Retrait annoncé de la vie politique : Lionel Zinsou a-t-il fait le choix de la raison ?

Angelo DOSSOUMOU 7 septembre 2016

Difficile de suivre et de comprendre les volte-face de l’ancien premier ministre Lionel Zinsou. Des mielleuses déclarations au lendemain de son échec à la présidentielle de 2016 aux curieux discours servis quelques mois après, il y a un étrange fossé. Sur Rfi, le 23 mars 2016, le challenger de Patrice Talon était plutôt rassurant non seulement sur sa participation à l’animation de la vie politique mais surtout à garder allumée la flamme des 35% de Béninois qui lui ont fait confiance. « Ça, c’est la magie du suffrage universel. A partir du moment où vous avez été premier au premier tour, à partir du moment où vous avez eu un million de voix sur trois millions de suffrages, quand vous vous promenez dans une rue, une personne sur trois vient vous dire : ‘’comme je suis triste que ça ne soit pas vous !’’ A ce moment-là, ça vous crée le devoir de les accompagner dans l’avenir », déclarait le porte-flambeau de l’alliance Fcbe-Prd-Rb à la présidentielle de 2016.
Sauf que ce devoir, le président de la Fondation Africa-France ne veut pas, pour le moment voire même à jamais, l’assumer. Invité dimanche dernier de la rubrique ‘’L’Afrique en marche’’ dans le journal Afrique de Tv5 Monde, Lionel Zinsou a plutôt choisi d’abandonner à eux-mêmes ces milliers de compatriotes qui ont cru et qui peut-être continue de croire qu’il est l’unique chance pour le développement du Bénin. « J’espère qu’il y a un avenir après la candidature… Je ne pense pas que la politique soit un métier… Je vais refaire mes métiers…. ». Voilà la boutade du candidat banquier d’affaires porté par trois des grandes formations politiques à la présidentielle de 2016. Contre la Rupture, Lionel Zinsou ne veut donc pas mener le combat politique pour une alternance crédible.

Le berger Zinsou lassé de la politique ?
D’ailleurs, avant l’annonce de dimanche dernier du retrait temporaire de la vie politique, l’ambiguïté des discours de l’homme laissait penser que la défaite de mars 2016 a anéanti tous les espoirs du dernier des premiers ministres de Boni Yayi d’accéder à la magistrature suprême. « Il y a de très nombreuses façons de se rendre utile à son pays. Et je compte bien l’être dans l’amour de la patrie, dans le respect des institutions. Je compte bien être là pour accompagner cet élan de développement, au-delà de toutes les opinions politiques, notre peuple tout entier veut voir se réaliser notre pays… », clamait-il déjà le 21 mars 2016.
Mais, une chose est sûre. Contrairement à 2016 où, le président Boni Yayi a fédéré les Fcbe, le Prd et la Rb autour de sa candidature, Lionel Zinsou est conscient qu’en 2021, il ne pourra gagner la course à la Marina qu’en comptant sur ses propres forces et relations. Alors, est-ce à dire que l’ancien premier ministre, au vu de l’expérience de mars 2016 et de l’immensité de la tâche qui l’attend sur le long parcours qui conduit à la Marina en 2021 préfère, d’ores et déjà, jeter l’éponge ? Lionel Zinsou veut-il faire fi de la règle qui dit que si vous ne faites pas la politique, la politique vous fera ?
Même si le challenger de Patrice Talon à la dernière présidentielle a appelé le 23 mars 2016 à une union autour du président élu et à des réformes institutionnelles pour qu’il y ait 5 ou 6 grands partis, mais pas des centaines, il est cependant incompréhensible que Lionel Zinsou choisisse de rester les bras croisés pour qu’advienne le système partisan tant souhaité et que l’alternative à la rupture soit une réalité. Tout compte fait, si l’invité de dernière minute à la candidature cauris, tient à un avenir politique en 2021, il sait que le temps joue déjà contre lui. Etre élu président au Bénin, c’est un combat de longue haleine. A Lionel Zinsou de se décider au plus tôt.



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