Richard Sènou à propos de l’actualité sociopolitique nationale : « J’ai mal pour mon pays »

Moïse DOSSOUMOU 4 décembre 2013

Hier, à son domicile, Richard Sènou, ancien ministre des travaux publics, a donné de la voix pour dénoncer le harcèlement dont sont victimes certains opérateurs économiques nationaux. Cette persécution traduite par les dossiers Pvi et Sodeco n’est pas de son goût et il souhaite que la balle soit ramenée à terre. « A l’allure où vont les choses, c’est un héritage de dettes et de pauvreté qui sera laissé aux générations futures », s’est-il indigné. Pour lui, la découverte du pétrole dans les eaux territoriales béninoises ne devrait pas inspirer de la joie car il s’agit simplement d’une « affaire d’escroquerie intellectuelle ». « C’est une honte pour notre pays de bomber le torse avec cette nouvelle », a-t-il affirmé. Pour parer au plus pressé afin de mettre un terme à la saignée, l’ancien administrateur de la banque mondiale propose que des assises nationales soient expressément convoquées.

DECLARATION DE L’ANCIEN MINISTRE RICHARD SENOU SUR L’ACTUALITE NATIONALE
1- Harcèlement contre les opérateurs économiques

Je dénonce les attaques personnelles et les violations de la parole donnée à l’égard des opérateurs économiques privés que sont : Sébastien Ajavon, Samuel Dossou et Patrice Talon. Ils sont des citoyens béninois honnêtes qui ont gagné leurs sous à la sueur de leurs fronts et qui ont surtout créé beaucoup d’emplois pour leur pays, et qui plus est, redistribuent sous différentes formes, une bonne partie de leurs richesses. En tout cas, si Ajavon et Talon sont si mauvais pour être persécutés tant que ça, c’est nous tous qui devons alors être persécutés. Les propos qui diabolisent ces deux hommes d’affaires qui sont pourtant bien respectés au-delà de nos frontières et de par le monde entier sont graves et inacceptables. Savez-vous combien de familles béninoises sont en perdition du fait des emplois perdus dans les sociétés de Rodriguez, de Séfou Fagbohoun, de Talon ? Plus de 100.000 familles. A l’allure où vont les choses, c’est un héritage de dettes et de pauvreté qui sera laissé aux générations futures et notre pays serait conduit dans un gouffre affreux. Trop, c’est trop !!! Trop, c’est trop !!! Trop, c’est trop !!!

2- La découverte du pétrole, une affaire d’escroquerie intellectuelle
La découverte du pétrole dans le sous-sol béninois est une véritable affaire d’escroquerie intellectuelle du peuple béninois. Seulement 7500 barils par jour pour 300 milliards en 14 ans soient 21 milliards par an. C’est une honte pour notre pays de bomber le torse avec cette nouvelle. La SAGA Petroleum a cessé l’exploitation du pétrole béninois à 8700 barils par jour, prétextant que ce n’était plus rentable. Le gouvernement ne doit donc pas s’égosiller de cette cagnotte qui est moins que les 27 à 30 milliards de francs Cfa que Ajavon seul verse par an comme impôt à l’Etat. Au lieu de chercher alors à persécuter un opérateur économique de cette trempe, pourquoi ne pas l’aider à doubler ou même tripler son chiffre d’affaires pour lui permettre de créer ainsi de nouveaux emplois et par ricochet apporter une moisson pécuniaire un peu plus importante à la caisse de l’Etat. Rien qu’avec Ajavon, Talon et Samuel Dossou, le Bénin peut se frotter les mains pour son décollage économique, sa croissance à deux chiffres et la création des centaines de milliers d’emplois.
3- SODECO/PVI

Sodeco
La rupture de la convention signée entre l’Etat béninois et un partenaire privé viole les règles de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada).

Le Pvi
Qu’a-t-on gagné depuis le démantèlement des activités du Programme de vérification des importations (Pvi) et leur remise manu militari à des prix douteux à des opérateurs privés étrangers en dépit des règles de transparence qui doivent prévaloir normalement dans ce genre de transactions ? Les cessions des activités démantelées ont été faites en gré à gré. Ce qui est une violation grave des règles préliminaires de passation des marchés. Le coût actuariel des dommages et intérêts que le Bénin pourrait être amené à décaisser au titre de l’expropriation illégale de la Sodeco et la remise en cause unilatérale du Pvi ainsi que la cession de ses activités serait d’environ 1.000 milliards de FCFA. Ce qui est pratiquement l’équivalent du budget 2014 du Bénin.

Une seule proposition s’impose
Pour que le Bénin, notre Bénin se développe dans la sérénité et la sécurité de ses filles et fils, il faut expressément convoquer des Assises nationales pour mettre fin aux nombreuses violations des lois et des droits humains. Trop, c’est trop !!! Trop, c’est trop !!! Je me fais le porte-parole de ceux qui se portent mal. Il est temps qu’on ne passe plus notre temps à détruire et à anéantir les créateurs de richesses de notre pays. Car, ces derniers sont les seuls pourvoyeurs d’emplois à la jeunesse. « Détruire » et « anéantir » sont des mots qui doivent être proscrits du vocabulaire de gestion de l’économie de notre pays. Avec ce qui se passe, aucun opérateur privé sérieux ne viendra aujourd’hui s’installer pour investir dans notre pays. L’investissement direct étranger (Ide) moteur d’accompagnement de l’investissement privé local pour le développement est en danger au Bénin. Je demande aux Béninois de ne plus avoir peur de dire ce qu’ils pensent. Nous avons aujourd’hui en place un mécanisme de veille qui observe tout ce qui se passe dans le pays.
C’est le même Dieu qui a donné le pouvoir qui nous a donné aussi de la force et qui nous montre la voie de nous insurger contre ces abus et errements.



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