Karamatou Fagbohoun au sujet de son soutien à la Rupture : « Je crois profondément en Patrice Talon… Je pense que l’horizon est radieux »

Adrien TCHOMAKOU 12 novembre 2018

Karamatou Fagbohoun ne marchande pas son soutien au Nouveau départ. Dans un franc parlé, la fille de l’homme d’affaires Séfou Fagbohoun a expliqué hier, sur une chaîne de télévision privée de la place, les raisons de son soutien aux actions du Gouvernement et de son adhésion au Bloc Républicain. Aussi, a-t-elle abordé plusieurs autres sujets dont les ennuis judicaires du Président Fagbohoun.

Quand on vous présente comme femme politique, il y a certaines personnes qui estiment que vous n’avez pas le statut, puisque n’ayant pas un mandat électif. Que leur répondez-vous ?
Je ne crois pas que pour avoir le privilège d’être une femme politique, il faut forcement passer par une élection. J’ai fait mes premiers pas politiques derrière le Président Fagbohoun depuis 1999. Je pense que sur ce plan, on peut m’appeler femme politique. C’est ceux qui ne connaissent pas mon parcours qui pourront penser ainsi. J’ai été de tous les combats du Madep auprès du Président Séfou Fagbohoun. Ceux qui me connaissent sur le terrain, savent que je suis une femme politique.

Votre sortie politique du 5 juin 2018 vous a permis de réaffirmer votre soutien aux actions du Président Patrice Talon. En quoi c’était nécessaire ?
A mon avis, on n’allume pas une lampe pour la déposer sous le boisseau. Si je suis derrière le Président Talon, il faut que je le fasse savoir. Pour moi, c’était important de faire cette déclaration à Adja-Ouerè le 5 juin 2018.

Pourquoi Adja-Ouèrè lorsqu’on sait que par le passé vos activités politiques étaient plutôt concentrées dans la 19e circonscription électorale ?
La 21e circonscription électorale est ma circonscription électorale natale. Je crois que tous les leaders politiques de la 21e me connaissent. C’était important pour moi de venir renforcer les militantes et les militants qui, depuis 2016, travaillent auprès du Chef de l’Etat.

Aviez-vous reçu l’onction de Séfou Fagbohoun puisque vous êtes allée dans sa citadelle pour déclarer votre soutien au Gouvernement de Patrice Talon ?
Il était au courant de ma sortie. Mais permettez-moi de vous dire qu’à mon âge, je peux bien me passer d’une permission. Cependant, le Président Fagbohoun était informé de ma sortie politique.

A-t-il approuvé le contenu de votre sortie ?
Il a approuvé ma sortie parce que je suis venue l’en informer. Je ne lui ai pas dévoilé le contenu. Je lui ai dit que je venais faire une déclaration pour soutenir le Chef de l’Etat. A cela, il n’a rien trouvé à me dire.

Certaines personnalités politiques proches de Séfou Fagbohoun estiment que c’est une aventure personnelle. Et quand vous déclarez que Fagbohoun n’est ni de la majorité, ni de l’opposition, c’était un peu hasardeux de votre part.
Je n’ai pas dit lors de cette sortie qu’il n’était ni de la majorité, ni de l’opposition. J’ai dit qu’il n’était pas de l’opposition. Pour moi, ce n’est pas une aventure. Quand on entreprend quelque chose, on s’y lance. Je crois profondément en Patrice Talon. Ce n’est pas une aventure mais la réalisation de quelque chose qui me tient à cœur. J’ai voulu afficher au grand jour ma volonté d’apporter ma petite pierre à l’édifice. Ce que fait aujourd’hui le Chef de l’Etat vise tout simplement à construire et à développer notre pays. Et pour cela, tous les Béninois devraient être fiers de participer à ce challenge.

Comment comprendre que Séfou Fagbohoun ne soit dans l’opposition avec ce silence inhabituel qui peut être interprété comme un désaccord avec la gouvernance de Patrice Talon ?
Le Président Fagbohoun est à quelques centaines de kilomètres de Cotonou. Si vous voulez connaître son opinion, vous pouvez vous rendre chez lui et il vous répondra.

