Perspectives budgétaires 2019 au niveau des deux sous-secteurs de l’éducation : Nassirou Bako Arifari de la Commission budgétaire salue les avancées et fait des suggestions

Karim O. ANONRIN 19 novembre 2018

Le président de la Commission des relations extérieures, de la coopération au développement, de la défense et de la sécurité du Parlement, Nassirou Bako Arifari, membre de la Commission budgétaire de l’institution, s’est prononcé vendredi sur les contenus des projets de budgets des deux sous-secteurs de l’éducation nationale à savoir le ministère des enseignements maternel et primaire (MEMP) et le ministère des enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle (Mestfp) dirigés respectivement par le Ministre Salimane Karimou et le Ministre Kakpo Mahougnon. Ceci, après le passage de ces derniers devant la Commission budgétaire pour défendre lesdits projets de budget. A en croire le député Nassirou Bako Arifari, les mesures prises par le gouvernement au niveau de ces 2 départements ministériels sont d’ordre social et permettra sans aucun doute l’amélioration du système éducatif du Bénin au cours de l’année 2019. Néanmoins, il a relevé quelques imperfections dans la politique gouvernementale dans les deux sous-secteurs de l’éducation et espère que les recommandations des députés pour corriger le tir seront prises en compte par le gouvernement. A titre illustratif, il a évoqué le problème de la répartition inégale des enseignants sur l’ensemble du territoire national, l’inadaptation du calendrier scolaire à certaines parties du pays confrontées à des problèmes d’inondation, de cycle agricole ou de précocité dans la scolarisation des enfants.

POINT DE VUE DU DEPUTE NASSIROU BAKO ARIFARI, PRESIDENT DE LA COMMISSION DES RELATIONS EXTERIEURES
« …Comme chaque année, la seconde session ordinaire de l’Assemblée nationale est consacrée à l’étude du projet de budget général de l’Etat. Nous avons commencé l’exercice depuis un certain temps. Nous avons reçu un projet de budget de 1877,543 milliards Fcfa. On a souvent stigmatisé le gouvernement du président Patrice Talon de ne pas être un gouvernement social. Mais nous avons ouvert nos yeux sur les différents aspects sociaux et leurs contenus dans ce projet de budget de l’Etat, gestion 2019. Lorsque nous prenons le projet de budget que nous sommes en train d’étudier, nous constatons que dans le secteur de l’éducation, il y a un certain nombre de mesures qui étaient déjà prises notamment les cantines scolaires qui concernaient 31% des écoles maternelles et primaires et pour lesquelles on avait consacré environ 10 milliards Fcfa en 2018 et qui, en 2019 ont été améliorées pour couvrir 51% desdites scolaires. Il y a donc une certaine volonté d’amélioration des conditions de vies des apprenants de la part du gouvernement, l’objectif étant d’aller à 100% des établissements scolaires maternels et primaires publics bénéficiaires. Ensuite, il y a les bourses universitaires. A ce niveau, les allocations ont été attribuées à un nombre réduit d’étudiants. A partir de 2019, ce sont environ 30.000 étudiants qui bénéficieront d’allocations universitaires. Toujours dans le projet de budget 2019, le gouvernement a prévu environ 1.000.000.000 Fcfa pour les primes additionnels des enseignants du secondaire. Par ailleurs, vous savez que nous sommes dans une sorte de proportion de 90% d’enseignement général contre 10% d’enseignement technique et de formation professionnelle. Le gouvernement, à travers sa nouvelle politique, voudrait aller dans le sens d’une inversion de la tendance. Il y aura au cours de l’année prochaine, la création d’un cycle court de formation BAC+2 dans des domaines professionnels comme les métiers du bois, la mécanique industrielle, et autres métiers pour former des gens compétents directement opérationnels sur le marché de l’emploi. Nous pensons que cela participe également des mesures sociales. Sur les infrastructures scolaires, la politique de construction des salles de classes à raison de 1200 salles de classes par an est maintenue dans le budget 2019. On peut aussi considérer comme mesures sociales, la décision d’offrir des actes de naissances à des milliers de nos compatriotes dont des milliers d’enfants scolarisés. Vous savez que chaque année, plusieurs candidats à l’examen du CEP n’arrivent pas à fournir les dossiers de candidatures faute d’actes de naissance ou de jugement supplétif. Le gouvernement, grâce au Ravip et à la loi dérogatoire votée par le Parlement, plus de 2.000.000 de Béninois dont ces enfants vont se voir délivrer les actes d’état civil…
 Les recommandations des députés pour améliorer les mesures dans l’éducation-
…Vous savez, au cours de l’étude des projets de budgets sectoriels des deux ministères en charge de l’éducation, nous avons émis un certain nombre de préoccupations. D’abord, lorsqu’on voit le niveau d’exécution de certains projets comme ceux prévus pour la période 2015-2019 et qui sont à 35% du taux d’exécution à fin 2018, on a des inquiétudes et on veut voir ce qui peut être mis en place pour la consommation des crédits et l’atteinte des objectifs. Nous n’avons pas manqué d’insister là-dessus. Nous avons également évoqué la question de la répartition inégale des enseignants sur l’ensemble du territoire national ; ce qui constitue un problème crucial. Les problèmes de scolarisation dans le pays relève aussi du manque d’enseignants dans certains établissements scolaires publics. Nous avons aussi constaté qu’il y a une forme de scolarisation précoce de nos enfants ; ce qui peut avoir beaucoup de conséquences néfastes sur l’évolution mentale et intellectuelle de ces enfants. Nous avons aujourd’hui des enfants de 3 ans et 4 ans qui commencent déjà le CI. Ce n’est pas forcément une bonne chose et nous pensons que le Ministère des enseignements maternel et primaire devrait mettre beaucoup plus de rigueur en termes de contrôle de normes dans nos établissements scolaires pour éviter de créer des handicapés intellectuels pour notre pays. L’autre chose que nous avons évoquée est le problème du calendrier scolaire. Vous savez qu’il y a des régions dans notre pays qui sont souvent confrontées aux problèmes d’inondation ou d’autres aléas ou du simple fait du cycle agricole. Pendant ces périodes, les écoles restent fermées, les enfants n’arrivent pas à aller normalement à l’école et cela agit sur le taux de scolarisation dans ces localités. On ne peut maintenir le même calendrier scolaire partout dans le pays. Il faut trouver un mécanisme pour adapter le calendrier scolaire aux réalités du pays. Nous n’avalons pas ce que le gouvernement nous apporte. Nous savons ce que les populations subissent comme difficultés. Nous les exposons ici et nous attendons des Ministres qu’ils reviennent nous dire ce qu’ils proposent… »
Propos recueillis par Karim Oscar ANONRIN



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