Nourou Dine Saka Saley : « Il faut que ce soient des dispositions réalistes et réalisables »

La rédaction 5 juillet 2018

J’ai été invité par la société civile, spécifiquement Social Watch, pour les entretenir sur les aspects techniques, c’est-à-dire la recevabilité de la procédure d’amendement de la Constitution. Il fallait que je les entretienne sur la faisabilité pratique, législative et surtout la procédure à observer avant les questions de fond. Sur les questions de fond, il n’y a pas eu de tergiversations particulières. Tout le monde a convenu que ce sont des dispositions qui étaient utiles et progressistes. Maintenant, sur la question de la procédure, vu que ça n’a jamais été expérimenté au Bénin, il fallait d’une certaine manière se demander s’il s’agissait d’une révision de la Constitution ou d’un amendement. Après mon exposé, où je précisais que ce n’était pas prévu dans la Constitution, l’He Alladatin a confirmé que c’est une pratique qui n’est pas dans notre loi fondamentale et que ce serait peut-être corrigé à l’occasion des débats. Donc, il fallait savoir si c’était le minima de 62 ou de 63 députés qu’il fallait pour entrer en discussion ou s’il fallait une majorité un peu moins forte. Je crois que nous allons le prendre au mot puisqu’il dit qu’il faut à minima 62 députés et que ce sera calqué sur la procédure de révision, avouant ainsi, qu’il ne s’agit pas d’un amendement mais d’une révision. Je pense que les prochains jours vont nous situer. Ce qui m’a enchanté est que c’est une leçon à donner au gouvernement et à sa majorité à l’Assemblée nationale. Dans le public, au tout début, avant mon exposé et celui de l’He Alladatin, on s’était rendu compte qu’il y avait un sentiment de suspicion. Après mon intervention et les réponses du député, on a vu que c’était le public qui était en train d’encourager l’Honorable à aller dans le sens de ce qu’ils ont prévu et a apporté un soutien à la procédure. Je me réjouis que ce soit une leçon au gouvernement et à l’Assemblée nationale que c’est seulement de manière inclusive que les réformes peuvent être acceptées par la population et ensuite au niveau politique.
L’He Alladatin s’est limité aux quatre points. Il a ajouté une question liée à une situation exceptionnelle où le président pourrait être amené à démissionner ou décéder. Je ne suis pas à convaincre sur la pertinence de ces réformes. J’ai été contre le fait que la révision de la Constitution n’ait pas dépassé le stade de l’initiative. Mais il faut que ce soient des dispositions réalistes et réalisables. Par exemple, sur la question de la discrimination positive, je trouve qu’elle n’est pas assez flatteuse pour la femme. Il faut qu’elle soit beaucoup plus réaliste. Après, les députés ont le génie pour apporter des solutions dans le sens d’une meilleure implication. Je me suis juste désolé que ce ne soit qu’au niveau législatif qu’on veut imposer la femme alors qu’au niveau de l’exécutif, il y a tous les jours la possibilité de faire des fleurs à la femme. Il faut valoriser la femme et lui donner un peu plus de place, non pas tous les quatre ou cinq ans mais à chaque conseil des ministres ; on pourrait prévoir dans les nominations qui se font. On pourrait déjà faire leur promotion à des postes nominatifs et dans nos habitudes et pratiques.



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