entretien Victor Lawin, Président du Mouvement Bénin prospère : Chapeau à la lutte contre la corruption sous Talon

Adrien TCHOMAKOU 15 février 2018

Quelques semaines après sa création, le mouvement Bénin (Mbp) prospère se positionne comme un des pionniers de la 10e circonscription électorale. Au-delà des actions qui se mènent à la base pour la formation citoyenne des jeunes, le Mbp travaille à vulgariser les actions du Chef de l’Etat, Patrice Talon. A travers cette interview, le Président dudit mouvement, Victor Lawin dévoile les priorités du Mpb et salue l’engagement du Chef de l’Etat à lutter contre la corruption. Analysant la crise sociale actuelle, il a invité les syndicalistes à faire l’effort de comprendre la situation économique du pays. Au dire de Victor Lawin, le Mbp apporte un soutien sans faille à la réforme du système partisan.

Pourquoi avoir porté sur les fonts baptismaux le mouvement Bénin Prospère ?
Nous avons décidé de créer ce mouvement pour donner la possibilité à tous les jeunes de la 10ème circonscription électorale et des autres circonscriptions de participer à l’animation de la vie politique. C’est un creuset de réflexion, de formation, et de participation au débat national sur tout ce qui concerne le développement social et économique de notre pays. En effet, nous sommes sortis de trois élections, entre 2011 et 2016, auxquelles nous avons constaté l’absence de la jeunesse et le manque d’intérêt pour ces jeunes en termes de formation, de discipline au niveau des partis politiques. Beaucoup de jeunes suivent leurs ainés, qui prennent des directions en déphasage avec les problèmes réels auxquels ils font face. C’est pour cette raison que nous avons créé ce mouvement et nous nous sommes dit que ça permettra à tout un chacun de s’exprimer. Et si je suis à la tête de ce mouvement, c’est parce que je suis un élu local, c’est-à-dire un conseiller communal à la mairie de Glazoué et président de la commission des affaires économiques et financières. Cela veut dire que j’ai quelques expériences en matière électorale au Bénin. La troisième raison est que nous avons des jeunes qui sont des particuliers, qui n’arrivent plus à s’identifier par rapport à ceux qui nous dirigent jusqu’à ce jour. Ces jeunes également voudraient que nous puissions se retrouver pour échanger sur l’avenir de notre circonscription électorale. Alors, nous avons décidé de nous retrouver pour une participation active de l’ensemble des jeunes de notre circonscription électorale.

Bénin prospère n’est-il pas un mouvement de trop sur l’échiquier politique national ?
Je ne crois pas. Nous avons créé ce mouvement au sortir des élections de 2016. J’étais l’un des rares conseillers communaux de Glazoué à avoir suscité la candidature de Patrice Talon aux élections présidentielles. C’était en décembre 2015. Pendant que nous avons fait cet appel et que Patrice Talon s’est présenté aux élections, le travail a commencé. Avec les jeunes, nous nous sommes vraiment battus au premier et au second tour, puisque nous ne sommes pas d’un parti politique. J’ai été certes élu Fcbe mais tous savent que s’ils ne me mettaient pas sur la liste, nous risquons de perdre les deux sièges. Et puisque le candidat pour lequel nous avons appelé à voter en mars 2016 est devenu Président de la République, il est de bon ton que nous nous constituons en mouvement politique pour défendre ses actions et assurer notre avenir politique. Donc, ce n’est pas un mouvement de trop qui a été créé le 20 janvier 2018. C’est plutôt un mouvement d’affirmation de notre foi à la vision du Nouveau départ.

