Entretien avec le deputé Patrice Agbodranfo Nobime : Pendant la campagne pour l’élection présidentielle de 2016, Patrice Talon a été clair...

Karim O. ANONRIN 5 juillet 2018

L’actualité sociopolitique riche de plusieurs évènements ces derniers temps fait toujours couler beaucoup d’encre et de salive dans le rang des acteurs politiques du Bénin. Au nombre de ces acteurs, il y a le député Patrice Agbodranfo Nobime, élu dans la 16ème circonscription électorale sur la liste Union fait la Nation (Un) et 1er Vice-président du Parti des Démocrates Indépendants (Pdi), un tout nouveau parti politique. Dans un entretien accordé à votre journal, l’homme est revenu sur les raisons qui ont motivé ses amis et lui à créer un parti politique. Banquier de formation, il s’est également prononcé sur plusieurs autres sujets dont la polémique autour des dernières décisions de la Cour constitutionnelle, le fonctionnement de l’Assemblée nationale, l’amendement de la Constitution, les raisons de la supposée morosité économique et le Programme d’actions du gouvernement (PAG 2016-2021)

Vous venez de tenir il y a quelques semaines, le congrès constitutif de votre formation politique, le Parti des Démocrates Indépendants (PDI). D’abord, pourquoi ce nom ?
Nous avons choisi cette appellation parce que le Parti des Démocrates Indépendants (PDI) est d’abord un creuset de réflexion et d’actions d’un certain nombre de Béninoises et de Béninois épris d’une conviction politique et qui se sont librement mis ensemble pour se faire entendre et jouer leur partition dans l’édification d’un Bénin prospère. Nous sommes un parti de démocrates parce que depuis la Conférence des forces vives de la Nation de février 1990 qui a instauré le renouveau démocratique, le Bénin a opté pour le multipartisme intégral. Nous avons donc opté au Bénin pour la démocratie en opposition à ce que nous avons vécu depuis le coup d’Etat du 26 octobre 1972 jusqu’à la proclamation de la République populaire du Bénin le 30 novembre 1975, en passant par l’adoption du marxisme-léninisme le 30 novembre 1974 et la création du parti unique, le Parti de la révolution populaire du Bénin (PRPB). Ceci suppose la liberté d’association, la liberté de parole, la liberté d’agir sans contrainte et dans le strict respect de la loi. Nous sommes un parti indépendant parce que nous nous sentons indépendants vis-à-vis de certaines pratiques politiques peu orthodoxes que l’on observe dans notre pays. Nous nous voulons indépendants dans nos propos, dans nos choix et dans nos convictions politiques. Au PDI, tout le monde est avant tout militant. Il y règnera une démocratie dans le respect de nos textes.

Qui sont les ténors du Pdi ?
Au préalable, je voudrais dire que les membres fondateurs du Parti des Démocrates Indépendants (PDI) ne sont pas des novices en politique. Cela fait déjà plusieurs années que nous cheminons ensemble dans d’autres combats en faveur des populations en général et des femmes et de la couche juvénile en particulier.

Quelques noms.
Comme vous insistez, je pourrais vous citer le président Valère Kakaï-Glèlè, le Docteur en droit, Omer Adétona, qui en est le président et j’en passe. Bien sûr, il y a moi-même, Patrice Agbodranfo Nobimè, banquier de formation et député à l’Assemblée nationale, élu dans la 16ème circonscription électorale.

Honorable Patrice Agbodranfo Nobimè, votre parti est né à un moment où le Parlement et la classe politique s’engagent dans la réforme du système partisan. Pourquoi avoir choisi de créer un autre parti politique alors qu’il y a un souci de regroupement de ceux déjà existants ?
Les partis politiques, il y en a plus de 200 au Bénin et il y en aura plus parce que la loi le permet. La différence est qu’il faut accepter faire des concessions. Au PDI, nous ne sommes pas contre la réforme du système partisan. Et sans dévoiler un secret, je puis vous dire qu’il ne peut même pas en être autrement lorsqu’on s’en tient à la réforme de la Charte des partis politiques actuellement en gestation au Parlement. Nous sommes prêts à aller à cette réforme. Comme je le disais tantôt, il y trop de partis politiques au Bénin, mais il manque quelque chose à la classe politique béninoise. Le PDI entend donner l’exemple.

