Etude du projet de budget général de l’Etat, gestion 2014 : Orou Djiwa, Idrissou Affo, Abimbola et Koutché…au charbon de la commission

Karim O. ANONRIN 19 novembre 2013

Ils étaient au total quatre membres du gouvernement à venir défendre, chacun le budget de son département ministériel hier au Palais des gouverneurs à Porto-Novo devant la Commission budgétaire du Parlement. Ceci, dans la perspective de l’examen et éventuellement de l’adoption du projet de budget général de l’Etat, gestion 2014. Il s’agit du Ministre de la jeunesse, des sports et loisirs, Safiou Idrissou Affo, le Ministre en charge des relations avec les institutions, Bio Torou Orou Djiwa, le Ministre de la Culture, de l’Artisanat, de l’Alphabétisation et du Tourisme, Jean-Michel Abimbola, et le Ministre de la communication et des technologies de l’information et de la communication (Mctic), Komi Koutché.

Idrissou Affo des sports : « …l’Etat n’a plus les moyens de financer le sport… »
« …Le budget a été entièrement validé. Je voudrais profiter pour remercier les députés parce qu’ils ont contribué énormément à la réflexion en ce qui concerne la question de la jeunesse. Je crois que des recommandations vont sortis et je les remercie par rapport à cela. J’ai essayé de donner des réponses sur certains points et j’ai promis envoyer d’autres réponses par écrits de façon beaucoup plus élaborée. Comme vous le savez, il y a d’abord les compétitions internationales auxquelles le Bénin doit participer à savoir la Coupe d’Afrique des Nations, la Coupe du monde et les Jeux olympiques. Nous avons un programme important pour le volontariat des jeunes. C’est un nouveau concept qui est en train de prendre de l’ampleur et nous devons donner un contenu à cela. Il faut remarquer que nos stades, nos centres de loisirs sont dans un état de délabrement avancé et nous avons élaboré un programme pour que des équipes mixtes du ministère de la jeunesse à travers la Direction de l’équipement et des infrastructures et du ministère des finances à travers la Direction du patrimoine immobilier bâti. D’ici quelques jours, ils vont se réunir pour pouvoir procéder à l’expertise et faire des relevés ; afin que progressivement, nous puissions réfectionner ces bâtiments. On ne peut pas faire cela d’un seul tenant. On serait obligé de programmer et je voudrais espérer que le ministère des finances va nous aider. On va mutualiser nos efforts. Notre budget tourne autour de 6,7 milliards de Fcfa. Mais par rapport à nos ambitions, je crois que nous devons nous battre pour d’autres sources alternatives. Je l’ai dit, quand j’ai reçu les fédérations, et je le répète, l’Etat n’a plus les moyens de financer le sport pour qu’il prospère au Bénin. Nous devons chercher des sources alternatives pour financer notre sport. J’ai cette conviction. Peut-être, beaucoup ne la partagent pas. Je crois que les fédérations m’ont compris quand on s’est vu il y a deux semaines. J’ai été clair. Elles étaient un peu inquiètes (…) Mais quand je me suis expliqué, elles ont compris et actuellement, il y a une loi qui est en cours de préparation au ministère sur le financement du sport. Il faut qu’aujourd’hui, le sport génère des ressources qui vont nous permettre de s’auto financer pour qu’en définitive, l’apport de l’Etat dans le financement du sport soit considéré comme un appoint. C’est vraiment ma conviction. On ne peut pas continuer de fonctionner en comptant uniquement sur les ressources de l’Etat. Les priorités sont énormes et le budget de l’Etat est financé à 95% par les recettes fiscales. Il y a l’énergie, les travaux publics, l’agriculture. Il y a beaucoup de secteurs qui demandent des ressources. Si nous devons nous mettre dans cette bataille là, on ne va pas s’en sortir. C’est pour dire que nous voulons innover. Cette loi est d’une importance capitale et nous allons associer tout le monde, y compris les journalistes sportifs, à la réflexion. Les fédérations sont acquises, les cadres du ministère sont acquis. Nous allons associer aussi les députés, toutes tendances confondues, à la réflexion pour sortir des produits vraiment inattaquables, un produit digeste, essentiellement applicable, qui pourra permettre de remettre à flots le sport béninois… »