Quels sont vos priorités ?
En termes de priorités, nous allons informer les populations sur les actions du Chef de l’Etat. La population a soif de nous écouter, nous qui avons soutenu la candidature de Patrice Talon en son temps. Ce qui veut dire que nous devons apporter l’information en temps réel aux jeunes de Glazoué, Savè et Ouessè sur les raisons d’un choix ou d’un autre. Ils ont conscience que si les anciens allaient leur porter l’information, ce sera pour chercher leurs suffrages. Mais ces jeunes reconnaissent en notre personne de dignes représentants auprès des autorités gouvernementales. Donc, notre premier défi, c’est d’apporter l’information juste en temps réel.
Ensuite, nous avons prévu une formation pour ces jeunes sur comment nous avons pu être élus et comment ils peuvent décider de l’avenir de leur circonscription. Le 3e challenge, c’est l’accompagnement des jeunes dans les collèges. Il se fait le constat que les séries scientifiques sont en train de mourir. Nous nous posons la question de savoir si dans 20 ans, nous pouvons disposer d’ingénieurs natifs de la 10e circonscription électorale. C’est l’une de nos préoccupations. Ce qui veut dire qu’il faut inciter les élèves à s’intéresser aux séries scientifiques. Notre 4e préoccupation est relative à la question d’autonomisation des femmes. Nous avons jugé bon de les former aux activités agropastorales. Il y aura des bourses qui seront octroyées aux femmes pour se faire former à Songhaï. Il y a des Ong qui sont également disposées pour la formation de ces jeunes. Nous avons pris contact avec le Dr Babadjidé sur la question de l’élevage et il est prêt à venir aider les jeunes. Il faut leur apprendre à pêcher et non à leur donner de l’argent. Ce sont là quelques points clés de notre contribution pour aider la jeunesse.
En dehors de tout ceci, nous nous sommes dit que si nous devons prendre part à la prise de décisions, il faut permettre à ces jeunes de se positionner pour les prochaines élections. Pour les législatives et communales prochaines, nous voulons avoir de potentiels candidats. Ils se prononcent déjà et nous allons les former sur les stratégies.

Le mouvement Bénin prospère mène-t-il des actions pour la concrétisation du Ravip dans la 10e circonscription électorale ?
Oui. Nous avons tenu à Glazoué et à Ouessè, des séances d’information. 67 délégués ont pris part à cette séance. Ils ont été d’abord sensibilisés sur le Ravip et ensuite, nous avons abordé la question des perdiemes par rapport aux recensements passés, notamment la Lépi. Nous leur avions annoncé qu’ils ont droit à une somme précise. La dernière fois que nous sommes repartis, ils nous ont dit qu’ils ont été payés. Nous avons aussi tenu des séances d’information avec quelques responsables d’élèves pour leur montrer le bien fondé de cette opération. Il y a également l’association des femmes qui s’est rapprochée de nous dans l’optique du renouvellement de l’opération de microfinance. Nous avons saisi l’occasion pour les convaincre de la nécessité de se faire enrôler.
Un travail est en train d’être alors avec les délégués qui sont sur le terrain pour leur montrer le bienfondé de l’opération. Nous avons aussi rencontré les opérateurs kits par rapport à la patience dont ils doivent faire preuve vis-à-vis de la population, puisqu’il y a beaucoup de nos parents qui n’arrivent pas à prononcer leurs noms. Nous leur avons dit que si les gens disposent de leurs actes de naissance, il n’est plus utile de leur poser trop de questions. Il y a aussi la question de ceux qui ne disposent pas d’acte de naissance. Les délégués sont mis à contribution pour les témoignages. Par exemple, dans la commune de Glazoué, nous sommes à 65% de taux d’enrôlement. Le taux tourne autour de 51% à Savè et est de 48% à Ouessè. A moins de trois mois de la fin, les choses ont commencé par évoluer. Au départ, personne n’y croyait. Avant la fin du mois de février, on devrait être à 70%.

Est-ce à dire que le Mouvement Bénin Prospère est né avec des dents ?
Nous pouvons le dire ainsi. Les jeunes qui constituent ce mouvement ne sont pas sortis du néant. Ce sont des jeunes qui avaient déjà quelque chose en main. Ce sont des jeunes qui sont dans l’administration ou dans le circuit économique. Cela voudra dire que chacun est en train d’apporter sa touche à ce mouvement pour qu’au soir de 2021, nous puissions faire le point.

