER) parce que nous avons cru à la réforme du système partisan. Pourquoi alors veut-on qu’on fasse la promotion des cadres des partis politiques qui se réclament de la mouvance présidentielle sans vraiment faire le pas de ladite réforme ? L’appel du Chef de l’Etat, Patrice Talon était clair et nous y avons adhéré. C’est donc dans l’ordre normal des choses que ça soit ces deux formations politiques qui soient au gouvernement.

Qu’attendez-vous de mieux de ce gouvernement quand on sait que nous sommes à moins de deux ans de la fin du mandat du Chef de l’État ?
Le nouveau gouvernement est un gouvernement de continuité puisqu’avec le président Patrice Talon, il n’y a pas de navigation à vue. Il existe un Programme d’actions qui est en cours d’exécution. Nous pensons que les Ministres qui viennent d’effectuer leur entrée au gouvernement vont vite s’adapter pour poursuivre ce programme puisque c’est des gens qui savent de quoi il s’agit. C’est d’ailleurs le lieu pour moi de remercier le président Patrice Talon pour cette vision qu’il a eue en élaborant un programme d’actions sur le quinquennat. C’est dans ce pays que nous avons entendu parler de ‘’gouvernement ventilateur’’. Tout ceci est désormais conjugué au passé. Les actions qui se mènent tapent à l’œil et c’est à l’actif du Chef de l’État et de son gouvernement. Ceux qui soutiennent le gouvernement n’ont pas tort de le faire parce que c’est pour le bien de nous tous. Alors, rassurez-vous, à l’heure du bilan à la fin du mandat, le président Patrice Talon sera applaudi par le peuple qui l’a élu comme il le souhaite de tous ses vœux. Les nouveaux ministères qui sont créés tels que celui de la culture, du tourisme et des arts avec Jean-Michel Abimbola et celui de la communication et de la poste avec Alain Orounla apporteront plus de visibilité aux actions du gouvernement dans les secteurs qu’ils gèrent.

Vous faites partie des premières forces politiques qui ont commencé par parler de rassemblement des partis politiques autour du Chef de l’État, le président Patrice Talon. Ceci a conduit à la création de Bénin En Route ? Aujourd’hui, est-ce que la réforme du système partisan en cours d’expérimentation est ce dont vous aviez rêvé ?
Dans une certaine mesure, je dirai oui. D’ailleurs, c’est aujourd’hui une évidence qu’on ne parlera plus de plus de 200 partis politiques pour un pays de 12 millions d’habitants comme le nôtre. Nous venons de commencer une nouvelle expérience, mais ne nous faisons pas d’illusions. Nous avons encore du chemin à faire pour que le peuple béninois s’approprie le concept du nouveau système partisan. Toutefois, je suis convaincu que d’ici quelques mois voire quelques années, tout le monde se rendra compte que c’est le système d’organisation politique qu’il nous fallait pour faire avancer la démocratie béninoise. Au sein du Bloc Républicain, nous travaillons à cela. Tenez ! Depuis l’avènement du renouveau démocratique, aucun président de la République n’est issu d’un parti politique. C’est une fois au pouvoir que celui qui est élu à la tête du pays devient politique et se faire accompagner par des partis politiques. Il faut que cela change.

Comment ça se passe au sein du Bloc Républicain entre les membres ? Des leaders politiques qui se disputaient le même électorat par le passé se trouvent aujourd’hui à défendre les mêmes idéaux. N’est-ce pas extraordinaire pour qui connaît l’histoire politique de ce pays ?
Évidemment ! Le vivre ensemble n’est pas toujours chose aisée. Ce qui nous motive, c’est les réformes que le président Patrice Talon est en train d’imprimer au pays sur plusieurs plans dont le plan politique. A la limite, les ténors des partis politiques que nous voyons aujourd’hui au sein des deux formations politiques représentés au Parlement, 8ème législature sont des gens qui ne s’entendaient pas. L’harmonie viendra au fil du temps. Le plus important, c’est que chacun joue sa partition avec franchise et sincérité parce que autant que nous sommes, nous sommes des leaders d’opinion et nous rendons compte à ceux qui nous ont fait confiance pour emprunter le chemin sur lequel nous sommes en ce moment. Certes, nous parlons aujourd’hui de deux grands blocs politiques, mais en ce qui nous concerne au Bloc Républicain, nous estimons que beaucoup restent à faire pour faire grandir ce parti. Pour gérer un grand parti politique comme le nôtre, il est impératif de prendre en compte l’intérêt de toutes ses composantes. Procéder autrement serait suicidaire et catastrophique.