Seriez-vous devenue un instrument de chantage pour le Président Patrice Talon pour obtenir le soutien franc de Séfou Fagbohoun, comme certains le pensent ?
Pas du tout. Le dire ainsi, c’est méconnaître le Président Patrice Talon. C’est quelqu’un qui ne pourrait jamais instrumentaliser une fille contre son père. Pendant la campagne de la Présidentielle de 2016, il m’a demandé de ne pas le soutenir ouvertement. Parce qu’il ne souhaitait pas que la politique divise une fois encore une famille. C’est grâce à ses conseils que je me suis mise en arrière-plan pour pouvoir faire la campagne présidentielle. C’est quelqu’un qui est doué d’une grande probité. Je vous assure qu’entre Patrice Talon et moi, il n’y a jamais eu un contrat de marchandage. C’est ma volonté, ma foi en lui et à son Pag qui m’ont fait venir auprès de lui. A aucun moment, il n’a été question d’instrumentaliser.

Vous avouez que votre soutien vient du cœur. Mais autour du Président Talon, il y en a qui pensent que Sefou Fagbohoun est de l’opposition. Est-ce que les gens ne doutent pas de la sincérité de votre engagement ?
A aucun moment, depuis que je suis avec le Chef de l’Etat, je n’ai senti une quelconque gêne de la part de qui que ce soit. Je n’ai jamais été dérangée ou senti des regards malveillants.

Quand vous avez un père qui vous a tout donné et qui a préféré le silence face à ce régime et que vous avez cette position, êtes-vous à l’aise ?
Je suis complètement bien à l’aise. Je vous fais cette confidence. Pendant la préparation de la cérémonie de lancement du Pag, j’ai eu un coup de fil du Président Fagbohoun qui me disait qu’il a appris que je fais partie de ceux qui ont été retenus pour l’organisation. Il m’a recommandé de bien faire mon travail, de tout mon cœur. Je ne crois pas qu’entre le Président Fagbohoun et le Président Patrice Talon, il y a un problème.

Vous entendez les opposants dire que le mode de gouvernance depuis 2016 consolide l’appauvrissement de la masse populaire. Mais pourtant vous soutenez le régime. Comment peut-on comprendre cela alors que vous êtes présentée dans certains milieux comme une femme de cœur ?
Ce que je peux vous dire est que quand on parle en 2018 de délestage, c’est une affaire qui est résolue. Nous n’avons plus ce problème, en dehors de petites coupures qui sont dues à des raisons secondaires, à de petites pannes de secteur. Aujourd’hui, le délestage ne fait plus partie de notre pays. C’est une action concrète du Président Patrice Talon. On parle aujourd’hui de cantines scolaires. Nos enfants vont à l’école et sont nourris de manière saine et durable. C’est encore une réalité que plus de 6 milliards 800 millions de Francs Cfa sont consacrés à cela dans le budget de l’Etat. Ensuite l’asphaltage est rentré dans le vocabulaire des Béninois. Grâce au Chef de l’Etat, l’asphaltage est devenu une réalité à Parakou, Cotonou, et Porto-Novo. Il faut encourager le Chef de l’Etat à finir en vue de mettre le pays sur la voie du développement.

Il se fait qu’une partie de la population béninoise ne voit pas les choses de la même manière
Cette partie de la population, je ne la vois pas. Je ne la connais pas non plus. Plutôt que de voir le verre à moitié vide, elle le voit à moitié plein. La population que je côtoie, encourage le Chef de l’Etat et comprend que depuis des années, on vivait mal. D’une manière générale, nous étions tous au biberon avec de mauvais aliments. On ne travaillait pas assez et les rémunérations ne sont pas à la hauteur de notre travail. Le Président Patrice Talon a mis fin à ça. Aujourd’hui, un Béninois qui travaille vraiment, aura son salaire et la valeur de ce qu’il a produit. Il n’y aura pas de décalage entre la rémunération qu’on donne et la production qui est faite. Ce sont les fondamentaux d’un bon développement.

