Interdiction de voyage de Moukaram Océni par le conseil municipal de Porto-Novo : La main invisible de Houngbédji

Moïse DOSSOUMOU 19 novembre 2013

C’est un euphémisme que d’affirmer que Adrien Houngbédji et Moukaram Océni ne sont pas prêts à fumer le calumet de la paix. Le premier, président du Parti du renouveau démocratique (Prd), affilié à l’opposition, le second, maire de la ville de Porto-Novo, bastion naturel du Prd. Mais, depuis bientôt un an, Moukaram Océni est devenu persona non grata au sein du parti. La passe d’armes constatée entre les deux personnalités au sujet des projets de construction d’un nouvel hôtel de ville et d’un parc d’attraction sur le boulevard lagunaire a déclenché les hostilités. Et d’escalade en escalade, les deux hommes en sont venus à étaler leurs divergences sur la place publique. Aujourd’hui, l’un et l’autre sont pratiquement à un point de non retour.

La loi du plus fort
Les récents événements intervenus au sein du Conseil municipal de Porto-Novo démontrent aisément que Moukaram Océni est seul contre tous. Le soutien des conseillers des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) ne suffit pas à le tirer d’affaire. Bien que disposant d’une majorité numérique au niveau de l’organe délibérant de la mairie, il n’a pas pu recueillir l’autorisation des siens qui lui aurait permis de s’envoler pour l’Hexagone. Le protocole d’accord qui lie la ville aux trois noms avec la région de Cergy-Pontoise ne sera pas renouvelé, en tout cas dans les prochains jours, puisque ce point constituait l’un des motifs phares de ce projet de voyage avorté. A l’évidence, Adrien Houngbédji est plus que jamais décidé à mettre du sable dans le gari de son ex protégé. Ce dernier, sauf miracle, ne peut plus prétendre renouveler son mandat. Puisque la ville de Porto-Novo est demeurée, contre vents et marées, le fief électoral du Prd d’autant plus qu’aucune formation politique n’a réussi à le lui arracher depuis un peu plus de vingt ans.

La gifle de Yayi
Dans un passé récent, Moukaram Océni accompagné des sages et notables de la ville avait été reçu en audience par le chef de l’Etat. Au cours de cette rencontre, les élus Prd ainsi que le chef du parti avaient été présentés à l’opinion publique comme de farouches opposants au développement de la ville. Mieux, quelques jours plus tard, Boni Yayi s’est personnellement investi aux côtés du maire pour que les obstacles qui mettaient à mal l’exécution de certains projets soient levés. Cette gifle administrée au Prd, parti d’opposition, dans son fief de prédilection par le pouvoir, ceci par l’entremise de l’un de ses porte-étendards, ne pouvait pas demeurer sans réaction.

Le prix de l’affront
Moukaram Océni désormais rebelle ne pouvait pas rester impuni. La vengeance est un plat qui se mange froid, dit le dicton. Les conseillers Prd de Porto-Novo ont, semble-t-il, opté pour cette tactique. Le refus du maire de démissionner du parti n’a pas suffi pour que la fronde qu’il a soulevée baisse en intensité. Bien au contraire, la colère et l’humiliation couvaient sous la cendre. Primo, une décision du bureau politique du parti arc-en-ciel impose à Moukaram Océni de ne plus participer à la vie du parti jusqu’à nouvel ordre. Secundo, un voyage qui ne manquera pas d’avoir des retombées pour la ville dont il tient les rênes vient de lui être refusé. Quelle autre mésaventure l’attend au prochain tournant ?
Indubitablement, Moukaram Océni paie cher le prix de son affront à Me Adrien Houngbédji. On ne tient pas impunément tête au leader des tchoco-tchoco qui, quoi qu’on dise, continue d’avoir le dernier mot au niveau de sa troupe. Le maire l’apprend à ses dépens.



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