Parlant de la gestion des partis politiques, est-ce que celle du Bloc Républicain vous satisfait ?
Je ne voudrais pas ramener le sujet à ma personne. Je préfère généraliser parce que nous parlons bien de la réforme du système partisan au Bénin. Je ne doute pas non plus de la capacité des dirigeants actuels du Bloc Républicain à gérer notre formation politique avec efficacité. Si nous nous exprimons sur la vie de ce parti, c’est parce que nous rêvons grand. Vous n’êtes pas sans savoir que d’ici décembre 2019, le Bloc Républicain tiendra son premier congrès ordinaire. Sans aucun doute, ce sera l’occasion d’opérer des changements qualitatifs sur plusieurs plans.

Jean-Baptiste Hounguè, était attendu dans le starting-blocks pour les dernières élections législatives. Qu’est-ce qui s’est passé ?
Je n’étais pas le seul. Chaque chose en son temps. J’estime que je suis plus utile au Chef de l’Etat ailleurs qu’au Parlement.

Vous avez dit que vous rêvez grand pour votre parti. De façon concrète, de quoi rêvez-vous ? Des primaires pour la désignation des candidats aux élections ?
Cela fait même partie des objectifs de notre formation politique. Nous y arriverons un jour. Nous venons de commencer avec le Bloc Républicain et la feuille de route est bien structurée. Au sein du Bloc Républicain, la démocratie et la compétition sont des valeurs cardinales.

La 8ème législature fonctionne depuis environ quatre mois. Aux lendemains des élections législatives du 28 avril dernier, le Chef de l’État, le président Patrice Talon, a lancé un appel aux nouveaux députés pour l’amélioration du système partisan. Alors, qu’attendez-vous de ce Parlement ?
Ceux qui sont élus connaissent bien les prérogatives de l’institution à savoir légiférer et contrôler l’action du gouvernement. Nous n’avons aucun doute sur leurs capacités à jouer pleinement leurs rôles. Mais de façon spécifique, nous attendons ce Parlement qu’il poursuive l’œuvre entamée au cours de la législature précédente.

En quoi faisant ?
Notre arsenal juridique est doté d’une loi portant statut de l’opposition. Il faut l’améliorer. De même, il faut doter le pays d’une loi portant financement des partis politiques en tenant compte de l’organisation politique actuelle dans le pays. Il faut surtout que les parlementaires restent en contact permanent avec leurs mandants pour leur permettre de mieux s’imprégner des textes de lois qu’ils prennent. Comme ça, ils auront contribué à l’édification d’un Bénin démocratiquement fort.

Lorsque vous parlez du statut de l’opposition, de quelle opposition parlez-vous ? Jusqu’à présent, l’opposition au régime du président Patrice Talon semble être laissée en rade.
Je ne suis pas de l’opposition pour savoir les difficultés qu’elle rencontre. Ce que je sais est que la loi portant charte des partis politiques a été adoptée par la quasi-totalité des députés de la 7ème législature dont des opposants. C’est dire que tout le monde a été soumis aux mêmes textes avant les législatives de 2019. Je ne crois donc pas qu’une quelconque classe politique ait été laissée en rade par le nouveau système partisan. D’autres partis politiques ont reçu leur certificat de conformité avec la charte des partis politiques après les législatives. Les partis dits de l’opposition n’ont qu’à travailler pour se mettre en règle. Je puis même dire que si ces partis politiques n’ont pas pu se mettre en règle, c’est les conséquences de la réforme du système partisan qui veut que tout parti politique au Bénin soit d’envergure nationale avec de bonnes structures. L’opposition a sûrement été surprise par les nouvelles réalités. Comme j’ai eu à le dire, avec le temps, les gens comprendront qu’il faut qu’on avance.

Bientôt les élections municipales, communales et locales de 2020. Est-ce que Jean-Baptiste Hounguè a des ambitions dans ce sens ?
J’ai des ambitions, mais cela ne dépend pas de moi seul. Cela dépend du Bloc Républicain.

