Santé publique : Le gouvernement en guerre contre le tabac

Arnaud DOUMANHOUN 12 janvier 2018

Une nouvelle preuve de la volonté du gouvernement de freiner, à défaut d’éradiquer, l’usage du tabac, de ses dérivés et assimilés sur l’ensemble du territoire national. Au nom de la préservation de la santé publique et au-delà, de la sécurité nationale, le régime du Nouveau départ s’est résolument engagé dans la lutte anti-tabac. En décidant hier, au terme du conseil des ministres, de recourir à l’Assemblée nationale pour une autorisation aux fins de la ratification par le Bénin du protocole de Séoul, en vue d’éliminer le commerce illicite des produits du tabac, Patrice Talon et son gouvernement prouvent, une fois de plus, leur intérêt pour le bien-être des Béninois. Et pour ce même attachement à la santé de leurs compatriotes, il n’y a aucun doute que les députés de la 7e législature donneront leur quitus dans le délai requis.
En réalité, cette ratification contribuera au renforcement de l’arsenal juridique du Bénin, qui donnera dans les tout prochains jours un nouveau visage à la lutte anti-tabac. Déjà, il faut rappeler l’adoption par les députés, le 14 septembre 2017, de la loi n°2017-27 portant production, conditionnement, étiquetage, vente et usage du tabac, de ses dérivés et assimilés en République du Bénin. Un texte dont la promulgation, et la prise des actes d’application sont très attendues.
Tenez ! Au nombre des avancées contenues dans ce nouveau texte de loi, on retient notamment l’avertissement sanitaire sous forme d’images, l’interdiction totale de la publicité (directe ou indirecte), de la promotion, et du parrainage des produits du tabac, la promotion des espaces 100% non-fumeurs, la protection des non-fumeurs. Aussi, il est envisagé des mesures efficaces pour réduire considérablement l’offre et la demande à l’endroit de la jeunesse, ainsi que des dispositions pénales plus coercitives à l’encontre des contrevenants et, au surplus, l’implication accentuée de la société civile dans la lutte anti-tabac.
Néanmoins, les acteurs de la société civile et autres artisans de la lutte ayant abouti à cette avancée devront encore attendre les derniers réglages. Une certitude, la Cour constitutionnelle y a déjà apporté sa touche, et les regards sont désormais tournés vers le gouvernement.
C’est une évidence que le tabagisme tend à s’aggraver au Bénin malgré les efforts enregistrés depuis la ratification par le pays le 3 novembre 2004, de la Convention-cadre de l’Oms, premier instrument juridique international de lutte contre l’explosion du tabagisme dans le monde. D’ailleurs, cette convention ne prévoit pas les mécanismes de lutte contre le commerce illicite des produits du tabac, et c’est pour pallier cette insuffisance que le protocole de Séoul a été adopté le 12 novembre 2012. Ainsi, ce protocole complète la Convention-cadre de l’Oms pour la lutte anti-tabac. C’est donc à juste titre que sa ratification contribue à la protection de la santé publique et permette de réprimer, plus efficacement, le commerce illicite de ces produits.
En somme, toutes ces étapes franchies, notamment la promulgation de la loi n°2017-27 du 14 septembre 2017, il va sans dire que la commercialisation et l’usage du tabac au Bénin seraient très difficiles. Enfin, l’on pourrait légitimement espérer que tout cet arsenal juridique fasse bouger les lignes en matière de lutte contre le tabac à l’instar du Sénégal, mieux du Bhoutan, un pays d’Asie du Sud, où la vente de cette drogue licite est carrément interdite.



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