Inévitable report des prochaines élections communales et locales : Nago interpelle et se veut rassurant

Karim O. ANONRIN 12 avril 2013

Mathurin Nago, Pdt / AN

Le président de l’Assemblée nationale, le Professeur Mathurin Coffi Nago, rassure de la possibilité d’éviter un vide juridique au Bénin à la fin du mandat des conseillers communaux ou municipaux et des conseillers de villages ou de quartiers de ville actuels en juin 2013. En effet, c’est un secret de polichinelle que depuis quelques semaines, des voix s’élèvent dans l’opinion pour dénoncer le risque du vide juridique parce que le pays serait déjà en retard pour l’organisation à bonne date des élections communales, municipales et locales prévues pour cette année. Pour le président Mathurin Coffi Nago, il n’y a pas de quoi à s’inquiéter parce que, selon lui, il existe bien des mécanismes pour garantir la poursuite du processus de la décentralisation entamé au Bénin depuis 2003. Plus précisément, dans son allocution hier au Palais des gouverneurs à Porto-Novo à l’ouverture de la première session ordinaire parlementaire de l’année 2013, le président Mathurin Coffi Nago, a interpellé la classe politique et l’opinion publique béninoise sur la nécessité de doter le pays d’un système électoral efficace, moderne et sans risque majeur, qui préserve le peuple béninois des gènes des troubles sociaux post-électoraux. « … De façon concrète, voulons-nous aller aux prochaines élections sans procéder aux corrections unanimement exigées par tous au niveau de la Lépi ? Voulons-nous aller aux élections communales, municipales et locales, élections de proximité par excellence, sans déterminer précisément par des lois consensuelles, la liste des localités et celle des centres de vote, pour éviter demain la création de villages fictifs, de quartiers de ville fictifs et de postes de vote fictifs ainsi que d’autres problèmes, notamment des sources potentielles de polémiques, de contestations, voire de troubles sociopolitiques ? Voulons-nous faire fi de tous ces problèmes et des conséquences dramatiques qui peuvent advenir en adoptant une politique et une attitude d’autruche ? (...) Elections à bonne date, oui, mais bonnes et saines élections à bonne date, fixée de façon réaliste, c’est certainement mieux. Au demeurant, des mécanismes juridiques existent pour permettre de résoudre la question de la fin du mandat des actuels élus locaux, communaux et municipaux et d’éviter le vide juridique qui nourrit l’effervescence observée actuellement dans l’opinion publique… », a dit le président Mathurin Nago. Autrement dit, le président Mathurin Coffi Nago, lève un coin de voile sur les conditions nécessaires pour une bonne organisation des prochaines élections communales et locales.

Lire ci-dessous les impressions de quelques députés

Les députés se prononcent sur le discours de Nago

Epiphane Quenum (majorité parlementaire)
« … Le président de l’Assemblée nationale a parlé de l’option faite par le Parlement d’apaiser le climat politique national. Vous savez que nous sommes sortis de l’élection présidentielle de 2011 avec quelques pincements au cœur. Lorsque nous observons bien ce que dit le président de l’Assemblée nationale, il n’y a pas péril en la demeure. Il a par exemple dit qu’il existe des mécanismes pour parer au vide juridique que certaines personnes agitent et qui pourrait faire peur. Au regard de l’ampleur de la tâche que cela revêt, je pense qu’un délai minimum de 6 à 9 mois serait nécessaire pour réaliser la correction de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) à un taux de 70 à 90%... »

Louis Vlavonou (opposition parlementaire)
« …J’ai découvert un président complètement métamorphosé et je pense que je ne m’étais pas trompé. Je le trouve aujourd’hui dans une
toge d’homme d’Etat. Il a été impartial. C’est un président qui de jour en jour me surprend. Dans son discours, il n’a fait de cadeau ni à l’opposition parlementaire, ni à la majorité parlementaire. Il est devenu un président qui veut laisser une trace pour la postérité à travers la 6ème législature. Parlant des lois votées, vous avez vu comment il a été le facilitateur entre les différentes tendances politiques au Parlement. Pour les prochaines lois à voter, je le vois toujours dans le rôle de manager ; afin que ces lois soient votées. Je comprends pourquoi aujourd’hui, les mots parité et consens qui avaient été refusés par la majorité parlementaire sont revenus au Parlement… »

