Visite de Yayi à Amoussou : Eugène Azatassou applaudit, Rafiatou Karim émet des réserves

Angelo DOSSOUMOU 14 mars 2014

Eugène Azatassou et Karimou Rafiatou ne sont pas sur la même longueur d’onde

La visite inopinée lundi dernier du président Boni Yayi au président de l’Union fait la nation (Un), la plus grande alliance des partis de l’opposition, continue d’être diversement appréciée au sein de l’opinion publique nationale. Hier sur le plateau de Canal3, Eugène Azatassou, le coordonnateur national des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) et Rafiatou Karim ont défendu chacun, sa position par rapport à cette visite. En effet, aux réserves de l’ancienne ministre Rafiatou Karim qui doute de la sincérité de la démarche du chef de l’Etat et aurait souhaité qu’il y ait un dialogue avec toutes les composantes de la classe politique et non avec les individus, Eugène Azatassou a répondu que le chef de l’Etat n’a pas décidé de rencontrer Bruno Amoussou en sa qualité de président de l’Un. « Il est allé discuter avec lui en tant que personnalité. Je ne sais pas ce qui est à craindre. Il n’y a aucun risque. Dans ce pays, il a déjà rencontré plusieurs fois Adrien Houngbédji sans qu’il n’y ait autant de remous », a-t-il déclaré. N’empêche que Rafiatou Karim pense que le chef de l’Etat ne doit pas s’arrêter à la visite à Amoussou. Mieux, pour elle, le chef de l’Etat gagnerait à regagner la confiance populaire car, affirme-t-elle, même avec ses dernières démarches, les gens n’ont toujours pas confiance en lui parce qu’il dit quelque chose aujourd’hui et demain son contraire. « Faux », a rétorqué Azatassou qui a souligné qu’il y a certains acteurs qui se refusent à faire confiance au président de la République. De ses explications, il ressort que la classe politique doit mieux s’organiser et clarifier sa position, sans quoi, Boni Yayi ne saurait lui faire confiance. D’ailleurs, a-t-il souligné, c’est cet état de choses qui a permis à Yayi à la présidentielle de 2006 et lors des élections qui ont suivi de ravir la vedette à la classe politique. Mais pour Rafiatou Karim, c’est plutôt une erreur de la classe politique que devraient regretter aujourd’hui ces acteurs politiques avertis qui, à l’époque avaient approuvé cet état de choses.

Le dialogue oui, mais…
Consciente que le chef de l’Etat est au cœur de tout, Rafiatou Karim n’a raté aucune occasion au cours de l’émission pour réitérer cet indéniable besoin de dialogue pour le développement de notre pays. Mais sceptique, elle note : « l’impression qu’on a, c’est que Yayi ne consulte même pas les partis ou alliances de partis qui le soutiennent, contrairement au Gl Mathieu Kérékou. Il faut qu’il nous prouve que c’est le développement du Bénin qui le préoccupe ». Mais, pour le coordonnateur Fcbe, Azatassou, chacun des acteurs politiques doit d’abord internaliser le dialogue en vue du développement. Sinon, regrette-t-il, un dialogue dans l’esprit où nous sommes aujourd’hui, où c’est les problèmes de personne qui l’emportent sur toute autre chose n’empêchera pas qu’on retombe dans les mêmes travers. « Je souhaite qu’il aille au terme de son mandat mais, il faut qu’il aille vers les grands groupes et qu’il s’implique dans le dialogue » a, de nouveau, souhaité Rafiatou Karim au cours du débat. De son côté, Azatassou n’a pas caché sa méfiance par rapport aux différentes sollicitations à des dialogues et autres assises nationales de la part de l’opposition. Pour lui, l’urgence pour le moment, c’est le dialogue inter partis et rien d’autre.



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