Qu’est ce qui manque au juste ?
Il manque l’indépendance pour s’extérioriser. Dans mon discours lors du congrès constitutif de notre parti, j’ai rappelé qu’il y a des militants qui ont soif d’être impliqués dans le fonctionnement de leurs formations politiques. Nous entendons faire la politique autrement et nous donnerons l’exemple dans tous les regroupements politiques dans lesquels nous serions appelés à évoluer.

Aujourd’hui, on parle de 3 blocs politiques qui comptent donner la majorité parlementaire au président Patrice Talon lors des prochaines élections législatives. Il y a le bloc de l’Union fait la Nation (UN), le bloc du Parti du renouveau démocratique (PRD) et le bloc de la Dynamique Unitaire (DU). Où se situe le PDI dans ces 3 blocs ?
Sans aucune intention régionaliste, je dirai d’abord que les blocs dont vous parlez sont géographiquement bien situés. Vous savez bien que j’ai été élu député sur la liste Union fait la Nation qui est une coalition de partis politiques et même de mouvements politiques. Le nom du groupe parlementaire auquel j’appartiens s’appelle Union fait la Nation. Il va donc de soi que le Parti des Démocrates Indépendants (Pdi) aille vers le bloc Union fait la Nation.

Vous espérez donner la majorité parlementaire au président Patrice Talon. Mais très souvent, plusieurs paramètres échappent aux politiques à la veille des élections. Comment entendez-vous y arriver ?
Nous sommes partis pour gagner et nous allons gagner de manière transparente. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous nous organisons bien au sein du Bloc pour la Majorité Parlementaire (BMP). Vous savez que toutes les grandes analyses autour des questions de réformes politiques ont été menées par le BMP pour accompagner les actions du président Patrice Talon. Les réflexions se poursuivent et nous cherchons toujours le consensus auprès de nos collègues de la minorité parlementaire sur des questions touchant directement la vie de nos compatriotes. Sur le plan politique, nous voyons les actions du Chef de l’Etat, le président Patrice Talon. D’ailleurs, pendant la campagne pour l’élection présidentielle de 2016, il a été clair avec les populations. Il a bien précisé que s’il était élu président de la République, il ferait de son mandat, un mandat de réforme institutionnelle et politique. Le président avait présenté un agenda aux populations et il est resté dans la droite ligne de cet agenda qui suit son cours jusqu’à présent.

Vous comptez gagner les prochaines élections législatives. Mais vous avez en face une opposition qui s’organise elle aussi. Ne craignez-vous pas d’être battus ?
Ah ! Je suis un démocrate. Lorsqu’il n’y a pas l’opposition dans un pays, il n’y a pas la démocratie. Si j’avais des moyens, je les donnerai encore à l’opposition pour qu’elle existe davantage. Lorsque vous avez en face de vous de la contradiction, vous ne pouvez plus dormir sur vos lauriers. Cela vous permet de vous remettre constamment en cause et d’améliorer vos performances. Si l’opposition s’organise, je suis d’accord. Car cela me permet de redoubler d’efforts pour pouvoir convaincre mes électeurs. Nous n’avons pas peur de l’opposition.

