Rencontre entre le Chef de l’Etat et les partenaires sociaux : Talon et les syndicalistes repartent sur de nouvelles bases

Adrien TCHOMAKOU 20 décembre 2018

Un nouveau contrat pour une situation sociale apaisée. C’est l’essentiel à retenir de la rencontre qui s’est tenue hier entre le Chef de l’Etat Patrice Talon et les secrétaires généraux des centrales et confédérations syndicales. A cette rencontre de vérité, comme on pouvait s’y attendre, les points de divergence entre les deux parties, notamment les lois votées ces derniers mois et qui ne sont pas du goût des travailleurs ont été débattus. Mieux, il a été question de faire un point de la satisfaction des doléances contenues dans les plateformes de revendications. « Ce fut une séance d’échanges à bâton rompu sur le style de gouvernance. Les éléments qui ont marqué ces deux dernières années et les lois votées sans que nous ayons été impliqués. On a passé en revue tous les malentendus et il a été question de réécrire un partenariat plus respectueux des normes et assez fécond sur un certain nombre de choses. Il y a une volonté du Chef de l’Etat de décrypter la situation en allant vers beaucoup plus de dialogue », a souligné Moudassirou Bachabi, Secrétaire Général de la Confédération Général des travailleurs du Bénin. Des engagements, il en a été aussi question surtout en ce qui concerne la mise en œuvre des arrêtés d’application des statuts particuliers. Les syndicalistes espèrent une année 2019 apaisée, surtout avec l’instauration de rencontres semestrielles pour échanger sur les revendications et les reformes avec le Chef de l’Etat.

Moudassirou Bachabi, Sg/Cgtb : « Tous les malentendus passés en reveu »

« Je crois que ce qui s’est passé aujourd’hui aussi peut amener à des possibilités d’apaisement dans le pays et éviter les heurts, si ça devrait se poursuivre. Le Chef de l’Etat a souhaité nous rencontrer. Nous étions tous au complet. Toutes les confédérations étaient là à raison de deux personnes par confédération. Ça faisait 14 personnes. Il était initialement annoncé qu’on parle du niveau de satisfaction de nos revendications, de notre point de vue sur les réformes en matière sociale et éventuellement des questions diverses. Finalement, ce fut une séance d’échanges à bâton rompu sur le style de gouvernance, les éléments qui ont marqué ces deux dernières années et les lois votées sans que nous ayons été impliqués. On a passé en revue tous les malentendus et il a été question de réécrire un partenariat plus respectueux des normes et assez fécond sur un certain nombre de choses. Il y a une volonté du Chef de l’Etat de décrypter la situation en allant vers beaucoup plus de dialogue. Il a été retenu que par semestre, nous aurons des rencontres ordinaires et si éventuellement les sujets sont importants, on pourrait faire des séances extraordinaires.
Le plus important est que sur un certain nombre de sujets en lien avec la carrière des agents, nous ayons convenu, par exemple en ce qui concerne les éducatrices et les éducateurs qui sont dans une situation difficile depuis des années, de faire en sorte que sur le sujet de reversement, d’ici le 15 janvier on se revoie parce que le Gouvernement aura tout épluché. En fin janvier, il est évident que leurs situations pourraient être régularisées. En ce qui concerne les engagements précédents qui ont été pris par rapport aux effets financiers partiels des statuts particuliers des enseignants, on constatera de toutes les façons avant la fin de ce mois de décembre les premiers effets financiers en lien avec les accords que nous avons eus lors des dernières négociations. Il y a la volonté d’un acte de partenariat. Le Chef de l’Etat a souhaité qu’on le prenne aux mots et que nous puissions aborder véritablement avec sérénité un certain nombre de sujets. Des ministres ont reçu des instructions pêles-mêles sur des situations que nous déplorons. Nous avons convenu de nous revoir sur des échéances précises pour évaluer les progrès réalisés.
C’est un peu fort de dire qu’on est satisfait. On a senti qu’il y a une volonté de faire autrement les choses. Si cette volonté se confirmait, on n’a pas de raison de ne pas être à l’aise désormais pour faire certaines choses avec le Chef de l’Etat, surtout sur la question des réformes, nous avons insisté que nous avons besoin d’être entendu. Il a exprimé sa crainte pour ce qu’il a fait jusque-là mais nous lui avons dit que nous sommes tous des responsables et il n’est pas question qu’on ne puisse pas quantifier ensemble les sacrifices à consentir. Je crois que sur ce sujet, désormais, il a pris l’engagement de nous consulter. Les intentions qui ont été affichées ne pouvaient déplaire à personne. Mais attendons de voir si 2019 nous donnera raison. Nous sommes optimistes. A ce niveau de responsabilité, il ne pouvait pas dire des choses à la légère.
Je crois qu’il a tendu la main. Cette main, nous voudrions bien la saisir à condition que ce soit une poignée de mains franche qui relance le dialogue et qui réécrit le partenariat parce que jusque-là, nous n’avions pas été traités comme des partenaires. On espère. S’il maintient le cap par rapport à cette relance, on peut forcément dire qu’il a lancé une nouvelle dynamique en ce qui concerne les relations Gouvernement-Syndicats ».
Propos recueillis par Adrien TCHOMAKOU



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