Négociations Gouvernement – Syndicats : Un budget additionnel de 1 milliard au profit des enseignants en 2018

Patrice SOKEGBE 18 mai 2018

Gouvernement et centrales syndicales se sont retrouvés à la table de négociation hier. A l’issue de cette rencontre qui marque la fin de la première session ordinaire des négociations, plusieurs points ont été abordés. Selon le Ministre d’Etat chargé du plan et du développement, Abdoulaye Bio Tchané, le gouvernement a mis sur la table, pour l’enseignement, un budget additionnel d’un milliard pour cette année 2018, et d’un milliard et demi pour l’année prochaine. Aussi, le gouvernement a concédé de signer 6 arrêtés d’application des statuts particuliers, tant à l’enseignement primaire que secondaire. Par contre, les centrales et confédérations syndicales estiment que rien n’a bougé, que ce soit pour les revendications, les questions de liberté, de revenus des travailleurs, la réévaluation du point indiciaire et du Smig. Elles ont alors exigé qu’une session extraordinaire soit organisée pour une satisfaction rapide de leurs revendications.

impressions de quelques personnalités
Abdoulaye Bio Tchané, Ministre d’Etat chargé du plan et du développement
« Le gouvernement a mis sur la table, pour l’enseignement, un budget additionnel d’un milliard pour cette année 2018… »

« Nous venons de finir la première session ordinaire des négociations et nous allons signer plus tard le relevé des conclusions. Ce que je peux vous dire, c’est que nous terminons sur la base des travaux qui ont eu lieu dans chacun des ministères. Dans les discussions, nous sommes arrivés à plusieurs conclusions. Au niveau du secteur de l’éducation, le principal sujet, c’était l’application du statut particulier. A la demande des syndicats de base et des centrales, le gouvernement a concédé de signer 6 arrêtés d’application de ces statuts, tant à l’enseignement primaire qu’à l’enseignement secondaire. Ce faisant, le gouvernement a mis sur la table, pour l’enseignement, un budget additionnel d’un milliard pour cette année 2018, et d’un milliard et demi pour l’année prochaine. C’est la conséquence financière de la décision du gouvernement. Nous avons aussi décidé, à la demande des syndicats, de prendre des mesures pour le paiement effectif des enseignants vacataires. Donc, les dispositions sont prises pour que ces enseignants soient payés régulièrement. Dans les autres secteurs, au niveau de l’enseignement supérieur, un accord a été trouvé tout comme un accord a pu être trouvé au niveau du ministère de la justice et du ministère de la santé. Et le point a été fait dans les autres ministères, en particulier le ministère de l’économie numérique, le ministère de l’agriculture et le ministère des infrastructures et des transports. C’est alors en résumé, les principales conclusions auxquelles nous sommes arrivés, et ces conclusions vont être rapportées dans un document de relevé de conclusions que nous allons signer dès qu’il sera prêt.
Sur le salaire minimum, la principale discussion portées sur l’application et l’implication de cette décision ne peut se faire qu’avec le patronat et le gouvernement, qui a déjà engagé des discussions avec le patronat dans un autre cadre. Ce n’est pas avec les centrales qu’il faut discuter de cela.
Sur les défalcations, les syndicats et les centrales syndicales ont formulé des requêtes et nous avions pris acte de ces requêtes.

Noël Chadaré, Sg Cosi-Bénin
« Nous ne sommes pas sortis de la crise, elle est toujours là »