Qui est le Président d’honneur du mouvement et quelle est sa contribution à cette dynamique enclenchée ?
Le Président d’honneur est un jeune comme nous. Il s’agit de Tchèkpo Francis. C’est un ingénieur électrique. Et pour un scientifique, il y a la méthode en toute chose. Les réflexions qu’il apporte font que les jeunes se retrouvent facilement. Il n’y a pas un donneur de leçons, mais en fonction des projets, il joue parfaitement son rôle.

Presque un mois après la création de Bénin Prospère, y a-t-il des barons politiques de la 10e circonscription qui vous tendent la main ?
Nous avons reçu au moins 7 coups de fil et rencontré au moins deux barons. Ce sont des coups de fil de soutien et de conseils. Quant aux contacts, ils sont beaucoup plus liés à notre candidature ou non. Mais nous leur répondons qu’on ne s’improvise pas candidat. Il faut refléter l’image de ce que veulent les autres. Il faut que notre candidat soit celui de la jeunesse. Le moment venu, si la jeunesse décide que c’est nous, nous allons accepter parce que nous en avons les capacités. Mais à l’heure actuelle, nous ne pouvons pas dire que nous sommes candidat. Il faut avouer qu’il a fallu que nous l’on créé ce mouvement pour constater que nous sommes gênants. Il a fallu que nous adressions les cartes d’invitation à certains barons pour qu’ils soient prêts à mettre en place leurs cellules au niveau de la commune de Glazoué. Cela voudra dire qu’ils savent que Glazoué n’est pas une citadelle imprenable.

Le Bénin traverse depuis quelques semaines une situation sociale particulièrement tendue. Quelle est votre appréciation sur le maintien du mot d’ordre de certaines centrales et confédérations syndicales ?
La situation que traverse le Bénin à l’heure actuelle est préoccupante. Lorsque vous êtes un cadre de l’administration publique ou un politique, ça doit vous interpeller. C’est donc une situation inquiétante, vu tout ce qui se dit et tout qui se fait. Nous avons pensé que, après la rencontre avec le Chef de l’Etat, nos centrales syndicales allaient ramener la balle à terre. Ce qui n’a pas été fait. Il y a un délai prévu pour tirer une conclusion et passer au dégel. Nous n’avons pas constaté cela. C’est vrai que chacun est dans son rôle. Mais c’est déplorable parce que moins nous produisons, plus nous avons des difficultés de ressources pour satisfaire les agents.