Parlons maintenant de l’actualité nationale qui est très riche ces derniers temps. La 6ème mandature de la Cour constitutionnelle récemment installée a démarrée fortement ses activités avec des décisions qui suscitent la polémique. Au nombre de ces décisions, il y a celle relative à la loi portant statut de la fonction publique et dont l’une des dispositions retire le droit de grève aux agents des secteurs de la justice et de la santé. Qu’est-ce que tout ceci vous inspire ?
La Constitution a défini clairement le fonctionnement et les attributions de la Cour constitutionnelle. La Cour constitutionnelle est la plus haute juridiction en matière constitutionnelle. Elle est juge de la constitutionnalité de la loi et elle garantit les droits fondamentaux de la personne humaine et les libertés publiques. Ses décisions sont sans recours. Depuis plusieurs années déjà, la Cour constitutionnelle nous a habitués à des revirements jurisprudentiels, et les revirements ne peuvent émaner que de cette institution. Ce n’est pas la première fois que la Cour constitutionnelle a déclaré conforme à la Constitution, une loi votée par le Parlement et qui prive des agents de la fonction publique du droit de grève. Ce fut le cas par rapport à la loi portant statut des agents de la douane. Alors, s’il n’y avait pas revirement jurisprudentiel, pourquoi la Cour constitutionnelle du Professeur Théodore Holo, pour qui j’ai beaucoup de respect, déclare non conforme à la Constitution, la loi portant statut de la fonction publique alors que la même Cour constitutionnelle avait déclaré conforme à la Constitution, la loi portant statut des agents de la douane dont l’une des dispositions les prive du droit de grève. La polémique autour des décisions de la Cour constitutionnelle est entretenue par des gens qui ne maîtrisent rien en la matière. Je quitte le domaine juridictionnel pour dire qu’avant tout, c’est de notre pays le Bénin qu’il s’agit. Finalement, ces décisions de la Cour constitutionnelle sous le Professeur Joseph Djogbénou sont en faveur de qui ? C’est bien en faveur des populations. Lorsqu’on interdit la grève, c’est en faveur de ceux qui souffrent dans nos prisons et qui attendent d’être jugés. C’est en faveur de ceux qui meurent dans les hôpitaux pour fait de grève des agents de la santé. C’est en faveur des projets de développement qui souffrent par manque de ressources financières à cause des grèves des agents en charge de la mobilisation des fonds pour le Trésor public. Heureusement, les douaniers ont compris et ils font bien leur travail. Les agents du secteur de la santé et ceux du secteur de la justice doivent prendre exemple sur les douaniers et les autres agents des forces de sécurité publique. Ces réformes ne sont pas pour le Chef de l’Etat parce que tout président de la République est appelé à quitter un jour le pouvoir. L’essentiel est qu’il arrive à bien gérer le pays et à le rendre prospère ; ce qui passe nécessairement par des réformes en ce qui concerne le Bénin. Seul le travail peut développer notre Nation. Malheureusement, dans notre pays, pour un Oui ou un Non, tout le monde va en grève sans avoir épuisé au préalable les négociations avec le gouvernement. La Cour constitutionnelle avait demandé d’encadrer la grève. Normalement, une institution ne doit pas donner des ordres à une autre institution parce que nous sommes dans un régime de séparation des pouvoirs. Nous avons le pouvoir Législatif, le pouvoir Judiciaire et le pouvoir Exécutif. La Cour constitutionnelle doit uniquement statuer sur la constitutionnalité des lois que nous votons. Le Parlement a la latitude de revenir sur la loi portant statut de la fonction publique pour encadrer l’exercice de la grève. Que les travailleurs gardent leur calme. Rien n’est définitif en matière de législation. Ce que nous voulons, c’est qu’ils comprennent qu’un petit pays comme le Bénin n’a pas besoin de perdre du temps avec des grèves politiciennes.

Certes, le peuple a mandaté les députés pour légiférer. Mais avec une majorité parlementaire écrasante, l’opposition accuse le président du Parlement, Me Adrien Houngbédji, de vassaliser l’institution. N’est-ce pas vrai ?
Aucun Seigneur ne détient la souveraineté. Nous sommes libres de voter des lois. Lorsque l’opposition parlementaire fait des reproches à la majoritaire parlementaire, c’est de bonne guerre. Au Parlement, 7ème législature, il n’est aucunement question de vassalisation de l’institution. L’opposition parlementaire d’aujourd’hui était hier la majorité parlementaire. Entre-temps, la majorité a changé de camp. Demain, nul ne sait de quel côté la majorité parlementaire sera. Le monde appartient à Dieu.
Dans quelques mois, ce sera la fin du mandat des députés. C’est

