Point des activités de la CRIET : Le Procureur spécial Gilbert Togbonon dresse le bilan après 2 audiences ‘’...La Criet n’est pas juge des faits commis par les membres du gouvernement dans l’exercice de leur fonction...’’, dixit Gilbert Togbonon

Karim O. ANONRIN 28 septembre 2018

Le Procureur spécial près la Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme (Criet), Gilbert Togbonon était face à la presse dans l’après-midi de ce jeudi 27 septembre 2018 au siège de l’institution à Porto-Novo. Un mois jour pour jour après l’installation des Magistrats de cette Cour, deux audiences ont été déjà tenues à savoir une audience correctionnelle le 06 septembre 2018 et qui a connu de divers dossiers de trafic international de drogue et précurseurs et une deuxième audience correctionnelle tenue le 20 septembre 2018 au cours de laquelle des affaires de trafic de drogue et de cybercriminalité ont été évoquées. Pour le Procureur Gilbert Togbonon, le Bénin étant engagé dans la lutte contre l’usage et le trafic illicite des stupéfiants et substances psychotropes et étant partie prenante de plusieurs accords internationaux, il va de soi que la justice joue sa partition pour rendre cette lutte plus efficace. Aussi, a-t-il laissé entendre que de 2013 à 2017, les forces de sécurité ont effectué environ 453 saisies de différentes drogues avec 608 personnes poursuivies et condamnées. Il a saisi l’occasion pour dire que la Criet n’est pas juge des faits commis par les membres du gouvernement dans ou à l’occasion de l’exercice de leur fonction.
(Lire ci-dessous l’intégralité de la déclaration du Procureur spécial Gilbert Togbonon)

DECLARATION DE PRESSE DU PROCUREUR SPECIAL PRES LA COUR DE REPRESSION DES INFRACTIONS ECONOMIQUES ET DU TERRORISME
La loi portant organisation judiciaire en république du Bénin a créé la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). Celle-ci est une juridiction spéciale à compétence nationale. Il lui est attribué : la répression du terrorisme, des délits et crimes à caractère économique, ainsi que le trafic des stupéfiants et des infractions connexes. La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme siège à Cotonou. Toutefois, sur réquisition conforme du Procureur spécial, son président peut par ordonnance, faire tenir ses audiences, en tout autre lieu du territoire national.
Le 27 août 2018, les magistrats nommés à cette Cour ont été installés à Cotonou. Sur réquisition du Procureur Spécial, le président de cette Cour a pris l’ordonnance n°001/2018 du 28 août 2018 portant tenue à Porto-Novo des audiences de la CRIET. Le 06 septembre 2018, la Cour a tenu une audience correctionnelle, laquelle a connu divers dossiers de trafic international de drogue et précurseurs. Le 20 septembre 2018, la Cour a tenu sa deuxième audience correctionnelle au cours de laquelle des affaires de drogue et de cybercriminalité ont été évoquées. A ce jour, plus d’une vingtaine de dossiers ont été examinés.
A l’instar de nombreux pays de la sous-région Ouest Africaine, le Bénin s’est engagé dans une lutte sans merci contre l’usage et le trafic illicite des stupéfiants et substances psychotropes. A ce titre, il a ratifié de nombreux accords internationaux et s’est doté de la loi n°97-025 du 17 juillet 1997 sur le contrôle des drogues et des précurseurs. De 2013 à 2017, 453 saisies ont été effectuées. On y retrouve des drogues de diverses classifications. Ce trafic est organisé par des ressortissants de plusieurs nationalités, essentiellement des hommes dits « d’affaires » de 19 à 60 ans qui assurent le transit de la drogue et ravitaillent le marché local. Cette situation annihile les efforts relatifs à l’assainissement de l’ordre public économique de notre pays et rend vulnérable la jeunesse béninoise qui s’adonne à cette activité. Le Parquet spécial en appelle à l’attention de tous les parents envers leurs enfants, et à la collaboration des populations à travers des dénonciations pour endiguer ce phénomène. Sur cette même période de 2013 à 2017, au total 608 personnes ont été poursuivies et condamnées avec une quantité totale de plus de 141 tonnes de drogues saisies.
Dans la même logique de répression des crimes liés au trafic de drogues, la Cour, aux audiences correctionnelles des 06 et 20 septembre dernier, a condamné des personnes poursuivies dans divers dossiers de trafic international de drogue, à 20 ans d’emprisonnement ferme, à six (06) mois, deux (02) mois pour la détention et usage de chanvre indien. Aussi, a-t-elle relaxé des prévenus. Elle est aussi saisie des dossiers à caractère économique et ceux relatifs à l’escroquerie en bande organisée via les nouvelles technologies. Le Parquet Spécial reçoit quotidiennement, les plaintes et les dénonciations des citoyens et des organisations non gouvernementales.
Je profite de cette occasion pour préciser que la Cour n’est pas juge des faits commis par les membres du gouvernement dans ou à l’occasion de l’exercice de leur fonction. En la matière, la Haute Cour de Justice demeure compétente.
Je vous remercie.
Fait à Porto-Novo, le 27 septembre 2018
Le Procureur Spécial



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