Négociations gouvernement-syndicats : pas de grandes avancées

Arnaud DOUMANHOUN 16 septembre 2016

Le rêve d’une reprise des classes apaisée que nourrit le régime du Nouveau départ a du plomb dans l’aile. Les conclusions de la première journée des négociations gouvernement-syndicats conduites par le ministre du plan et du développement, Abdoulaye Bio Tchané, n’augurent pas d’heureuses perspectives. Le chemin est encore long si le président Patrice Talon tient à convaincre les partenaires sociaux de la bonne foi du gouvernement à répondre aux exigences de l’heure pour une rentrée scolaire sans perturbations. En effet, aucun accord substantiel n’est obtenu sur les points cruciaux après les échanges d’hier. Il s’agit notamment de la question liée à la pénurie d’enseignants. Sur le sujet, les membres du gouvernement sont restés intransigeants. « Ils ont dit qu’ils sont contraints par les textes. Il faut attendre au moins quatre mois pour voir des recrutements dans le secteur de l’éducation », a déclaré le secrétaire général adjoint de la Cgtb, Kissi Michel. Le secrétaire général de la Csa-Bénin, Dieudonné Lokossou a aussi précisé que le gouvernement entend recruter, mais sur la base des concours, conformément aux textes. C’est-à-dire donc, pas avant la rentrée scolaire 2016-2017. Une décision aux antipodes de la conviction du secrétaire général de la Cosi, Noël Chadaré, et de celui de la Cstb, Paul Esè Iko. « Il faut qu’on donne priorité aux préparatifs d’une rentrée apaisée. Ceci, en posant des actes tels que le recrutement des enseignants qualifiés, sortis des écoles normales et qui sont au chômage. Si tant est qu’on veut apporter la qualité au système éducatif et qu’on veut voir les résultats améliorés… », a confié le Sg Cosi à la rédaction de votre journal, dans sa parution du 14 septembre 2016. Une opinion entièrement partagée par le Secrétaire général de la Cstb, Paul Esè Iko qui est resté sur sa faim au terme des échanges d’hier. « Que le gouvernement dédouble les classes engorgées. Qu’il recrute les enseignants sortis des écoles normales », a-t-il insisté. Il faut faire observer que le Front des trois ordres de l’enseignement est affilié à la Confédération des syndicats indépendants (Cosi), et plusieurs autres syndicats du secteur sont membres de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb). C’est dire que la plupart des enseignants sont affiliés à ces deux confédérations. Le gouvernement a aussi décidé de se passer de la main d’œuvre apportée par les volontaires redéployés par l’Agence nationale pour l’emploi (Anpe). Ce qui devrait théoriquement accentuer le besoin en ressources humaines de qualité.
Que feront les syndicats si le gouvernement reste attaché à sa politique de recrutement selon les textes, malgré l’urgence signalée ? Les jours à venir nous édifieront.

La Flash, une préoccupation des syndicats
La Cstb s’est montrée aussi préoccupée par la situation des étudiants exclus et l’invalidation de l’année académique à la Faculté des lettres, arts et sciences humaines (Flash), et invite le gouvernement à prendre ses responsabilités. « L’Uac n’est pas une université privée. Que les gens soient responsables », a laissé entendre Kassa Mampo Nagnini, Sga-Cstb. Sur la question de l’université, la Cgtb s’oppose également à la mesure d’exclusion des 21 étudiants. « Il faut reconnaitre que les 21 étudiants portent le poids des milliers de personnes. La Cgtb a été radicalement contre cet état de chose, ça bannit le droit à la manifestation », a déclaré Pascal Todjinou.

Les subventions aux établissements publics, bientôt payées
Globalement, le seul point sur lequel les représentants du gouvernement ont rassuré les partenaires sociaux dans le secteur éducatif est relatif aux subventions de l’Etat aux établissements publics. Contrairement à ce qui se fait ces dernières années, le régime du Nouveau départ a promis de libérer une avance dès la reprise des classes. Pour ce qui concerne les primes de rentrée, les mesures sont déjà prises pour qu’à la journée pédagogique du 29 septembre prochain, les enseignants reçoivent leur dû. Mais la revendication liée au payement des 1.25 sur l’indice de traitement des salaires aux enseignants à la retraite devra aussi attendre l’année prochaine. Le gouvernement a promis de régler la question en 2017. En somme, pas de grandes avancées.



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