Plan d’actions de 10 ans pour un quinquennat : Le piège de Talon

Isac A. YAÏ 26 août 2016

La pause gouvernementale n’aurait pas suffi à sortir des entrailles de la rupture, le programme d’actions du Nouveau départ. Un moratoire d’un mois est réclamé par les ‘’rupturiens’’ pour qu’enfin, le peuple dispose de ce document qui servira de boussole aux actions du régime. Le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence, Pascal Irénée Koupaki a annoncé au cours de ses échanges avec la presse, en marge du traditionnel compte rendu du Conseil des ministres, qu’un séminaire gouvernemental devrait d’abord harmoniser les différents projets. Une trentaine de projets phares et une centaine de projets routiers élaborés sur une période de 10 ans. Et c’est là tout le paradoxe. Sur le fond, rien n’est à reprocher à cette vision prospective de gouvernance. Mais au regard des engagements pris par le chef de l’Etat et du contrat de 5 ans qui le lie au peuple, il y a à redire sur cette surprenante décision. Pourquoi un plan d’actions de 10 ans pour un quinquennat ? La continuité de l’Etat est un principe de gouvernance qui est demeuré une incantation pour les différents régimes qui se sont succédés à la tête du pays depuis l’historique conférence nationale de 1990. Ainsi, le prochain président ne sera pas tenu par ce plan d’actions de la rupture.

L’épée des abrogations et de remise en cause
Les premières heures de la gouvernance Talon marquées par une série d’actes d’abrogation, de suppression et de suspension, au nom de l’assainissement des finances publiques et de la réduction des dépenses publiques, en sont des exemples édifiants. Talon a remis en cause, de fond en comble, les 10 ans de la gouvernance Yayi et entend faire prendre un nouveau départ au pays. Par quelle alchimie la rupture pourrait imposer son programme de 10 ans au successeur de l’homme du Nouveau départ ? En effet, ce plan d’actions peut être fragilisé par l’option du mandat unique que prône Patrice Talon, qui en cas de départ du pouvoir ou d’échec de son dauphin, verra ses ambitions s’envoler. D’ailleurs, il faudrait soumettre au peuple un plan d’actions qui lui permette d’apprécier au bout du quinquennat les actions de l’apôtre du mandat unique. Patrice Talon a déclaré dans son entretien au journal « Le monde » qu’il rêve d’être porté en triomphe par ses compatriotes à la fin du quinquennat. De façon raisonnable, l’on devrait s’attendre à ce que le régime dévoile ses différentes options pour corriger les 10 ans de gouvernance décriés et remettre le pays sur les rails dans la plupart des secteurs vitaux à savoir l’énergie, l’éducation, la santé, l’économie dans sa globalité.

Des ambitions obscures
Que cache le plan d’actions de 10 ans annoncé par la rupture ? Le chef de l’Etat se serait-il rendu compte que 5 ans ne suffiraient plus à réaliser ses ambitions ? Talon veut-il renoncer à son projet de mandat unique ? Il serait vraiment difficile de répondre par l’affirmative à ces questions. Une chose est sûre, l’opinion observe. Mais de toute évidence, il y a un plan secret qui se cache derrière cette soudaine volonté d’élaborer un plan de développement d’un quinquennat sur 10 ans, quand l’on a conscience que la probabilité est faible que son successeur s’inscrive dans cette même dynamique. Dans tous les cas, ce fameux document est très attendu, et chacun se fera son opinion.



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