Vous êtes très fidèle au Chef de l’Etat
Ma fidélité n’a pas de prix.

Vous êtes un acteur central dans la mise en œuvre du Programmation d’actions du gouvernement (PAG). Qu’est-ce qu’on peut retenir aujourd’hui ?
Je vous parlerai de ce que je sais et que je touche presque tous les jours. Lorsque vous prenez le PAG, il est fractionné en plusieurs volets dont celui des infrastructures. Je suis à un poste qui me permet de suivre ce qui se fait dans le secteur infrastructures, cadre de vie et décentralisation. Quand on vous dit que le pays est en chantier, ce n’est pas de vains mots. Il faut descendre sur le terrain pour s’en rendre compte. Notre projet phare qu’est l’asphaltage au départ était des maquettes. Aujourd’hui, le concret a remplacé les maquettes et ça saute à l’œil. Faites un tour dans des villes comme Parakou, Porto-Novo, Bohicon, Abomey, Lokossa, Natitingou, Abomey-Calavi et Cotonou, …etc et vous vous en rendrez compte. Si nous prenons les logements décents pour les fonctionnaires d’Etat à revenus moyens, les études sont très avancées et les bâtiments vont bientôt sortir de terre. En ce qui concerne les infrastructures routières, nous avons la route Boukoumbé-Natitingou-Korontière qui est presque achevée, la route Porto-Novo-Pobè-Obèlè qui avance à grande vitesse, la route Pobè-Adja Ouèrè-Ouinhi qui avance aussi. Idem avec la route Abomey-Agbangnizoun-Toffo-Lalo. Allez sur la route Covè-Banamè-Panhouignan pour ne citer que celles-là, vous verrez l’œuvre du gouvernement du président Patrice Talon. A Cotonou, nous avons la route des pêches, le boulevard de la Marina, et biens d’autres routes qui changent positivement l’image de cette ville. Il y a un travail sérieux avec des contrôles pointus qui se fait sans tapage. Dans le domaine des sports, 21 stades municipaux modernes avec pistes d’athlétisme sont en cours de réalisation. Même dans de domaine de la santé, beaucoup de choses sont en train d’être faites comme la construction des hôpitaux de zone et l’équipement de ceux qui existent déjà. Dans le domaine social, l’octroi des microcrédits est désormais digitalisé pour toucher directement les bénéficiaires sans intermédiaire.

Est-ce qu’il ne vous est jamais arrivé de recevoir des plaintes de vos compatriotes sur leurs difficultés à joindre les deux bouts ?
Oui ! Nous entendons même ’’l’argent ne circule pas’’. Je crois que nous partageons comme toujours les peines de nos populations. D’ailleurs, nous faisons partie intégrante de ces populations. Nous connaissons leurs difficultés au quotidien et cela ne date même pas d’aujourd’hui. L’autre chose que les gens doivent comprendre est que partout où il y a assainissement des finances publiques, l’argent sale ne circule plus. Les pots de vin ne circulent presque plus. Lorsqu’il accédait au pouvoir, le président Patrice Talon a promis mener une lutte farouche contre la corruption et l’impunité. C’est cette détermination du Chef de l’Etat et de son gouvernement qui fait ses effets. C’est parce que la corruption était ambiante que certains avaient l’impression que l’argent circule. La réalité est que notre pays a encore du chemin à faire pour devenir prospère. Nous sommes sur la bonne voie avec le président Patrice Talon. Les salaires sont régulièrement payés aux fonctionnaires et le gouvernement ne ménage aucun effort pour accompagner les couches vulnérables à travers le ministère des affaires sociales. Le meilleur reste à venir. La gouvernance du pays par le président Patrice Talon est différente de celles que nous avions connue par le passé sous d’autres régimes au pouvoir. L’argent du gaspillage n’existe plus.

Votre mot de fin
Je crois que notre pays va mieux comparativement au passé. Il ira encore mieux si les enfants de ce pays se donnent la main malgré les divergences de points de vue et d’opinions. Notre seul objectif doit être le développement de notre Nation. Il y a peut-être des grincements de dents pour des raisons précises, mais nous devons travailler pour la postérité.
Propos recueillis par Karim Oscar ANONRIN



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