Jean-Michel Abimbola de la Culture « …Il est prévu une augmentation du milliard culturel… »
« …Je sors de la séance avec les Honorables députés devant la commission budgétaire pour défendre le budget du ministère de la culture, de l’artisanat, de l’alphabétisation et du tourisme. Il est important de retenir les chiffres essentiels. La première des choses, c’est que le budget tel qu’il est proposé passe d’un peu moins de 6 milliards à un peu plus de 8 milliards. Soit une hausse de plus de 35%. Dans le contexte actuel, une hausse de 35%, c’est énorme. Mais le gouvernement de la République du Bénin a voulu marquer et manifester son intérêt pour la culture, l’artisanat et le tourisme, sans oublier l’alphabétisation. Vous savez certainement que le gouvernement a fait de l’axe culture, artisanat et tourisme, l’un des pôles pour le développement économique de notre pays dans le cadre de la diversification de notre économie. Avec l’économie agricole notamment le coton, l’économie maritime avec notamment le Port, le gouvernement a décidé désormais qu’il y ait également une économie culturelle et touristique. Et ces 35% de hausse manifestent cette volonté. (…) Comme c’est souvent le cas les Honorables députés sont pour la plupart des hommes ancrés dans leur terroir. Ce sont des hommes et des femmes qui sont proches de la culture béninoise et du peuple béninois. Ce sont des hommes sensibles au ministère qui est le nôtre. Les volets culture, tourisme, artisanat et l’alphabétisation, ça parle immédiatement des populations béninoises. Donc, si ça ne dépendait que des députés, comme l’un d’eux l’a dit, ça devrait être le premier budget de l’Etat. Mais nous leur avons dit que le gouvernement l’a compris et dans un contexte de restriction budgétaire, nous avons connu une hausse de 35%. En 2014, ce budget sera marqué par un certain nombre d’initiatives et d’activités fortes. Je voudrais citer deux ou trois activités ou projets par sous-secteur. En ce qui concerne la culture, le gouvernement a décidé que 2014 soit l’année de démarrage de la construction du grand théâtre du Bénin ; ce que nous appelons le théâtre national. Ça fait deux décennies que nous poursuivons ce projet. Enfin nous le tenons. Toujours en matière de culture, l’année 2014 sera l’année qui nous permettra de reprendre les initiatives que nous avions par le passé ; c’est-à-dire des plateaux géants pour nos artistes afin qu’ils puissent s’exprimer et réjouir les populations béninoises et au-delà. L’année 2014 sera également une année où le Fonds d’aide à la culture nous permettra de commencer, dans chaque département, à ériger des infrastructures de scène. En ce qui concerne l’alphabétisation, l’année 2014 est l’année d’introduction des langues nationales dans le système éducatif formel. Ça sera également l’année de la consolidation de la stratégie du faire-faire. S’agissant de l’artisanat, vous savez que dès cette fin d’année, il va se tenir les deuxièmes élections consulaires. C’est donc le renforcement du secteur de l’artisanat ; afin que nous puissions faire de ce secteur, une force pour l’économie nationale et un bassin pour la création d’emplois pour les jeunes et les moins jeunes. S’agissant du tourisme, le projet phare, vous le savez bien, c’est le programme du développement touristique de la route des pêches. Et là également, le gouvernement a marqué de façon visible et forte sa volonté à travers le budget pour qu’enfin, nous puissions également commencer à voir un début de mise en œuvre de ce programme qui va permettre de changer le visage du Bénin et le visage de l’économie béninoise. Je voudrais également dire que l’année 2014, nous allons poursuivre la restauration de certains palais royaux et la construction de certaines infrastructures pour le développement du tourisme dans notre pays (…) Vous savez que le milliard culturel, beaucoup de pays nous l’envient. Il n’y a pas si longtemps, j’ai accueilli un collègue d’un autre pays qui nous demandait comment nous avions réussi et comment nous pouvions les accompagner pour mettre progressivement en place ce mécanisme. Il est prévu pour l’année 2014, une augmentation du milliard culturel et je peux vous dire que ça sera au minimum de 300 millions de Francs Cfa. Vous voyez donc que tous les volets ont été pris en compte et je crois même que s’il n’est pas encore temps pour les artistes de se réjouir et d’applaudir, ils sont un peu rassurés, parce que c’est le début de la prise en compte de toutes les préoccupations depuis plusieurs années… »