Qu’est ce qui peut expliquer alors l’impatience de certains Béninois ?
Je ne côtois pas ce Béninois qui est impatient. Ce qui se faisait avant par les anciens Gouvernants n’étaient que du sevrage. Aujourd’hui, le Chef de l’Etat s’attaque à la pauvreté. Il ne cherche pas à résoudre une situation ponctuelle. Il cherche à ce que ses compatriotes, du bas âge jusqu’à la vieillesse, puissent être préservés de cette précarité. Quand on prend le Projet Arch, il y a quatre axes fondamentaux. Il assure la protection de la fille béninoise, qu’elle soit en période de productivité ou non. Il y a l’assurance retraite, l’assurance maladie, les formations et les microcrédits.

Comment voyez-vous l’horizon surtout pour les femmes et les jeunes ?
Je pense que l’horizon est radieux. Il est ensoleillé pour les femmes, les jeunes et les populations. Le Président Talon est celui qu’il faut au gouvernail de ce pays. Il a montré depuis 2016 qu’il faut qu’on s’essaye avec lui. Il nous a montré qu’il était compétent pour le job.

Parlons à présent de vos choix politiques en relation avec la réforme du système partisan. Lequel des blocs allez-vous rejoindre ?
J’ai choisi la Dynamique Républicaine, auprès des Présidents Houngbédji, Bio Tchané, Gbian. Je militerai à leurs côtés pour faire enraciner les idéaux de la rupture et faire comprendre aux populations que le Nouveau départ est le seul chemin que nous devons suivre pour l’éclosion de notre pays.

Jusqu’où êtes-vous prêtes à aller quand on sait que le Président Fagbohoun a eu par le passé des ennuis judiciaires ? Continuerez-vous à soutenir le Président Talon si des dossiers refont surface ?
Les ennuis de Fagbohoun n’ont pas commencé avec le Président Patrice Talon. Ensuite, je fais confiance à la justice de mon pays. Je suis entièrement confiante que c’est une justice indépendante. Quant à monsieur Fagbohoun, je le sais honnête. Au Bénin, nous sommes 10 millions de justiciables. La justice a le droit à tout moment de nous interpeller sur un dossier ou un autre. Nous n’avons pas le droit de nous soustraire à la justice. Je peux vous dire que monsieur Fagbohoun est serein chez lui. Le moment venu, si une telle chose arrivait, il saura se défendre. Je vous vois venir. Si c’était le cas, ne venez pas dire qu’il y a une machination ou une main du Chef de l’Etat. Je suis engagée derrière le Président de la République, et c’est un engagement qui vient du cœur et auquel je serai fidèle. Je voudrais vous dire que si une quelconque chose arrivait, n’y voyez pas une main invisible du Chef de l’Etat, car le Président Patrice Talon a beaucoup d’autres choses à faire. Il n’a pas le temps de s’occuper de X ou Y. il faut éviter de le mêler à ces choses.

Votre mot de la fin
Je voudrais m’adresser particulièrement aux femmes et aux jeunes de notre pays. Les femmes aujourd’hui ne sont plus en situation de faiblesse dans les réformes. Pour les jeunes, le Chef de l’Etat a développé une kyrielle d’instruments et de réformes pour les accompagner et leur permettre de se révéler. Je voudrais que les populations continuent d’encourager le chef de l’Etat et de ne pas prêter flanc aux intoxications. Il ne faut pas que les gens prêtent oreilles à ceux qui ont perdu le pouvoir et qui veulent à tout prix le regagner. On sait ce qu’ils ont fait avec notre pays ces dix dernières années. Je souhaite beaucoup de courage aux femmes et aux jeunes dont j’en fais partie. Restons soudés comme un seul homme derrière le Président Talon.
Transcription : Adrien TCHOMAKOU



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