Modernisation de l’Assemblée nationale : Houngbédji reçoit l’engagement des Ptf

Karim O. ANONRIN 6 décembre 2016

Dans soit ambition de jouer pleinement son rôle pour la consolidation de la démocratie et ainsi devenir une véritable institution de développement, le Parlement béninois s’est doté il y a quelques mois d’un document décliné en 9 axes pour les 8 prochaines années. Intitulé Plan stratégique de développement et de modernisation de l’Assemblée nationale (Psdma) 2016-2024, ledit document vient de faire l’objet d’une table ronde organisée par l’Assemblée nationale avec l’appui financier du Programme des Nations Unies pour le Développement (Pnud). C’était hier 5 décembre 2016 à Azalaï Hôtel de la Plage à Cotonou. Pour la mise en œuvre de ce Psdma dont les 9 axes sont l’assainissement du système partisan, l’instauration d’une culture d’éthique et de bonne conduite du parlementaire pour une bonne image des élus et du Parlement, le développement des systèmes d’information, du numérique et des échanges d’information entre les médias et l’Assemblée nationale, le développement de la diplomatie parlementaire, le renforcement des capacités des parlementaires dans la prise en charge des missions de l’Assemblée nationale en lien avec les besoins des populations, le renforcement des capacités de gestion administrative, financière et comptable de l’administration parlementaire, l’extension du champ et de la portée du contrôle de l’action Gouvernementale et du suivi de l’application des textes de lois, la sensibilisation des parties prenantes à une veille permanente et au suivi des dossiers de corruption et de mauvaise gestion de deniers et patrimoines publics, et la promotion du genre et des droits humains au regard des valeurs éthiques, morales de la culture béninoise et universelle, l’Assemblée nationale du Bénin aura besoin de la bagatelle de 6.895.000.000 Fcfa. Mais elle a pris l’engagement devant les partenaires techniques et financiers, de mobiliser elle-même 30% de ce montant soit environ 2 milliards de Fcfa.

Gouvernement, Parlement et Ptf, même combat
Les participants à la table ronde ont eu droit à une cérémonie d’ouverture qui a connu la présence du Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Bénin, Aurélien Agbénonci, du Coordonnateur résident du système des Nations Unies au Bénin, Siaka Coulibaly et des présidents des institutions de la République du Bénin. Dans son allocution, le coordonnateur du système des Nations-Unies a rappelé les démarches qui ont conduit à l’élaboration du Psdma 2016-2024. « …C’est depuis 2015, que le Programme des Nations Unies pour le Développement (Pnud) travaille avec l’Assemblée Nationale sur comment doter le Parlement d’un document stratégique qui intègre une vision prospective, holistique et cohérente de son développement, car il faut le dire, malgré les efforts consentis, les populations continuent de porter une attention sur l’insuffisance de la production législative, l’efficacité du contrôle de l’action du gouvernement et l’insuffisance de communication entre les députés et leurs mandants. Les deux parties, l’Assemblée Nationale et le Pnud, ont alors convenu de ce qu’il faut un "Plan stratégique de développement et de modernisation de l’Assemblée nationale" pour la période 2016-2024. Ce principe acquis, le bureau de consultants indépendants devant conduire cette mission a été retenu, la séance de cadrage organisée le 07 octobre 2015 et le lancement de l’Etude diagnostique le 19 novembre 2015 en présence de son Excellence le Président de l’Assemblée Nationale. Le processus de réalisation de ce travail a connu son épilogue le mardi 27 septembre 2016 dans les locaux du Parlement, à l’Hémicycle, à la suite d’un atelier d’adoption du Plan stratégique de développement et de modernisation de l’Assemblée Nationale et de son plan d’action par les Députés… », a dit Siaka Coulibaly. A sa suite, le Ministre des affaires étrangères et de la coopération, Aurélien Agbénonci, a salué l’initiative qui, selon lui, s’inscrit dans la droite ligne des ambitions du gouvernement pour la consolidation d’un Etat de droit au Bénin. « …Le Psdma 2016-2024 est un document important dans le développement de nos institutions et de notre démocratie. La rencontre de ce jour est un moment de convergence entre le Législatif et l’Exécutif. Les réformes que nous voulons vont dans le sens de doter notre pays d’une institution parlementaire de développement ; le Parlement étant le socle qui garantit nos libertés… », a laissé entendre le Ministre Aurélien Agbénonci. Le président de l’Assemblée nationale, Me Adrien Houngbédji quant à lui, a rappelé le bien-fondé de l’initiative tout en remerciant les représentants des Ptf qui y ont cru en prenant part à la table ronde. Il faut noter que les Ptf présents, dans leurs différentes interventions, épousent l’initiative qu’ils ont d’ailleurs promis accompagner.
(Lire ci-dessous discours du président de l’Assemblée nationale)