Bio Torou Orou Djiwa des relations avec les institutions « …Les moyens sont faibles… »
« …J’ai effectivement, assisté de mes collaborateurs, défendu le budget 2014. Comme vous le savez, notre ministère est un ministère transversal. Donc, il n’est pas toujours visible. Il y a nombre d’actions qui étaient engagées et que nous allons poursuivre forcément. C’est un ministère qui s’occupe d’abord des relations avec les institutions et avec la société civile. Nous avons besoin de plus de rapprochement pour un fonctionnement plus amélioré de ces institutions. C’est surtout au niveau de la société civile que nous avons un rôle d’encadrement, un rôle d’organisation. Ceci, parce que c’est dans la société civile que vous avez les chefferies traditionnelles qui ont besoin d’être organisées. Vous avez les confessions religieuses qui ont besoin d’être organisées. Nous faisons aussi de l’éthique et de la citoyenneté au niveau de notre ministère, car nul n’est censé ignorer la loi. Vous savez vous-mêmes qu’on ne prend aucune disposition pour que le citoyen connaisse la loi. Nous avons un rôle de vulgarisation des textes fondamentaux, notamment le nouveau code électoral, les révisions intervenues au niveau de la Lépi, le code foncier domanial. Nous sommes en train d’élaborer la nouvelle loi sur la liberté associative au Bénin. Bref, nous avons beaucoup de chantiers pour que le ministère joue son rôle qui relie finalement toutes les composantes de la nation. Je ne peux pas dire le montant parce que ce n’est pas encore fixe. Les députés ont reproché l’insuffisance de moyens mis à la disposition du ministère chargé des relations avec les institutions qui, pour eux, est un ministère important… »

