Libération des espaces publics : Prime à la citoyenneté aux populations

Isac A. YAÏ 4 janvier 2017

Manu militari, les opérations de déguerpissement des populations qui se sont installées sur les espaces publics devraient démarrer le 2 janvier. En prélude à cette date annoncée à cor et à cri par les pouvoirs publics, des séances de sensibilisation ont eu lieu dans la dizaine de villes concernées par la mesure. Le ministère du cadre de vie et du développement durable qui a initié l’opération, les préfectures de même que les mairies ont dépêché des équipes sur le terrain pour expliquer aux populations le bien-fondé de la mesure. Au départ, beaucoup avaient cru à une blague, à une annonce de plus. Mais au fur et à mesure que l’échéance approchait, ils ont vite fait de se rendre à l’évidence. Et c’est tout naturellement que les promoteurs des milliers de commerces installés sur les espaces publics ont entrepris de restituer à l’Etat la portion du domaine public illégalement occupée par eux.
Que ce soit à Cotonou, Porto-Novo, Parakou, Abomey-Calavi ou Bohicon, pour ne citer que ces communes, les populations n’ont pas attendu que les pouvoirs publics mettent leur menace de déguerpissement forcé à exécution avant d’adhérer à l’opération. Les derniers jours du mois de décembre, nonobstant l’ambiance mi-figue mi-raisin des fêtes de fin d’année, un vent de contagion a soufflé sur le pays. Spontanément, les propriétaires de maisons ou promoteurs de commerces qui ont empiété sur le domaine public ont entrepris de le libérer. Sollicités, maçons, menuisiers et soudeurs se sont donnés la peine de détruire qui des édifices érigés en matériaux définitifs ou semi-définitifs, qui des baraques en fer solidement implantés aux abords des voies, qui des hangars ou des auvents.
Dans leur majorité, les occupants illégaux du domaine public indexés se mettent au pas. Ils n’ont pas voulu attendre les bulldozers et la force publique pour obtempérer aux injonctions de l’autorité publique. Un satisfecit pour le gouvernement qui a réussi à communiquer autour de l’opération et à susciter l’adhésion des personnes visées par la mesure. Ce mouvement d’ensemble est à saluer car les populations ont démontré ainsi leur attachement aux valeurs citoyennes et républicaines. C’est aussi la preuve qu’on n’avait pas vraiment besoin d’user de la force pour faire plier ceux qui sont dans l’erreur. Avec un peu de fermeté, les mis en cause ont compris et sont rentrés dans les rangs. Les équipes constituées pour le déguerpissement manu militari n’auront pas beaucoup de travail à abattre. Ils n’auront plus qu’à s’occuper des récalcitrants qui sont décidés à défier l’autorité, sachant bien qu’ils sont en erreur.

Le gain de la fermeté
Si ce résultat a été obtenu sur le terrain, c’est à cause de la fermeté dont a fait montre le gouvernement. Si les Béninois ont fait preuve du sens civique, c’est parce que l’Etat est resté ferme sur toute la ligne. Pas un seul instant, le ministre ou les préfets n’ont fléchi. Cela a pesé dans l’adhésion de tous pour la réussite de l’opération. Dès l’annonce de cette énième mesure, d’aucuns avaient pensé qu’il suffisait de négocier pour être épargné des casses. Mais au fil des jours et des semaines, ils se sont rendu compte qu’aucune dérogation n’était admise. Tous les occupants illégaux du domaine public étaient censés libérer cet espace au plus tard le 1er janvier. Cela a fait mouche. De manière générale, les réformes échouent parce que la fermeté fait défaut.
Même lorsqu’elles sont douloureuses, les populations peuvent adhérer aux réformes si elles sont convaincues de leur bien-fondé mais aussi et surtout si les pouvoirs publics restent fermes et intransigeants. C’est la leçon à retenir de la libération spontanée des espaces publics occupés depuis des lustres par des personnes privées à des fins commerciales notamment. Le gouvernement a su jouer à fond la carte de la fermeté et cela a payé. Au-delà de tout, la méthode adoptée qui n’admettait aucune compromission a incité les populations au sens du devoir et de la citoyenneté.



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