Madame et Messieurs les Membres du Bureau de l’Assemblée nationale
Mesdames et Messieurs les membres de la Conférence des Présidents,
Monsieur le Ministre des affaires étrangères et de la coopération
Madame et Messieurs les Membres du Gouvernement
Excellence Mesdames et Messieurs les membres du corps diplomatique et consulaire,
Excellence Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations internationales,
Messieurs les Directeurs,
Honorables invités,
Mesdames et Messieurs
,
Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue dans cette majestueuse salle de l’Hôtel AZALAÏ.
Merci pour avoir répondu aussi nombreux à notre invitation en dépit des contraintes liées à vos charges respectives.
Ce lundi 05 décembre 2016, marquera d’une pierre blanche la vie de notre institution. En effet, pour la première fois dans l’histoire de notre pays, l’institution parlementaire se met au-devant de la scène, face aux partenaires techniques financiers, pour leur présenter un plan stratégique et solliciter leur accompagnement dans sa mise en œuvre ; les Béninois sont plus habitués à voir plutôt le Gouvernement dans un tel exercice.
Mais s’il s’agit bien d’une première au Bénin, d’autres pays de la sous-région, l’ont déjà expérimenté avec succès ; c’est le cas du Parlement ivoirien et du Parlement burkinabè.

Chers Collègues Députés,
Mesdames et Messieurs,

A l’occasion de mon investiture, le 15 juin 2015, j’ai décrit ma vision pour notre Parlement en mettant l’accent, entre autres, sur une production législative de qualité, sur l’exigence de la réforme de notre système partisan et sur l’impérieuse nécessité de réformer notre institution dans ses règles de fonctionnement.
Au moment de ma prise de fonction, j’avais fait un diagnostic sur l’Assemblée nationale. Après un an passé à la tête de l’institution parlementaire, le Bureau et moi-même avons eu le temps d’affiner ce diagnostic et de rectifier ce qui peut l’être à court terme en fonction de nos moyens.
Aujourd’hui, nous sommes en mesure de faire une réelle projection de notre Parlement dans le temps et dans l’espace, et d’opérationnaliser les actions que nécessite son fonctionnement optimal.
C’est ce qui justifie l’élaboration d’un plan stratégique de développement et de modernisation. Ce plan a fait l’objet d’un atelier de validation par l’ensemble des Députés, le 25 septembre 2016, à l’hémicycle à Porto-Novo.

Mesdames et Messieurs,
L’Assemblée nationale a bénéficié et bénéficie du renforcement de ses capacités dans divers domaines avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), de la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF), de l’Association des parlementaires européens partenaires de l’Afrique (AWEPA) et d’autres partenaires. Je voudrais ici les remercier au nom de tous les Députés pour leur sollicitude constante qui est pour nous un encouragement à poursuivre sur la voie de l’édification d’une société véritablement démocratique.
Cependant, de l’avis de tous, et malgré les efforts consentis par les uns et les autres, notre niveau de performance doit être considérablement amélioré. C’est pour cela que, de concert avec les membres du Bureau de la septième législature de l’Assemblée nationale, nous avons souhaité inscrire les actions de l’institution dans une vision prospective, globale et cohérente.
J’ai eu l’opportunité de partager cette vision avec la plupart de vos représentants que j’ai eu l’honneur de recevoir en audience. Je les remercie une fois encore pour l’intérêt qu’ils ont manifesté à cette vision et pour leur encouragement à aller de l’avant.
C’est l’occasion pour moi de témoigner ma reconnaissance à Monsieur le Représentant Résident du PNUD, Coordonnateur Résident des Activités Opérationnelles du Système des Nations Unies au Bénin et à ses prédécesseurs pour leur soutien inestimable à notre Parlement dont le point d’orgue est la réalisation de « Radio Hémicycle » qui fait la fierté du Bénin et est admirée au-delà de nos frontières.

Mesdames et Messieurs,
Dans un instant, vous suivrez les grandes lignes du plan et les principales actions à travers une brève présentation de son contenu.
Les perspectives générales de ce plan sont établies sur la période de 2016 à 2024 ; il présente les grands défis de l’Assemblée nationale pour les huit (08) prochaines années, en même temps qu’il décline les différents axes stratégiques, leur traduction en un plan d’actions prioritaires sur la période 2016-2019.
L’ensemble est assorti d’un mécanisme de suivi-évaluation.

