Pour la relance de l’économie : Les quatre propositions de Richard Sènou

Isac A. YAÏ, Moïse DOSSOUMOU 27 novembre 2013

Invité de Africa 24, l’ancien haut fonctionnaire de la Banque mondiale et ancien ministre des travaux publics, des transports et de l’économie maritime a fait une analyse de la situation économique du Bénin. Pour que le pays soit remis sur les rails de la croissance et de la prospérité, Richard Sènou, en bon technocrate, a fait quatre propositions qui, mises en œuvre, pourraient avoir un impact significatif sur le niveau de vie des populations.

Connu pour son franc-parler, Richard Sènou ne s’est pas fait prier pour exposer les maux qui freinent le décollage de l’économie béninoise. Pour l’ancien collaborateur de Boni Yayi, l’économie nationale est basée essentiellement sur deux leviers principaux que sont l’agriculture et le commerce. Le premier représente 32% du Pib et nourrit 70% de la population. Sur le plan commercial, le Bénin engrange les 20% du Pib des exportations et des réexportations vers le Nigéria et les pays de l’hinterland.
Selon l’invité, trois éléments affectent la croissance de l’économie béninoise. Il s’agit de la faible compétitivité du Port autonome de Cotonou qui conduit à une baisse des exportations et des réexportations ; de la mauvaise performance de la production du coton et du recul très significatif de l’investissement direct étranger lié à une faiblesse du dialogue secteur privé-secteur public caractérisé par le harcèlement fiscal de certains opérateurs économiques stratégiques.

De bonnes perspectives, malgré tout !
Tous ces éléments, à en croire Richard Sènou, sont autant de freins qui mettent à mal le positionnement du Bénin sur la scène internationale. L’arrêt du Programme de vérification des importations (Pvi) et le harcèlement de certains opérateurs économiques dans le domaine des exportations et des réexportations vers le Nigeria ont été dénoncés sans détour par l’invité de Africa 24. « Le Bénin peut mieux faire », rassure pourtant l’ancien Conseiller spécial à l’économie du chef de l’Etat qui n’a pas manqué de faire des propositions utiles pour une relance durable de l’économie béninoise. « Il faut protéger les investisseurs, mettre en place des facilitations pour l’obtention de prêts… », a souhaité Richard Sènou. Il prône aussi les allègements fiscaux aux acteurs du secteur privé porteurs de croissance dans le domaine de l’agro-industrie, des textiles et de l’économie numérique. Ces allègements devraient permettre, selon ses dires, d’atteindre en un temps record, la croissance à deux chiffres. L’homme qui connaît les arcanes du pouvoir actuel veut une amélioration du taux d’accès à l’électricité de manière significative et le renforcement de la position du Bénin comme le centre du commerce régional.

Des défis
Richard Sènou, sur cette chaîne de télévision internationale, n’a pas été seulement critique à l’égard du régime. Soucieux de voir son pays occuper les meilleurs rangs dans les prochains rapports Doing Business, il a fait un gros plan sur les quatre secteurs porteurs de croissance économique du Bénin.
Il s’agit principalement de l’agro-industrie qui combine l’agriculture et l’industrie alimentaire orientées vers les exportations et réexportations sur le Nigeria. Le deuxième secteur porte sur l’économie numérique avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Convaincu de ce que l’économie numérique peut contribuer à l’émergence d’une nation, Richard Sènou a donné à titre d’exemple, les résultats de l’étude McKinsey sur l’impact de l’Internet sur l’économie française. Sur une période de quinze ans, Internet a permis la création de 700.000 emplois en France. « Une modeste translation sur le Bénin avec tous les préalables nous permettrait d’espérer environ des dizaines des milliers d’emplois sur 5 ans », a laissé entendre l’ancien haut fonctionnaire de la Banque Mondiale pour qui, le numérique est aujourd’hui le secteur d’activité économique relatif aux Technologiques de l’information et de la communication ; à la production et à la vente de produits et services numériques. Richard Sènou rêve aussi d’un Bénin carrefour du commerce régional en misant sur les routes côtières transfrontalières qui desservent le Nigeria, le Bénin, le Togo, le Ghana et la Côte-d’Ivoire. Dans cette visée, l’autre axe qui dessert le Burkina-Faso, le Mali et la Guinée Conakry ne sera pas de trop.

Croissance à 2 chiffres
Si les propositions de Richard Sènou sont mises en application, le Bénin pourra tutoyer la croissance à deux chiffres. C’est la vision de l’invité d’Africa 24 qui mise sur la création de richesse et de son partage de manière équitable au travers d’une croissance économique soutenue et à visage humain. Il est clair que la réduction de la pauvreté passe nécessairement par l’amélioration de la croissance économique. Cette croissance qui se veut à visage humain passe par la mise en place d’un partenariat pour le développement basé sur les valeurs fondamentales de notre société, corrigées et enrichies de manière consensuelle pour mieux refléter les besoins tout en assurant le partage équitable de la richesse et de la prospérité ainsi créées.



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