votre première législature. Avez-vous l’impression d’avoir apporté quelque chose à votre pays avec votre expérience de parlementaire ?
Bien sûr que je suis fier d’être parlementaire. Je suis d’abord fier de voter les lois. Je fais partie des députés les plus réguliers au Parlement. Lorsque je manque une séance plénière, c’est que je suis en mission. Je ne manque pratiquement pas les séminaires parlementaires, les réunions de la Commission permanente du Parlement dont je suis membre, les réunions de mon groupe parlementaire et les activités parlementaires comme celles extraparlementaires. En ce qui concerne les lois que nous votons, je suis toujours présent lors de leur examen pour défendre les intérêts des populations qui doivent y figurer. Aucun député ne peut d’ailleurs voter une loi contre le bien du peuple. Nous plaçons le peuple béninois au centre de nos actions. Pas plus tard qu’il y a quelques semaines, lors de l’examen du projet de loi portant Code pénal en République du Bénin, plusieurs de mes amendements ont été pris en compte.

Vous avez côtoyé le président du Parlement, Me Adrien Houngbédji pendant environ 3 ans. Quelle appréciation faites-vous de sa gestion de l’institution ?
Je n’ai pas une opinion négative sur la personne de Me Adrien Houngbédji. Certes, je n’ai pas côtoyé les autres présidents de l’Assemblée nationale, mais je n’étais pas ignorant de ce qui se passait au sein de l’institution sous les législatures précédentes. Ce que le Parlement, 7ème législature a gagné, c’est d’avoir un Avocat, un Magistrat et un Docteur en droit à sa tête. D’après ce que j’ai appris sur son parcours, Me Adrien Houngbédji a été Procureur de la République à moins de trente ans d’âge. Au cours de nos travaux en séance plénière pour l’examen de certains projets ou propositions de lois, lorsque nous tombons sur des articles qui comportent des ambiguïtés, le président Adrien Houngbédji, quand c’est lui qui préside la séance plénière, ne manque pas d’attirer notre attention sur certains aspects. J’en veux pour preuve, l’examen du projet de loi portant Code pénal en République du Bénin. C’est lui qui a attiré l’attention de la plénière sur la nécessité de prendre son temps pour examiner avec minutie ledit projet de loi. Il nous a rappelé que c’est la question de la liberté de tout le peuple béninois qui s’y trouve. Croyez-vous que s’il n’était pas du domaine, il pouvait avoir cette réaction ? L’autre chose est que depuis le début de la 7ème législature jusqu’à présent, les rapports d’activités du président Adrien Houngbédji passent comme une lettre à la poste devant ses collègues. Dans chaque rapport d’activités, vous retrouvez en détail tout ce qui se passe au sein de notre institution en matière de gestion administrative et financière. L’administration du Parlement est l’une des administrations dynamiques de notre pays. C’est le lieu pour moi de féliciter cette administration et les membres du cabinet du président de l’Assemblée nationale pour le travail qu’ils abattent autour de l’homme. L’autre acte d’éclat posé sous la présidence de Me Adrien Houngbédji est l’érection d’un bâtiment composé de plusieurs bureaux destinés aux députés même si certains sont à deux par bureau. Il s’agit d’un défi relevé et qui met désormais à l’aise les parlementaires. Il n’était pas rare d’entendre dire que les bureaux des députés béninois sont sous les manguiers du Palais des gouverneurs à Porto-Novo parce que la majorité des députés n’en avaient pas. Je pense que c’est à l’honneur du président Adrien Houngbédji.