Il a été question de la poursuite des négociations dans les autres secteurs pour aboutir à la signature d’un relevé de conclusions. Cependant, nous ne sommes pas sortis de la crise, elle est toujours là. Il fallait revenir sur les problèmes de défalcations et aussi évoquer les statuts particuliers des enseignants. Nous n’étions pas d’accord avec le montant qu’on nous proposait. On n’a pas eu la possibilité de faire ces discussions parce que le ministre d’Etat a estimé qu’on pourrait continuer les négociations au cours d’une autre session, mais à ce moment où je vous parle, il faut reconnaître que nous avons dit clairement que nous ne sommes pas d’accord avec ce qu’on nous propose. Ce qui est proposé aux enseignants, c’était des primes totalement insignifiantes. Nous ne sommes pas d’accord avec cela, parce que ça ne favorise pas la fonction enseignante. Il y a aussi d’autres points sur lesquels il fallait revenir, mais qui n’ont pas été abordés. On fera parvenir dès demain le projet de relevé des conclusions auquel nous apporterons des amendements.
Un relevé des conclusions est rédigé dans la forme que nous connaissons. On marque les points d’accord et de désaccord. Nous signerons si tous les sujets qui ont été abordés figurent sur le relevé des conclusions. Nous allons veiller à ce que le comité de rédaction tienne compte des amendements que nous aurons apportés. Il est évident qu’il y aura des sessions extraordinaires parce que la situation n’est pas encore réglée. Donc, il est indispensable qu’on se retrouve à nouveau au cours d’une session extraordinaire pour trouver des solutions aux problèmes qui nous divisent. Evidemment, ce sera à la demande des centrales ou du gouvernement. Si on reste là sans avoir réglé la situation des défalcations, des statuts particuliers des enseignants, le ciel sera nuageux. Il risque d’avoir des précipitations, ce qui n’est pas bien. Nous aspirons tous à la paix. C’est une paix qui est précaire. Nous voulons que cette paix s’inscrive dans la durée. Pour cela, nous voulons que le gouvernement mette à profit l’accalmie à la suite de la suspension des motions des centrales syndicales pour régler les problèmes. Sinon, on pourra encore se retrouver dans une situation de cessation de travail, ce que nous ne souhaitons pas. Parce que ce n’est pas facile aussi de gérer une situation de crise. On a le sentiment que le gouvernement ne fait pas d’effort. C’est une question de volonté et d’éthique. Si on n’a pas la volonté, on ne fera rien. Donc, le gouvernement doit faire l’effort de bouger les lignes. On est prêt à faire des concessions, mais le gouvernement doit aussi faire des efforts. On ne peut pas vivre dans une société où il y a la cherté de la vie. On n’a qu’à revoir l’indice salarial ou le Smig à la hausse. C’est des choses justes que nous demandons. Il faut déjà penser aux travailleurs dans le budget de 2019. Et c’est comme cela qu’on pourra calmer les uns et les autres. Sinon, il y aura toujours des manifestations. La grève n’est pas seulement le seul moyen de lutte. Il y a d’autres formes de lutte que nous pouvons utiliser. Nous ne souhaitons pas ça pour ce pouvoir, nous voulons un climat apaisé pour qu’il conduise le Pag. Mais on ne peut pas se développer tant qu’il y a la tension. Le gouvernement a intérêt à ce qu’il y ait accalmie.

Kassa Mampo, Sg Cstb
« C’est inacceptable et inadmissible…Au total, 28000 pour les enseignants les plus gradés pour six primes par an.. »

« On a assisté à une conférence de presse où les secrétaires généraux sont des journalistes et les membres du gouvernement présentent leurs programmes. En réalité, tout se résume au Pag où chaque ministre vient présenter ce qu’il fait dans son secteur en parlant un peu des travailleurs, sans dire exactement ce qui est retenu pour les travailleurs. Les ministres du développement, des transports, infrastructures, économie maritime, enseignement supérieur et autres ont parlé de tout sauf des problèmes des travailleurs de nos revendications, des questions de liberté, de revenus des travailleurs, la réévaluation du point indiciaire et du Smig, la question de privatisation des sociétés d’Etat, de ruine de l’école, le statut particulier des enseignants, le manque criant des enseignants, la question des vacataires, des contractuels reversés depuis 2008 qui sont sans salaire. Et aujourd’hui, on nous dit qu’une commission a fini de travailler et qu’on a encore confié leurs dossiers à deux cabinets privés.
On s’attendait à ce que le gouvernement sorte finalement un certain nombre de mesures pour apaiser les travailleurs. Mais, nous nous rendons compte qu’on a eu droit à du théâtre. Rien de concret. Même la question de défalcation est restée sans solution. Et par rapport à cela le gouvernement ne dit rien.
Le gouvernement ne donne rien. C’est toujours de la ruse. La question des libertés s’est aggravée. Vous voyez comment ça se passe dans le pays. Mais, comment voulez-vous que nous soyons convaincus qu’il n’y a rien dans les caisses de l’Etat pendant que 22 milliards sont engloutis dans la lagune de Porto-Novo, et on dit que ça va se régler à l’amiable, alors que les travailleurs veulent un mieux-être et ça veut dire que le gouvernement lui-même ne prend aucune disposition pour mettre à l’aise les travailleurs. Pour la question de privatisation, nous avons dit qu’aucun Béninois ne peut accepter que le port du Bénin, après toutes les années d’indépendance et d’expériences, soit dirigé par des expatriés. C’est inacceptable et inadmissible. Les travailleurs doivent donc savoir qu’ils doivent s’organiser. Nous avons suspendu la grève pour nous réorganiser et reprendre de plus belle. Sinon, ce gouvernement ne donnera rien. Imaginez que les enseignants sénégalais du primaire et du secondaire sont partid de 60 000 Francs Cfa, il y a dix ans. Ils étaient à 60 000 francs de prime de logement. Aujourd’hui, ils sont à 100 000 francs Cfa. Ils ont connu une augmentation de 40 000 francs Cfa. Ici au Bénin, on nous propose des trucs de 2000, de 4000 par an. Au total, 28000 pour les enseignants les plus gradés pour six primes par an. Pendant ce temps, on ne connait pas le salaire des ministres. Alors, notre pays est en danger. Les gens prennent d’assaut le patrimoine national. C’est pour cela qu’il faut que tous les travailleurs se lèvent. Sinon, il n’y aura rien. Et je compte sur chacun de nous pour une exigence de la satisfaction de nos revendications ».



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