L’une des raisons évoquées par les partenaires sociaux, et même la conférence épiscopale, c’est la morosité économique face à un pouvoir d’achat dérisoire. Que pensez-vous des réformes mises en place par le gouvernement et leur impact sur la vie socio-économique au Bénin ?
Le Chef de l’Etat a posé la question de savoir « Qui est-ce qui a fourni un service et qui n’a pas été rémunéré ?’’ En tant qu’agent de l’Etat, c’est plus ou moins déplorable d’entendre certaines choses. Autant que nous sommes, nous décrions comment le Béninois dépense. Il n’est pas rare lorsqu’on voit une maison à étage qu’on dise que c’est pour un douanier, ça ne gêne pas. Mais dès qu’on dit que l’immeuble appartient à un chef service ou à un Directeur des affaires financières, on commence par se poser des questions. Cela veut dire que nous savons qu’il y a de l’argent qui circule, sans que cela ne provienne de l’effort fourni par chacun d’eux. Aujourd’hui dans l’administration publique, beaucoup de primes ont été supprimées. J’en suis conscient, puisque je suis agent de l’Etat. Cela fait qu’on ne peut que constater tout ce qui se passe. Donc, cette morosité est la preuve qu’une bonne décision a été prise pour dire que chacun devrait vivre des fruits de ses efforts. Je m’attendais à ce que le Chef de l’Etat dise : ‘’Tu mangeras à la sueur de ton front’’. Nous avons besoin de revoir notre manière de dépenser ou d’avoir des priorités par rapport à notre envie de dépenser. Ce qui se passe aujourd’hui ne touche que les agents de l’Etat. Ce qui veut dire que notre système aujourd’hui n’est pas basé sur un bon modèle économique. C’est lorsque les agents de l’Etat ont de l’argent qu’il circule. Au niveau de la population, ça pose un problème. Et le véritable problème, c’est la corruption. Il faut inverser la tendance. C’est-à-dire, le créateur de richesse, c’est d’abord les petites et moyennes entreprises. Si ces dernières trouvaient des formules pour la production, pour le circuit de distribution, nous aurons des ressources telles qu’on aurait imaginé. Au niveau des ressources de l’Etat, nous vendons tous les jours : ‘’Le Bénin dispose des sites touristiques…Le Bénin a tel ou tel atout’’. Mais nous n’avons jamais mis ces atouts en œuvre. Depuis le Ce2, on nous disait que Ganvié était la Venise de l’Afrique. Mais j’y ai fait un tour, et on ne peut pas respirer. Un touriste qui visite ce site et a eu une mauvaise image ne va pas permettre que d’autres touristes le visitent. Lors des excursions, nous croisons rarement des lions ou des léopards. Il faut revoir tout cet ensemble avant de s’attendre à l’afflux des touristes. Plus les touristes viennent, plus ils dépensent dans notre pays. Ils dépensent dans des hôtels, dans les circuits de transport et dans la restauration.
Il faut que le gouvernement rassure sur ce qui concerne les revendications liées à la masse salariale. Je sais qu’il y a des possibilités, mais les syndicats doivent faire l’effort de comprendre la situation. Parce qu’aujourd’hui, la question est de savoir si le Bénin est géré par les centrales ou par un élu du peuple. Tout porte à croire que ce n’est plus l’élu du peuple qui dirige le pays. Les orientations doivent être données par le Chef de l’Etat. Nous avons le devoir de le suivre. Je vous invite simplement à aller dans les pays qui nous entourent. Comparaison n’est pas raison. C’est difficile à un Marocain ou un Sénégalais de jeter même des papiers sur la voie. Quelle est la mentalité du Béninois. On a besoin de revoir un peu notre mentalité sur le développement. Le développement rime-t-il avec la distribution gratuite et instantanée des ressources de l’Etat ou nous construisons une base sur laquelle nous pourrons élever des murs et générer des revenus ? C’est une préoccupation, mais je voudrais appeler les uns et les autres à la lucidité en toutes choses. Si nous sommes des pères de famille et que nous disons à nos enfants de ne pas faire ci ou ça, et que ces derniers désobéissent, on est très mal à l’aise.

Voulez-vous dire que l’argent facile ne circule plus dans le pays ?
Ma réponse est Oui. Si vous perceviez 1,8 millions et qu’aujourd’hui, vous n’êtes plus en mesure de réunir 200 mille, on peut vous demander d’où provenaient les 1,8 millions. Cela veut dire que nous avons des extra-revenus. Et ce sont ces ressources qui sont à la base de tout ce que nous avons au niveau de nos communes. Parce que j’étais dans un système où chaque week-end, il fallait voyager pour des meetings d’explications et de prières, des rencontres avec les rois et des personnes d’influence. Mais d’où viennent les ressources ? On ne s’en préoccupait pas. Parce que le Chef a dit : ‘’J’ai été complice de l’Etat à un moment donné’’. Voilà l’humilité qu’on demande à tous les Béninois. Cette ancienne pratique nous arrangeait. Mais lorsqu’on a demandé de changer cette attitude, on doit aussi l’intégrer dans nos démarches, nos manières de penser. S’il y a cette morosité, c’est parce que l’argent avait une source impropre qui commence par tarir.