Isidore Gnonlonfoun (majorité parlementaire)
« …Mes impressions sont des impressions de satisfaction dans la mesure où nous avons pu constater que la coopération interparlementaire a été une fois encore mise en œuvre. Vous avez vu les délégations des Parlements de la sous-région qui étaient à la cérémonie, parce qu’une mise en commun de nos efforts respectifs peut aider à résoudre les problèmes dans nos différents pays. Aujourd’hui, aucun pays ne peut se développer isolément. Je suis aussi satisfait du discours du président de l’Assemblée nationale qui retrace la mission qui caractérise la 6ème législature à savoir : prendre des textes avec célérité et surtout des textes qui impactent le quotidien des citoyens, amorcer le dialogue au sein du Parlement malgré la diversité des opinions politiques. Il faut nécessairement conjuguer les efforts pour pouvoir effectivement voter des lois de développement (...) Dans l’opinion publique, il y a une certaine rumeur qui dit qu’on tend vers un vide juridique par rapport à l’organisation des prochaines élections communales et locales. Vous savez, le Bénin a été à l’avant-garde de la démocratie en Afrique francophone. Mais malgré tout cela, nous avons toujours certaines lacunes par rapport à notre système électoral. Il fallait donc réfléchir pour corriger ces insuffisances en professionnalisant par exemple la Commission électorale nationale autonome (Cena) et en la rendant pérenne tout en amoindrissant le coût des élections. Vous avez vu dans la loi portant code électoral en République du Bénin récemment votée par la 6ème législature, les démembrements de la Cena que nous avons connus jusqu’à présent ont été supprimés (…) Il faut qu’on continue de légiférer pour l’avenir de ce pays et non pour des circonstances… »

Député Saguifa Wakouté (majorité parlementaire)
« … Le président de l’Assemblée, le Professeur Nago a prononcé un discours simple et compréhensible. Il a souligné le climat de paix, de tolérance et de convivialité surtout, qui caractérise la 6ème législature. Pour lui, ce climat a permis de battre le record. Il a également mis l’accent sur le problème du délestage. Et à ce sujet, il a encouragé le gouvernement à diversifier les sources d’énergie. Pour ce qui est de la correction de la Lépi, c’est u point de vue que je partage pleinement. Pour le président Nago, il nous faut nécessairement prendre par la correction de la Lépi pour aller à des élections transparentes. Pour moi, ce n’est même pas maintenant que nous allons corriger la Lépi. Elle devrait être faite depuis le début de l’année 2012 qui a été une année neutre, où il n’y a eu aucune élection… »

Député Ali Camarou (majorité parlementaire)
« … J’ai écouté avec beaucoup d’attention le discours du président de l’Assemblée nationale et mes impressions se résument à une satisfaction, parce que je remarque un homme de plus en plus assis dans son fauteuil, avec un discours large qui prend en compte les préoccupations de tous les secteurs de la vie économique, politique, sociale et culturelle nationale. Je puis vous rassurer que je me réjouis des différents points à l’ordre du jour de cette session ordinaire, la première de l’année. Je suis séduit parce que les préoccupations qui me sont soumises et celles qui me sont propres ont été prises en compte. Je suis également satisfait des deux ans que je viens de passer au parlement parce que c’est une chance, pendant que je suis là, beaucoup de lois de préoccupations politique, sociale, économique et culturelle sont votées pour la vitalité de notre démocratie. Je voudrais donc exhorter tous les collègues à travailler d’arrache-pied comme nous le faisons, afin que nous puissions sérieusement avancer dans les points inscrits à l’ordre du jour de cette session ordinaire… »



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