Interdiction des prières musulmanes sur les places publiques : Talon doit se démarquer de Toboula

Angelo DOSSOUMOU 27 janvier 2017

Elle déchaine les passions. Encore plus ce vendredi, jour de prière, la décision du Préfet du Littoral, Modeste Toboula, d’interdire l’occupation de certaines rues de Cotonou par les fidèles musulmans focalisera les attentions. Les mouvements d’humeur ne sont pas exclus. Et pour cause, il y a une semaine, au nom de la libération des espaces publiques, la communauté musulmane de Cadjèhoun s’est vue brutalisée, par l’équipe préfectorale du Littoral, au moment où, elle se préparait à célébrer sa prière hebdomadaire. Jusqu’ici, aucune réaction de l’Exécutif et de son chef pour approuver ou désapprouver l’acte. Pourtant, au nom de la laïcité de l’Etat, le président Patrice Talon, garant de la paix sociale doit, au plus vite, se démarquer de cette dérive de Toboula. A moins de vouloir se rendre complice de la mise en péril de la cohabitation harmonieuse sur un même territoire des populations d’ethnies et de religions différentes, il est appelé à se mettre au dessus de la mêlée.
Sinon, comment expliquerait-on, plus tard, aux musulmans légitiment en rogne de se voir vider de l’espace public pour une occupation circonstancielle d’à peine une demi-heure, que bien de cultes qui se pratiquent aussi à des occasions sur l’espace public aient grâce aux yeux du préfet et du gouvernement ? Dans tous les cas, ce ne sont pas les catholiques habitués à défiler sur les voies publiques lors des fêtes du christ-roi, même s’ils en ont l’autorisation, ou les célestes abonnés à la plage qui applaudiront la fameuse décision préfectorale.
Taboula à tort. Talon en premier et les autres confessions religieuses en second doivent le lui faire comprendre. La religion est l’opium du peuple et à s’amuser à interdire, d’une manière ou d’une autre, l’expression des religions, c’est toucher à une corde sensible de la paix au Bénin. D’ailleurs, pendant plusieurs décennies, aucun gouvernement ou préfet n’a trouvé que l’occupation circonstancielle de la voie publique le vendredi pour le culte musulman était mauvaise. De façon tacite, ce droit a été donc acquis. Alors, que Taboula ne donne pas l’impression que le régime en place en a après les disciples de Mahomet, ou que certaines religions sont privilégiées que d’autres. Et, c’est à Patrice Talon de dire, tout haut, à son préfet : « touches pas aux cultes et aux religions ». Un simple geste du premier magistrat suffira à rassurer les musulmans. En attendant, on croise les doigts et plein d’optimisme, on attend que la fumée blanche sorte de la Marina. Inh’Allah !



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