Vous applaudissez ainsi le Chef de l’Etat en ce qui concerne la lutte contre la corruption
Bien sûr ! Puisque nous aurons une qualité dans les débats en ce qui concerne le système de gouvernance dans les villages, les arrondissements et les communes. L’argent seul ne suffirait plus pour influencer qui que ce soit. Aujourd’hui, il est question que nous suivions une démarche pédagogique de l’intelligence et non du pouvoir de l’argent. Même si vous travaillez à vous faire élire, sachez que vous n’aurez pas la chance si un homme politique financièrement imposant entre dans la danse, même à quelques heures des élections. Nous constatons que nous avons des éléments dans nos communes et arrondissements qui ne devraient pas nous représenter. Et c’est dommage pour le pays.

Quelles solutions proposez-vous pour une sortie de crise ?
Si nous nous en tenons à la dernière rencontre avec le Chef de l’Etat, c’est qu’il y a une échéance qui a été donnée. Donc, en tant qu’agent, c’est de demander à toutes les parties de ramener la balle à terre. Que les syndicalistes puissent faire l’effort de comprendre la vision du Chef de l’Etat, et que le Gouvernement ne se dise pas que les centrales syndicales n’ont rien à lui enseigner. Il faut des concessions des deux parties. Qu’il n’y ait pas un fort contre un faible. De toute façon, ce sont les populations qui ramassent les pots cassés. Et ça sera dommage pour notre pays. J’aurai bien voulu, après cette crise, que la Direction générale des affaires économiques nous dise quel a été l’impact de ces grèves sur l’économie nationale, tant au niveau des recettes douanières, du Trésor qu’au niveau psychique. L’Insae peut aussi s’en saisir. Cela va permettre d’avoir des positions plus scientifiques que de faire des débats non fondés. C’est ce qui se fait d’ailleurs dans certains pays. Lorsqu’on dira aux syndicalistes que pendant un mois de grève, nous avons perdu tel nombre de milliards, ils sauront qu’il n’est pas toujours intéressant d’aller en grève, et que le dialogue doit être priorisé.

Bientôt deux ans que le gouvernement en place est en train de poser des actes diversement appréciés. Que pourriez-vous dire de ces deux ans, surtout concernant les déguerpissements à Cotonou et à Glo-Djigbé ?
Lorsque vous avez la chance de sortir du pays pour aller à l’extérieur, vous constaterez que pour un pays qui veut aller vers le développement, il y a des minima à respecter. Si nous prenons les déguerpissements à Cotonou, combien sommes-nous à nous opposer à cette opération ? Personne ne s’y est opposé car, on est conscient qu’on était sur des espaces publics. Cela veut dire que cette décision est salutaire. Et vous vous êtes rendu compte que la ville de Cotonou a été assainie. Cela participe à l’embellissement de la ville. Et c’est comme ça qu’on reconnait un pays discipliné. Quand on prend le code de la route, chaque usager a son couloir. Mais, il y a de cela quelques années, les piétons avaient des difficultés à marcher, car les trottoirs étaient occupés. Même les véhicules avaient des difficultés à rouler car, certains citoyens barricadaient la voie sous prétexte que vous gênez leurs marchandises. A l’heure actuelle, nous circulons librement et cela participe au développement de notre pays et surtout de la capitale économique. Entre temps, ce qui attirait l’attention des gens à Cotonou, c’était la présence des bidons et bouteilles sur les grandes artères. Il n’y a plus ça de nos jours. Le préfet Toboula a aussi interdit la vente des véhicules sur les terre pleins centraux, car ce n’est pas le lieu approprié pour ce commerce. C’est des mesures de sécurité que le préfet a prises, mais il a été vilipendé. Je l’encourage à continuer car, il est en train de faire du bien aux Cotonois. Quand vous faites du bien, on vous lancera des pierres. Jésus a fait du bien, mais on lui a lancé des pierres. Si certains qualifient ces opérations de sauvage, c’est un problème purement politique.
Lorsque nous prenons le cas de Glo-Djigbé, depuis 40 ans, cette zone a été déjà déclarée d’utilité publique. En 2006, le Président Boni Yayi a pris une décision pour faire le point des présumés propriétaires terriens, mais grande a été la surprise de constater que cette zone est de plus en plus occupée par nos populations. L’aéroport de Cadjèhoun étant devenu exigu, il est de bon ton de mettre en œuvre ce que les autres Présidents avaient envisagé, et c’est cela la continuité de l’Etat. Si les prédécesseurs ont fait quelque chose de bon, il faut saluer ça, le toiletter au besoin et le poursuivre. Cette décision du Président Talon de doter notre pays d’un aéroport moderne, est donc salutaire. Les populations attendent donc le démarrage effectif de cet ambitieux projet. Le ministre Dassigli a tenu une séance de travail avec l’ensemble des chefs de villages concernés par ce projet, ils étaient tous d’accord et sont impatients de voir ce projet démarrer de leur vivant. C’est dire que les indemnisations ne posent plus de problèmes. Les prix proposés aux sinistrés sont des prix normaux qui tenaient compte du contexte où le domaine a été déclaré d’utilité publique. De plus, les calculs qui ont été faits sont en fonction de la distance des parcelles par rapport à la route inter-Etats. Je remercie le chef de l’Etat qui a quand même intégré de nouveaux acquéreurs car, le recensement était déjà fait. Je salue le Directeur de l’Agence nationale du domaine et du foncier qui a su gérer la situation. L’accalmie s’observe aujourd’hui car, les populations se sont rendu compte que la spéculation attendue dans le cadre de la réalisation de ce projet, n’a pas marché. Et l’engagement des chefs de villages pour mieux expliquer l’importance de ce projet aux populations, va accélérer davantage sa réalisation.

