Gouvernance au sommet de l’Etat : Boni Yayi peut-il aller à l’école du Général Mathieu Kérékou ?

Arnaud DOUMANHOUN 16 juillet 2018

A l’école de feu Gl Mathieu Kérékou, l’ex président Boni Yayi est invité et pas par n’importe qui. Né des entrailles de la sagesse du caméléon, une marque qui a fait de l’illustre disparu un homme d’Etat et un vrai, Modeste Kérékou a ouvertement formulé son souhait de voir le prédécesseur de Patrice Talon, franchir les marches de l’honneur pour s’installer à la table de ces esprits qui ne meurent pas et dont le souvenir est un cocktail d’émotions et de sensations. Empruntera-il ce chemin de royauté que lui indique le fils du Général ? Rien n’est sûr.
Mais, toujours est-il que le jeune ministre a eu le mérite d’avoir rappelé à la mémoire collective, prenant exemple sur son géniteur, le rôle qui devrait être celui d’un ancien chef d’Etat. Chaque peuple a son histoire, et la plus belle qui peut s’écrire de celle du Dahomey devenu Bénin, ne saurait occulter cette figure emblématique que fut Mathieu Kérékou. C’est donc à juste titre que Modeste Kérékou nous renvoie à ce devoir de mémoire : « En 1991, quand il a quitté le pouvoir, il ne s’est pas mis à perturber la gouvernance du président Soglo. Il est parti. Peut-être que c’est à cause de sa posture que certains sont allés le rechercher. Quand il est venu, il a fait ses 10 ans et a passé la main à son successeur, le président Boni Yayi. Là encore, il s’est imposé par son silence. Il n’a pas cherché à perturber la gouvernance de son successeur… ».
Ces souvenirs du jeune ministre Modeste Kérékou, pour ce pan de l’histoire, sont bel et bien ceux que l’opinion garde du Général qui, même pendant sa gouvernance au sommet de l’Etat, se faisait désirer. Le silence est la voie de la sagesse renseigne un adage populaire. Et un ancien chef d’Etat devrait davantage incarner cette image, voire apporter sa pierre à la construction de l’édifice.
Alors, que le ministre Modeste Kérékou rêve de retrouver, dans un tel rôle, le président Boni Yayi, c’est tout à fait normal. « Imaginez qu’en son temps, le Gl Mathieu Kérékou, n’étant pas au pouvoir, ait décidé de structurer l’Union pour le Bénin du (Ufb) en un parti politique et fasse en sorte que les députés Ubf combattent son successeur. Dans ce cas, avec qui Yayi allait gouverner le pays ? », s’est-il interrogé, faisant le lien avec l’alliance des Forces cauris pour un Bénin émergeant (Fcbe) devenue parti politique avec comme leader charismatique Boni Yayi et farouchement opposé non seulement au régime du nouveau départ mais surtout à ses réformes. L’histoire est têtue, et l’homme de Tchaourou saura, sans doute, prendre une nouvelle résolution, du moins après ces rappels utiles de Modeste Kérékou qui d’ailleurs, l’avait loyalement servi comme ministre de la jeunesse et des sports.



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