Le Président Adam Boni Tessi sur Frissons Radio : « Notre rôle, c’est d’arrêter les dérapages »

La rédaction 25 mai 2018

Suite aux réactions suscitées par la décision de suspension du quotidien La Nouvelle Tribune, le Président de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (Haac) s’est prononcé sur Frissons Radio. Adam Boni Tessi dit avoir agi pour faire respecter les textes.

Ne trouvez-vous pas lourde la sanction infligée au Journal La Nouvelle Tribune ?
Pas du tout. C’est juste un acte qui a été posé pour permettre au responsable de l’organe de passer en audition publique. Par rapport aux dérapages que nous avons constatés sur une certaine période, nous avons juste appliqué les textes. Nous avons cité le code de déontologie et de l’éthique dans les médias et le code de l’information et de la communication. C’est les dispositions que ces textes ont prévues que nous avons appliquées.

Vous auriez pu laisser le Président de la République lui-même porter plainte, par exemple.
Ce n’est pas la première fois que nous réagissons. Nous avons l’habitude de réagir par rapport aux citoyens ordinaires. Le Président de la République est également une institution. Nous sommes une institution de régulation. Nous sommes chargés de suivre la presse. Nous n’attendons pas que quelqu’un se plaigne avant d’agir. Notre rôle, c’est d’arrêter les dérapages. Non seulement nous veillons à la liberté de la presse, mais aussi nous veillons au respect des textes.

N’est-ce pas un peu mal vu, surtout que nous sommes dans une situation sociopolitique tendue ?
Cela ne doit pas être mal vu, étant donné que la sanction a été prise sur la base des textes. Nous avons les meilleurs textes. Au Bénin, nous avons le Riarc qui est l’association des instances de régulation au plan africain. Et au plan normatif, aucun pays n’a les meilleurs textes, en dehors du Bénin. Nous sommes chaque fois cités en exemple. Donc, nous devons veiller à cela.

Savez-vous qu’on peut perdre des points au classement RSF ?
On a toujours perdu des points. Par rapport aux Rsf, ils ne nous ont jamais écoutés. C’est tout à l’heure qu’ils ont appelé et me disaient que c’est les organes de l’opposition qui sont souvent épinglés. Je leur ai dit que notre rôle était de réguler, pas plus. Je veille au respect des textes. On ne crée pas un journal pour des règlements de comptes. C’est une question de responsabilité.

Nous avons appris que c’est une décision que vous avez prise en toute indépendance.
J’ai cité tous les dérapages commis par La Nouvelle Tribune. Les gens sont-ils contents quand ils lisent les griefs portés contre eux ? C’est exprès que j’ai cité ces dérapages. Une personne normale ne doit jamais dire qu’il y a une télécommande.

Combien de temps va durer la sanction ?
La sanction va durer un mois au maximum. Dès qu’il y a une plénière, nous allons en discuter au sein du collège des conseillers qui est compétent pour la suite à donner à cette mesure. J’ai posé mon acte, en tant que président de l’institution. Mais, c’est le collège des conseillers qui va apprécier.

En clair, peut-on retrouver La Nouvelle Tribune dans les kiosques dans un mois ?
C’est bien possible. Parce que, une fois en plénière, nous serons suspendus aux lèvres des conseillers.

Lisez-vous toutes les critiques contre vous depuis hier sur les réseaux sociaux et dans la presse ?
C’est des critiques de mauvaise foi. Des gens ne savent pas ce que disent les textes et racontent des conneries. Moi, je suis indifférent.

Il nous est revenu que vous avez pris cette décision sans informer les autres conseillers
Cela fait partie des prérogatives du président. Je n’ai pas à expliquer que j’ai consulté telle ou telle personne. Les délibérations de la Haac sont confidentielles.

Etes-vous prêt à recevoir Vincent Folly pour en discuter ?
S’il veut bien, il peut passer. Ma porte est ouverte. Je n’ai jamais refusé de rencontrer qui que ce soit.



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