La nécessité d’aller vers une reforme du système partisan s’impose après plus de 20 ans de pluralisme politique. Selon vous, quel sera l’idéal pour un assainissement de la vie politique ?
Il faut vraiment un assainissement. Le modèle idéal, je ne pourrai prétendre en avoir un. Mais il faut toujours expérimenter les choses. Lorsque ça marche, on en prend. Les gens viennent pour s’abreuver. Vous allez constater que les années 70 et 80, c’était le parti unique. A un moment donné, on a dit qu’on a n’en plus besoin et qu’il faut se libérer. A ce jour, nous avons appris qu’on a plus de 265 Partis et mouvements politiques déclarés. Donc, il reste encore d’autres parce que nous observons toujours la création des partis et mouvements politiques. Le dernier né des mouvements, c’est le Lada à Ouassa-pehunco. Donc, nous ne faisons qu’appliquer les textes. Aujourd’hui, avec le point, nous disons qu’au lieu de permettre une liberté d’expression, nous ne faisons que favoriser un système de régionalisation qui ne permettra pas de consolider l’édification de la nation. Donc, nous pensons que cette réflexion qui amène aujourd’hui à prendre une loi pour reprendre la charte des partis politiques ne sera que la bienvenu pour tout démocrate. Parce que les pays stables sont des pays où il y a au plus trois tendances politiques. Elles cherchent à prendre le pourvoir. Une partie qui est au milieu fait la balance entre les deux. En ce moment-là, vous allez constater qu’on aura moins de dépenses et cela favorisera la consolidation de la nation.
Nous avons lu le document par rapport à la réforme du système partisan. On y retient le renforcement des conditions de création avec le relèvement du nombre de membres fondateurs qui est porté à 50. Mais aujourd’hui, c’est à 10 par département. Mais dans le texte qui est proposé, c’est plutôt 50 par commune. Cela voudra dire que le département des Collines qui comporte par exemple 6 communes, doit avoir 300 membres. Cela fait partie des avancées. Il y a l’obligation faite à tous les partis politiques de prendre part aux élections nationales et locales sous peine de perdre le statut juridique de leur existence. Cela veut dire que le parti qui est né doit pouvoir participer à toutes les élections dans toutes les circonscriptions électorales. C’est-à-dire que nous ne pouvons plus avoir droit à une alliance contre-nature qui se crée et qui se défait. On veut amener les acteurs politiques à rester ensemble pour qu’il n’y ait pas un parti du Centre, du Nord ou du Sud, car cela ne permet pas de consolider la cohésion nationale. Il y a également l’introduction du principe de financement public et privé au profit des partis politiques qui est une innovation. Mais pour obtenir ce financement, il faut avoir un certain nombre de députés qui constituent 1/ 5 de l’effectif des députés qui composent l’Assemblée nationale. La barre a été mise très haute avant l’obtention du financement. Il y a aussi le cadrage du financement privé des partis politiques. Ça fait partie des avancées notables dans ce document. Puisque l’avant-projet n’a pas prévu de financement pour les élections locales et, on se pose la question de savoir si ces élections ne préoccupent pas l’Etat. Ou du moins, on veut juste s’occuper des députés et nous avons au niveau de notre pays quatre élections. Nous avons les élections présidentielles, législatives, communales et locales. C’est vrai que nous avons toujours regroupé les deux dernières. Mais on se demande ce qu’il en est des partis politiques au niveau des arrondissements et des communes. Ce que nous pouvons demander aux députés, c’est de revoir cet ensemble pour que toutes les élections soient prises en compte dans la question de financement des partis. Sinon, on aurait traité notre maladie au niveau des pieds alors qu’il reste les maux de tête. Il faut pendre l’entièreté de ce qui concerne toutes les élections. J’ajouterai que ce système partisan permet à chacun de maitriser sa zone. Parce que, dans les autres pays où il y a trois ou quatre partis, vous verrez qu’on parle de la représentation d’une zone. C’est le représentant qui conduit l’ensemble parce qu’il maitrise tout ce qui se passe au niveau de sa circonscription électorale. D’abord, on organise les primaires pour choisir les représentants. Donc, le représentant doit être en harmonie avec les attentes de la base et non du président du parti. Nous souhaitons qu’une lecture minutieuse soit faite. Il faut que les députés se surpassent pour doter le pays d’un arsenal juridique exemplaire. La discussion était autrefois menée sur le niveau d’étude pour risque les 60 % des députés aient le Baccalauréat. Car, il faut avoir un bon niveau pour faire de grandes discussions. Et pourtant, c’est des gens qui doivent légiférer. La participation à un débat de haut niveau doit être réservée aux personnes qui ont la capacité et la qualité pour le faire, sinon c’est le suivisme. On lève juste la main pour voter. On n’aurait pas fait œuvre utile. Et c’est là que quelqu’un parle de la dictature d’une minorité ou d’une majorité.

