Limitation des partis politiques : L’indéfendable ‘’Non’’ de Robert Dossou

Isac A. YAÏ 7 mars 2017

‘’Je suis contre toute limitation des partis politiques. Parce que la liberté n’est pas à limiter. Qu’il y ait mille partis politiques, ça ne gêne en rien la démocratie…’’. Ainsi s’exprimait l’enseignant de droit constitutionnel et ancien président de la cour constitutionnelle du Bénin, à l’occasion de la table ronde sur les 27 ans de la conférence des forces vives de la nation organisée par le centre béninois de droit constitutionnel. Sans coup férir, Me Robert Dossou, venait alors de jeter un pavé dans la marre dans un contexte où, la question focalise toute les attentions. Point n’est besoin de rappeler à quel point le débat relatif à l’assainissement du paysage politique national, par une refonte complète du système partisan, est d’actualité. L’idée étant bien évidemment d’aboutir in fine, à une réduction substantielle du nombre des partis, pour entre autres, en faciliter le financement. Et le moins qu’on puisse dire est que ce projet de réforme, gage d’une meilleure participation des partis à l’animation de la vie publique, a fait l’unanimité jusque-là. En effet, La plupart des prises de position sur la question, qu’elles soient politiques ou intellectuelles, conviennent de la nécessité d’agir dans le sens d’une diminution du nombre des partis politiques. En l’état, la majorité des regroupements actuels, se comportent plutôt comme des clubs électoraux et ne correspondent au plan organisationnel, à rien qui fasse penser à des formations politiques sérieuses et pérennes, travaillant à s’enraciner et à s’étendre, pour véritablement peser dans les choix de gouvernance. Il est donc aisé d’expliquer la piètre performance de la classe dans son ensemble, aux différentes élections présidentielles successives, depuis le renouveau démocratique.
Il se pose donc un problème d’efficacité par rapport à l’influence qu’ils pourraient avoir, notamment sur les choix et orientations politiques successives. Et dans ces conditions, une telle posture de celui-là même qui passe pour l’un des pionniers de la conférence des forces vives de la nation, s’explique encore moins, quand on sait que la réforme va aboutir au financement public des partis, ce qui présente l’avantage entre autres, de libérer ces derniers de l’emprise du financement privé dont nul n’ignore les implications.
Bien évidemment, le contenu des réformes et les moyens pour atteindre ces objectifs passeront au scanner de manière à ce que les options qui seront retenues à la fin prennent en compte les préoccupations telles que celles qui ont été émises par l’enseignant de droit constitutionnel. Toujours est-il que les choses ne peuvent demeurer en l’état, et on ne peut continuer à en créer à tour de bras, pour un oui ou pour un non, si tant est que l’on attend des partis politiques une meilleure animation de la vie publique. Autrement, la désagrégation en cours du système politique actuel a un boulevard devant lui.



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