Vie des partis politiques : L’Udbn fait la dure expérience de la réforme du système partisan

Arnaud DOUMANHOUN 3 septembre 2019

Les fondations s’effondrent. Le parti Union démocratique pour un Bénin nouveau (Udbn) est au bord de l’implosion. Les relations entre la présidente Claudine Prudencio et ses élus à la base se sont profondément détériorées au point de s’exporter sur la place publique. L’opinion a donc eu droit hier à une avalanche de déclarations qui reflètent sans nul doute, le niveau de pourrissement des rapports entre le leader charismatique et son état-major. C’est tout d’abord une note de radiation de quatre (4) membres du parti, signée de la présidente Claudine Prudencio, qui a alerté la toile. Au banc des accusés, les sieurs Alignon Bocco Igor, Onidjè Modeste, Olga Aïna et Ahodi Gabriel, accusés d’orchestrer des manœuvres visant à déstabiliser les bases du parti Udbn, au profit d’autres formations politiques. Ils sont déclarés coupables de fautes lourdes, radiés purement et simplement de la liste des militants. Mais la riposte ne s’est pas fait désirer. Une douzaine d’élus du parti, dont les quatre (4) précédemment radiés, démissionnent en bloc de leur famille politique.
Les raisons évoquées sont aux antipodes des griefs portés par la présidente Claudine Prudencio contre les premiers mis en cause. On retient globalement, la ‘’non’’ prise en compte de leur aspiration au sein du parti. A lire entre les lignes la correspondance des démissionnaires, qui sont notamment membres du bureau des élus, conseillers communaux, chefs quartiers et conseillers locaux, cette décision a été mûrie de longues années durant. « Nous avons été confrontés à la prise de cette décision à plusieurs reprises au cours des quatre dernières années pour des motifs connus de tous… ».
En réalité, l’Udbn comme nombre de formations politiques n’ayant pas participé aux législatives du 28 avril dernier, pour défaut de certificat de conformité, ont vu leurs militants rejoindre les rangs des partis représentés à l’Assemblée nationale au terme de scrutin. En prétextant donc de manœuvres visant à déstabiliser l’Udbn au profit d’autres formations politiques pour conclure à la radiation de certains de ses membres, le bureau exécutif national de l’Udbn a sans doute des raisons évidentes. Il peut certainement s’agir de faire un nettoyage après la traversée du désert pour l’obtention du certificat de conformité, qui donne désormais un statut juridique au parti.
Mais les raisons évoquées par les démissionnaires méritent qu’on s’y attarde (confer note). Les faits exposés sont aux antipodes de l’esprit de la loi portant charte des partis politiques en République du Bénin. En effet, en optant pour un regroupement des partis aux fins de former de grands ensembles, l’objectif est de parvenir à sonner le glas des partis individus. Les décisions qui engageraient la vie de la formation politique devraient porter l’empreinte du grand nombre, donc frappées du sceau de la majorité conformément aux textes internes.
« Malgré votre supposé soutien au chef de l’Etat, vous aviez choisi de ne donner aucune orientation de vote pour les blocs de la mouvance. Pire, tous ceux qui ont choisi de se retrouver dans l’un ou l’autre blocs du chef de l’Etat afin d’honorer leur droit civique et de bonne citoyenneté, ont été écartés… ». Cet extrait du texte des dissidents illustre au besoin, le dysfonctionnement qui règne au niveau des instances du parti.
Il ne s’agira donc pas de doigter le judas, mais de tirer leçon de cette situation, afin de colmater les brèches, et de prendre un nouveau départ. A l’ère de la réforme du système partisan, dans un environnement aussi concurrentiel, il y a lieu de retenir une fois pour toute, que les choses ont changé. En tout cas, si l’Udbn qui vient d’obtenir son certificat de conformité entend jouer dans la cour des grands, il faudra s’y faire.



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