L’autre actualité, c’est le retour sur scène de l’ancien président de la République, Boni Yayi. Il est désormais le président d’honneur du parti Fcbe. Quelle appréciation faites-vous de cet état de choses ?
L’ancien président, je l’affectionne particulièrement parce qu’il est très sensible et très émotif parfois. Après deux années d’hibernation, il revient sur scène. Ça a été un objet de curiosité pour les Béninois parce qu’ils voudraient le voir, c’est un ancien président. Quel que soit ce que nous lui reprochons, il mérite cet accueil parce que le Béninois sait accueillir l’hôte. Son arrivée sur la scène politique n’ajoutera et ne soustraira rien puisque l’ancien Président de la République, à moins que nous ne changions la Constitution, ne peut plus participer à une élection présidentielle. Connaissant Boni yayi par rapport à sa rigueur, il ne va pas vouloir participer aux élections législatives pour aller à l’Assemblée nationale. Il sait que les Béninois peuvent te porter en triomphe et sont aussi capable de te faire descendre. En cela, il a déjà connu l’expérience de l’élection présidentielle passée où on ne pouvait jamais imaginer que le candidat d’alors Patrice Talon pouvait devenir président de la République. Raison pour laquelle, la question de la foule ne détermine pas le poids politique. C’est le jour où le peuple est appelé à voter qu’on reconnait vraiment le poids de chaque candidat. La preuve, les résultats des élections communales diffèrent souvent des résultats des élections législatives puisque les citoyens ne respectent pas le même mot d’ordre. C’est en fonction de la personne qu’ils ont en face qu’ils votent. J’ai toujours constaté que dans la dixième, un député arrive à se faire élire sans la liste d’un gouvernant.
Je lui tire chapeau parce que beaucoup l’attendaient sur des échecs, mais il a échappé ; et c’est ça un homme d’Etat.