Nous allons rester au Parlement pour parler de la révision de la Constitution. Les députés ont enfin décidé d’aller de l’avant sur cette question. Vous devriez être aux anges.
Je voudrais vous rappeler, comme je l’ai dit tantôt, qu’aucun acte de député ne peut aller contre les intérêts du peuple. La révision de la Constitution s’avère indispensable pour faire avancer la démocratie béninoise. Maintenant qu’il y a un consensus autour de questions essentielles, je crois que nous irons de l’avant. Au cours du séminaire parlementaire national sur la réforme du Code électoral organisé le 14 juin 2018 à Cotonou, toutes les forces politiques représentées, aussi bien celles de l’opposition que de la mouvance ainsi que les acteurs de la société civile ont convenu de la nécessité de réviser la Constitution pour améliorer la représentativité des femmes au Parlement, pour la peine de mort, créer la Cour des comptes et pour l’alignement des élections qui coûtent plus cher à notre pays lorsqu’on les organise presque chaque année. La révision de la Constitution est une étape incontournable avant la réforme du Code électoral et de la Charte des partis politiques. Quel ancien président de la République peut être interpellé après avoir exécuté un budget à l’état actuel des choses dans notre pays ? Cela ne sera possible que si la Cour des comptes existe. Si vous interrogez les pères fondateurs de notre Constitution, ils vous diront que cela a été un véritable oubli que nous ne saurions entretenir éternellement. La lutte contre la corruption produira des résultats extraordinaires et positifs dès que la Cour des comptes sera créée. Pour ce qui est de la représentativité des femmes au Parlement, chaque fois que nous allons à une mission parlementaire à l’extérieur, nous sommes mal vus parce qu’il n’y a souvent pas de femmes parlementaires dans nos délégations. Lors de son investiture le 15 juin 2015 en tant que président de l’Assemblée nationale, le président Adrien Houngbédji a inscrit cette question dans les grands projets à réaliser pour renforcer notre démocratie et il est temps que nous passions à l’acte. Cette révision de la Constitution est pour le bien du peuple béninois.

Parlons maintenant de la gouvernance du pays par le régime du président Patrice Talon. D’abord, dites-nous, est-ce que vous êtes du même avis que ceux qui pensent qu’il y a morosité économique dans le pays ?
Moi, je suis du secteur financier. Lorsque vous prenez les agrégats macroéconomiques, vous vous rendrez compte que la masse monétaire augmente, mais les acteurs de la masse monétaire ont diminué. Cela n’est pas du fait de la gouvernance du président Patrice Talon. Les opérateurs économiques du secteur informel sont en train de disparaître à cause des réformes entreprises par le président de la République Fédérale du Nigéria, Muhammad Buhari, un pays dont le Bénin dépend en grande partie. C’est un facteur que beaucoup ignorent dans l’appréciation de la situation économique actuelle du Bénin. Ces réformes économiques au Nigeria ont pris corps au moment où le président Patrice Talon accédait à la magistrature suprême. A titre illustratif, le Nigeria a formellement interdit l’importation des véhicules d’occasion sur son territoire, un secteur qui nourrissait des milliers de familles béninoises. Il en est de même pour les produits en transit par le Bénin vers le Nigeria. Le grand voisin de l’Est est plutôt favorable à accueillir sur son territoire, les marchandises produites au Bénin. Le président Patrice Talon a si bien compris l’enjeu qu’il a inscrit dans le Programme d’actions du gouvernement (PAG 2016-2021), des réformes dans plusieurs secteurs d’activités comme l’agriculture, le numérique et l’éducation. En définitive, l’on se rend compte aujourd’hui que l’informel est un opium pour l’économie béninoise. Le passage de l’informel vers le formel demande des sacrifices et c’est cela qui explique les grincements de dents que nous entendons un peu partout.

Croyez-vous vraiment que les options prises par le gouvernement sont susceptibles de combler les attentes du peuple béninois ?
Les réformes entreprises par le gouvernement ne sont pas pour faire souffrir davantage le peuple. Le président Patrice Talon a hérité d’un pays mal géré sur le plan économique. Il faut donc du temps pour remettre les pendules à l’heure. Je voudrais vous citer un autre exemple sur la volonté du gouvernement d’assainir les finances publiques. Dans nos universités publiques, chaque étudiant boursier dispose désormais d’un compte bancaire alors qu’auparavant, ce sont des comptables qui manipulent leur argent avec tous les risques de mauvaise gestion possibles. Il en est de même pour les fonctionnaires d’Etat à qui il a été fait obligation de disposer de compte bancaire. Tout ceci participe à une meilleure gestion des ressources financières du pays. L’argent qui disparaissait avant du fait des mauvaises pratiques sert aujourd’hui à réaliser des infrastructures sociocommunautaires avec une grande limitation de l’aide extérieure. Moi-même qui vous parle, j’ai toujours pris ma bourse quand j’étais étudiant des mains des comptables jusqu’à la présentation de ma thèse. Dès qu’on a demandé aux étudiants boursiers d’ouvrir leurs comptes bancaires à l’avènement du régime du président Patrice Talon, plus de 3500 boursiers fictifs ont été détectés.