Mesdames, Messieurs,
Nul n’ignore la place de l’Assemblée nationale au sein des institutions de notre pays.
Le renforcement de la démocratie passe inévitablement par le renforcement du Parlement ; c’est-à-dire, un Parlement à même de faire des lois de qualité, qui contrôle efficacement l’action du Gouvernement parce que lui-même doté de moyens efficaces pour le faire ; un Parlement à la pointe des technologies de l’information et de la communication ; un Parlement capable d’établir une interaction permanente entre ses membres d’une part, et les populations qu’il représente d’autre part. Un Parlement ouvert sur les institutions interparlementaires de coopération et, pour tout dire, sur le monde. Un Parlement de développement qui accompagne le Gouvernement dans la dimension internationale de son action à travers une diplomatie parlementaire elle-même axée sur le développement
Nous voulons un Parlement dont chaque membre est un acteur de l’économie numérique. Aujourd’hui les Nouvelles technologies sont présentes dans tous les compartiments de l’activité humaine. Elles bouleversent nos habitudes. Elles nous interpellent en tant que citoyens, en tant que politiques et en tant que législateurs. Notre Assemblée nationale ne saurait donc rester en marge d’une telle révolution.
Celle-ci implique le renforcement des capacités dans le domaine de la légistique et une assistance accrue aux Députés dont les cabinets devront être plus opérationnels à travers le recours à l’expertise extérieure.
Pour contrôler effectivement l’action Gouvernementale, les Députés doivent disposer des instruments adéquats. Quelle image projetterait un Parlement au sein de l’opinion s’il n’est en mesure de contrôler efficacement les nombreuses ressources octroyées au Gouvernement à travers le budget général de l’Etat et les autorisations de ratification d’accord de crédit pour des projets d’investissement.
De même qu’il n’y a pas de Parlement sans les Députés, de même on ne peut imaginer un Parlement sans le personnel parlementaire qui constitue la première ressource d’appui. C’est pourquoi le vaste chantier de réformes dont je rêve pour le Parlement ne peut laisser de côté le personnel qui a besoin d’être formé dans tous les domaines afin de mieux appuyer les Députés dans leurs missions constitutionnelles.
Chers collègues,

Mesdames, Messieurs,
Ce vaste chantier appelle la contribution de chacun et de tous. C’est la volonté de concrétisation de ce chantier qui explique votre présence ce jour en ces lieux.
Ce plan ambitieux s’étend de 2016 à 2024 soit deux législatures. Il s’agit de voir loin et grand et les actions envisagées vont au-delà de nos personnes, au-delà du Bureau actuel, pour s’inscrire dans une dynamique de continuité : voir et prévoir pour les législatures à venir, voir et prévoir pour les générations à venir.
Le plan a retenu neuf (09) axes stratégiques, que sont :
i. l’assainissement du système partisan ;
ii. l’instauration d’une culture d’éthique et de bonne conduite du parlementaire pour une bonne image des élus et du Parlement ;
iii. le développement des systèmes d’information, du numérique et des échanges d’information entre les medias et l’Assemblée nationale
iv. le développement de la diplomatie parlementaire
v. le renforcement des capacités des parlementaires dans la prise en charge des missions de l’Assemblée nationale en lien avec les besoins des populations
vi. le renforcement des capacités de gestion administrative, financière et comptable de l’administration parlementaire
vii. l’extension du champ et de la portée du contrôle de l’action Gouvernementale et du suivi de l’application des textes de lois ;
viii. la sensibilisation des parties prenantes à une veille permanente et au suivi des dossiers de corruption et de mauvaise gestion de deniers et patrimoines publics ;
ix. la promotion du genre et des droits humains au regard des valeurs éthiques, morales de la culture béninoise et universelle ;
Comme vous pouvez le constater, le chantier est assez grand et ne pourrait être l’œuvre d’une seule partie. Une synergie d’actions entre la communauté internationale et nous, et entre vous-mêmes partenaires, me semble nécessaire pour impulser la dynamique nécessaire à notre ambition.
En votre qualité de partenaires du Bénin, je ne doute pas que vous manifesterez un réel intérêt à notre projet et permettrez ainsi à notre pays d’honorer de manière aisée ses engagements de construire des institutions démocratiques fortes et stables, c’est-à-dire des institutions capables de contribuer à la construction d’un véritable État de droit, de garantir la liberté et la justice, d’assurer l’égalité en droits et en devoirs des citoyens, de lutter contre la corruption, de créer un climat favorable aux affaires, de remettre tous les enfants du pays au travail, d’organiser la solidarité, bref des institutions capables de promouvoir la bonne gouvernance politique et économique.
Le schéma de financement du plan prévoit que l’Assemblée nationale, en sa qualité d’institution de souveraineté nationale, apporte une part substantielle des ressources à la réalisation de la plupart des axes stratégiques identifiés. Cependant, il restera toujours un gap à combler pour lequel les financements extérieurs doivent impérativement être recherchés.
Les ressources financières et appuis techniques attendus de cette Table ronde viendront, en conséquence, traduire la solidarité de la communauté internationale vis-à-vis du Bénin. Je voudrais donc renouveler notre gratitude aux pays amis, aux institutions et organisations bilatérales et multilatérales pour l’appui constant qu’ils apportent au renforcement de la démocratie dans notre pays.
Tels sont les mots introductifs que je tenais à vous exprimer, en vous remerciant une fois de plus de votre participation à cette Table ronde que je souhaite vivante, par des échanges ouverts, exhaustifs, francs et fructueux.
En souhaitant pleins succès à nos travaux, je déclare ouverte la Table ronde des partenaires sur le financement du plan stratégique de développement et de modernisation de l’Assemblée nationale du Bénin.
Vive la coopération internationale !
Vive le Bénin !
Je vous remercie.



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