Une autre actualité ces dernières semaines, c’est les affrontements entre éleveurs et agriculteurs. Nous avons notamment les cas d’Agbangnizoun et d’Adjohoun. Dites-nous, quelles propositions faites-vous pour régler pacifiquement ce conflit ?
J’ai de la peine que chaque année nous enregistrons des dégâts humains, des dégâts aussi bien au niveau des animaux que de la végétation. C’est une situation très préoccupante, et les députés sont en train de participer à un séminaire d’appropriation sur le code pastoral. Et j’ai bon espoir qu’ils prendront la mesure de cette problématique de la transhumance au niveau des villages et des couloirs vont être bien définis. C’est vrai que la difficulté au niveau du conseil communal pour les questions de transhumance est notoire. Ce n’est pas des ponts, des allées que nous allons faire dans des brousses. Il faut se dire que par rapport à nos rivières, à nos lacs, il faut laisser une distance pour le passage des troupeaux afin que les affrontements baissent. Je n’ai pas encore le projet du code pastoral, mais il faut nécessairement y trouver une solution. C’est vrai qu’il existe au niveau des communes un comité où les peuls, les producteurs et la sécurité publique siègent. Mais ça ne permet pas encore de prévenir le problème de la transhumance. La solution est de dégager les zones de pâturages et les zones réservées à la culture pour que les deux parties puissent développer leurs activités. Mais le département des collines est à pied d’œuvre et des solutions sont en train d’être trouvées.

Un appel au peuple béninois et à la classe politique.
Je voudrais appeler la jeunesse au travail et à la paix. Je regrette sincèrement les messages et informations sur les réseaux sociaux qui proviennent en majorité des jeunes. On a l’impression que la jeunesse n’a plus d’autres emplois que l’usage des réseaux sociaux. On a l’impression que les jeunes sont payés pour intoxiquer. Dans le même temps, je me demande ce que nous allons devenir si le bailleur n’est plus là. Chacun doit se poser les bonnes questions. ‘’Que vais-je devenir ? Que deviennent mes enfants ? Que va-t-on retenir de mon passage sur terre ?’’. Si chacun peut se poser ces questions, nous aurons moins d’usage de ces réseaux sociaux. C’est vrai que ça permet de porter l’information le plus vite possible, mais il y a des actes qu’on ne peut plus corriger. Lorsque vous lâchez la bombe, vous avez du mal à rattraper.
Aux politiques, je voudrais leur dire que nous avons la responsabilité de conduire ce pays à bon port. Nous avons la responsabilité de mieux éduquer nos bases. Nous pouvons impacter des milliers de personnes.
A l’endroit des syndicalistes, je leur dirai qu’ils ont raison. Leur devoir, c’est l’amélioration des conditions de vie des travailleurs. C’est normal. Mais ils doivent également savoir que ces agents ont besoin de travailler pour que la redistribution de la richesse soit plus facile. Qu’ils s’entendent sur le minimum pour une sortie de crise. De toute façon, le bateau ne chavirera pas. Je compte sur les uns et les autres pour une sortie de crise.
Je vais aussi dire à la population qu’on ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs. Avancer ou stagner, à nous de choisir.
Réalisation : Adrien TCHOMAKOU



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