Je reprends ma question. Qu’est-ce qui vous rassure sur la capacité du président Patrice Talon à satisfaire le peuple béninois ?
C’est ce qui bouleverse plusieurs personnes dans notre pays même dans les rangs de ceux qui soutiennent le régime. Ils sont un peu trop pressés de voir les fruits de la rupture. Mais Paris n’a pas été construit en un jour. Le développement d’un pays est comme l’érection d’une muraille. Ça se fait brique par brique. Lorsqu’on veut investir dans quelque chose de sérieux, il ne sert à rien de se précipiter. Le meilleur investissement se trouve dans les études de faisabilité. Dès que l’étude de faisabilité d’un projet est positive, le projet réussit. Dans le PAG, plusieurs études sont en cours de réalisation et d’autres sont pratiquement terminées. Bientôt, vous aurez du mal à circuler facilement dans plusieurs villes de notre pays parce que les projets d’asphaltage vont démarrer. Le gouvernement a repris avec méthode, le programme de microcrédits aux plus pauvres, l’entrepreneuriat agricole est en marche. Nous avons l’aéroport international de Glo-Djigbé qui est un exemple palpable de projet nécessitant une étude de faisabilité. Il y a longtemps que l’on parle de cet aéroport et c’est sous le régime du président Patrice Talon que ce projet va être concrétisé. Croyez-vous que nous allons soutenir les actions du président Patrice Talon si nous n’étions pas convaincus de sa capacité à développer ce pays ? Non ! Chaque fois que nous rencontrons le Chef de l’Etat, nous lui transmettons les préoccupations de nos mandants, et les réponses qu’il nous sert nous rassurent davantage. J’ai déjà parlé avec le président Patrice Talon de la réhabilitation des voies dans le quartier Haie-Vive et les quartiers Zogbo, Gbégamey, Cadjèhoun, Sainte-Rita à Cotonou. Nous sommes rassurés qu’avec le président Patrice Talon, le meilleur reste à venir.

A quand les premiers fruits palpables ?
Très bientôt, les Béninois vont commencer par toucher du doigt, les réalisations d’envergure du régime du président Patrice Talon. Car, des réalisations dans d’autres domaines sont déjà une réalité, sauf si l’on refuse de voir sans être aveugle. Nous n’allons pas nous-mêmes donner au peuple les fusils avec lesquels il va nous abattre en soutenant du faux. Nous travaillons pour le peuple. Le président Patrice Talon n’est pas un nécessiteux.

Nous sommes à la fin de notre entretien. Votre mot de la fin.
Le peuple béninois a choisi le président Patrice Talon pour le diriger. Il a fait un bon choix. Le peuple béninois a choisi le député Patrice Agbodranfo Nobimè pour le représenter au Parlement comme d’autres députés. Il a fait un bon choix. Je voudrais profiter de cette occasion pour leur dire que tout ce que nous faisons ici est pour leur bien. Nous ne les trahirons jamais. Nous leur demandons de continuer à nous soutenir. Aux militantes et militants du Parti des Démocrates Indépendants (PDI), je voudrais d’abord leur dire merci pour leur engagement à nos côtés lors du congrès constitutif du parti. Je puis leur dire que nous qui sommes aujourd’hui leurs leaders, nous leur permettrons toujours de jouer leur partition dans l’animation de la vie politique de notre pays. Leurs propositions et suggestions ne seront jamais négligées.
Propos recueillis par Karim Oscar ANONRIN (Interview exclusive du journal FRATERNITE)



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