Marche de protestation du Front pour le sursaut patriotique : Le Fsp dénonce le « zèle de Toboula » et les « privatisations »

La rédaction 23 juin 2017

Les militants du Front pour le sursaut patriotique (Fsp) ont battu hier le macadam à Cotonou pour désapprouver la liquidation et la gestion déléguée des sociétés d’Etat, les licenciements et les mesures de restriction des libertés. Ils n’ont pas manqué, à l’occasion de saluer la décision du Chef de l’Etat autorisant leur marche.

Dans une convivialité inédite et sans la moindre intimidation de véhicules antiémeute, comme par le passé, les militants du Fsp ont pu se libérer hier de leurs frustrations et craintes, liées à la gouvernance, disent-ils, autocratique de la rupture. Presque une centaine de policiers ont été mobilisés pour la circonstance pour les encadrer, au nom de la liberté de manifestation, suite à la décision du Chef de l’Etat d’autoriser la marche.
Autour de 10 heures, la cour de la Bourse du travail résonne de la colère d’environ 500 militants et sympathisants, notamment des travailleurs ayant perdu leur emploi dans le cadre des réformes. Les pancartes et banderoles qu’ils exhibent, ajoutées aux slogans scandés donnent un aperçu de leur motivation : « Trop c’est trop ! On en a marre ! », « Non à la suppression d’emplois et des droits acquis des travailleurs de la Sonapra », « Debout la République pour un Bénin libre ». Les travailleurs de Libercom Sa, structure dissoute la veille n’ont pas manqué au rendez-vous.

« Le pouvoir de la rupture est entêté »
A 10h15, les dernières consignes sont données. Les membres du Bureau du Fsp ainsi que quelques personnalités rappellent les enjeux. Eugène Azatassou des Fcbe ouvre le bal des réquisitoires : « Le pouvoir de la rupture est entêté. Ce qui est en cause ici n’est pas politique. Il s’agit du bradage de tout le patrimoine béninois ». Paul Issè Iko de la Cstb appelle à la mobilisation : « Il faut qu’on se mobilise et que la prochaine fois, nous atteignons 50.000 manifestants ». Aboubacar Baparapé, Thérèse Wahouwa, Alassane Tigri, et bien d’autres dévoilent le tableau sombre de la situation socio-économique béninoise. Le Porte-Parole du Front, Jean Cocou Zounon, lance ensuite la marche.

Une traversée pacifique
La foule s’ébranle alors de la Bourse du travail, en direction de la ville. Dans la discipline, les manifestants traversent Gbégamey, marquent quelques minutes de pause devant l’église St Michel, puis poursuivent la protestation jusqu’à la lisière du marché Dantokpa. Ici, la foule devient plus compacte, une trentaine de bonnes dames du marché se joignent à eux. Certains usagers de la voie n’hésitent pas à encourager les manifestants, d’autres, par contre, critiquent leur attitude. « Allez travailler ! Ce n’est pas en marchant que vous serez rassasiés, lance un usager, peu avant l’Etoile Rouge.

« Talon a bien fait de rappeler à l’ordre Toboula »
Dans sa déclaration à l’issue de la marche, à la place de l’Etoile rouge, le Fsp accuse le Gouvernement en mettant un accent sur les mesures dites de privatisation. « Le Peuple ne compte plus. Il n’a droit qu’aux déguerpissements sauvages. Les travailleurs sont licenciés sans ménagement et sans perspectives. La santé publique est menacée par des mesures de privatisation. C’est contre cette gouvernance que le peuple s’est battu pour rejeter le projet funeste de révision de la Constitution », déclare Jean Cocou Zounon. Les mesures de restriction des libertés ont été dénoncées. « Le Peuple ne veut plus de violation des libertés publiques. Aujourd’hui, nous avons vaincu la mesure autocratique de Toboula. Nous avons détruit son mythe », a-t-il ajouté. Cécil Adjévi du Plp a quant à lui salué la démarche du Chef de l’Etat qui a autorisé la marche. « Talon a bien fait de rappeler Toboula à l’ordre. Nous n’avons rien contre le Président. Nous ne faisons que l’aider à développer le pays en lui disant ce qui va mal. Nous n’avons pas peur de lui dire la vérité ». Les manifestants sont repartis peu avant 13 heures chez eux, dans l’espoir d’être entendus ou à défaut, se retrouver à nouveau dans les rues.
Fulbert ADJIMEHOSSOU



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