Komi Koutché de la communication « …L’une de nos priorités c’est l’internet.… »
« …Nous sommes venus nous acquitter de notre devoir constitutionnel de présentation de notre budget à la représentation nationale. Les points d’application de ce budget sont en rapport avec les grandes priorités de notre département qui ne sont rien d’autres que les grandes attentes de nos populations par rapport aux domaines dont nous avons la charge. L’une de nos priorités, c’est l’internet. Comme vous le savez, les attentes des Béninois aujourd’hui sont très grandes pour ce qui est de la connexion Internet parce que, c’est le nerf de développement de toutes activités, notamment économiques. Et aujourd’hui, au titre de ce budget, nous avons prévus, des actions qui vont nous permettre, à court terme, de commencer par améliorer la qualité de l’Internet. Mais à moyen terme, de commencer par étendre la portée, afin que l’Internet soit la chose la plus partagée dans notre pays. La 2ème priorité, c’est la télécommunication. Vous savez dans notre pays, nous avons déjà gagné le pari du coût. Le Bénin est le pays dans lequel la communication coûte moins cher, mais il nous reste le pari de la qualité, la qualité parce que vous constatez généralement que les gens téléphonent, les réseaux existent mais ça coupe. Donc, avec les opérateurs, nous nous sommes engagés dans un pacte solide pour travailler à la qualité et une fois que le pari de la qualité est réussi, il faut la transparence. En plus de ça, nous avons une autre priorité qui concerne la poste. La poste qui est un domaine qui relève de notre département ministériel et qui a quelques difficultés, mais que nous avons l’obligation de travailler à relever. De ce point de vue, que ce soit au niveau de la poste ou au niveau de d’autres structures comme Bénin-Télécoms et consorts, nous avons engagé de vastes chantiers de réformes, qui nous permettront à court terme, de pouvoir offrir aux Béninois de très bonne qualité de service en matière de télécommunication, d’Internet et de la poste. Enfin, il y a la question de l’Autorité de régulation des postes et télécommunications du Bénin, qui est désormais l’arbitre pour tout le secteur. Si la nouvelle loi qui est en train d’être instruite à l’Assemblée nationale est votée, nous aurons une loi qui va régir le secteur des télécommunications version électronique et postale. De ce point de vue, il faut une Autorité de régulation qui a une forte autorité et qui est dotée de tous les moyens pour pouvoir assurer la régulation en temps réel. Donc, voilà globalement nos priorités. C’est vrai, les ressources internes ne permettent pas de couvrir tous les projets que nous avons dans ce sens. Donc, il y a des partenariats étrangers qui sont déjà en cours. Nous avons aussi d’autres projets qui sont en cours avec d’autres partenaires multilatéraux comme la Chine. Mais il faut aussi vous parler de la grande priorité de passage de l’analogie au numérique. A ce niveau aussi, vous savez qu’en 2015, nous avons l’obligation de ne pas être du reste et donc, la commission est mise en place, le gouvernement a déjà fait une première dotation de 2 milliards de Fcfa pour marquer son engagement parce que c’est une opération qui coûte excessivement cher. Nous sommes dans les démarches nécessaires pour trouver des financements extérieurs pour nous permettre de mettre en œuvre toutes les diligences requises afin que le Bénin soit au rendez-vous du numérique. Notre budget est de l’ordre de 12 milliards 300 millions de Fcfa. Les députés ont été particulièrement très exigeants en ce qui concerne les prestations de l’Ortb. Ils pensent que la question de l’équité n’est pas respectée pour ce qui est du passage sur les chaînes publiques. Nous avons tenu à les rassurer que nous faisons des réformes dans ce cadre. Mais ce que nous avons noté, c’est que les députés font un certain nombre de confusions. Ils confondent la prise de parole républicaine par les ministres et le chef de l’Etat à une prise de parole politique. Ce n’est pas parce qu’un ministre intervient ou bien le chef de l’Etat intervient qu’on va dire qu’un parti de l’opposition doit intervenir. Quand un chef d’Etat prend la parole, un ministre prend la parole, il faut qu’elle soit républicaine. Mais lorsqu’un parti politique passe, lorsque les Fcbe par exemple passent, ce n’est pas la même chose que lorsque des ministres passent pour prendre la parole. Nous sommes tenus de clarifier ça aux députés et finalement, nous les avons rassurés pour dire qu’en réalité, il est question de préjugés. Parce que, quand je suis arrivé, j’ai fait un peu le point au niveau de l’Ortb, je n’ai pas noté de demandes non satisfaites et j’ai dit à tous ceux qui veulent l’entendre que si les demandes de couverture par l’Ortb sont exprimées dans les formes, et qu’elles ne sont pas satisfaites, que je sois informé, puisque je ne suis pas informé, c’est qu’il n’y a rien. Je crois qu’on a essayé de se comprendre, mais il y a une chose qu’il faut retenir, au-delà même de ces ppréciations de la chaîne publique, nous-mêmes, nous avons conscience de ce que nous avons le défi de profondes réformes au niveau de l’Ortb pour faire en sorte que ça soit une chaîne concurrentielle par rapport à l’évolution de l’environnement. Je vous ai parlé tout à l’heure du numérique. A l’heure du numérique, beaucoup de pratiques vont changer. Et si déjà, l’Ortb ne se met pas au pas en tant que chaîne publique, ça va être un problème et nous en avons déjà pris conscience et nous y travaillons avant que les députés ne fassent leurs observations qui, ma foi, relèvent beaucoup plus de préjugés… »
Propos recueillis par Karim Oscar ANONRIN



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