1er août 2018 : Encore une fête sans symbolisme

Isac A. YAÏ 13 juillet 2018

Chaque 1er août, les Béninois célèbrent leur indépendance. Nous sommes indépendants et pourtant, nous sommes dépendants de l’Occident pour la gestion de notre Port 58 ans après. Vous êtes vraiment indépendants ?
Au lieu de célébrer une fête qui n’a pas sa raison d’être, nous ferions mieux de dédier le 1er août à une méditation nationale sur la décadence des valeurs au Bénin, la quasi inexistence dans le pays d’hommes politiques fiables dont la sagesse pouvait inspirer la jeunesse.
Peut-on célébrer l’incapacité, l’inefficacité, la malhonnêteté, le choix délibéré de maintien de son pays dans la misère, la contractualisation de la corruption qui nous ronge tous ?
Peut-on célébrer le régionalisme, l’affairisme, l’escroquerie, l’inconscience et l’échec.
Peut-on célébrer une éducation nationale comateuse, un système de santé qui fait notre honte ?
Peut-on célébrer nos tricheries dans les élections, les marchés publics, les concours et les nominations ?
Peut-on célébrer le fait que l’occident continue de nous construire des latrines et des points d’eau dans nos villages y compris dans ceux de nos fortunés ? Célébration de la honte !
Peut-on célébrer notre incapacité à créer de la valeur ajoutée sur le coton, nos céréales, agrumes et féculents…pour donner du boulot aux jeunes ?
Peut-on être indépendant quand l’administration n’a pas une continuité historique et se démonte tous les cinq ans sans aucune capitalisation des acquis ?
Peut-on célébrer la méfiance, l’opacité et le désir permanent de nuire à ses compatriotes ?
Encore une fête sans symbolisme : le 1er août.
Le 1er août, je ne sais pas faire la fête, je réfléchis sur nos péchés collectifs et la manière dont nous détestons notre pays et ses valeurs pour confier nos destins à l’exotisme.
Le 1er août est un jour dont la vacuité symbolique me fait réfléchir et je comprends pourquoi la révolution avait tourné le dos à cette célébration qui n’en est pas une. Défilé civil et militaire, c’est bien, mais quel message à retenir ?
Nous avons brillé par la traîtrise en transformant la République en une chefferie avec ses fétiches qui terrorisent les citoyens. Des gens de mon âge savent qu’il y a beaucoup de compatriotes de cette génération qui trouvent que le colon est meilleur à nos propres frères et sœurs qui nous dirigent.
Nos chefs noirs nous font honte. Ils sont trop complexés et suffisants, c’est pourquoi ils échouent lamentablement.
C’est regrettable et déplorable, notre état d’inconscience.
Je suis triste pour mon pays. J’ai de la peine à admettre que le cadre béninois soit plus au service de son chef que de son pays.
Sans l’indépendance mentale, vous n’êtes que des esclaves en liberté contrôlée. A quoi servent vos grades de master, d’ingénieur et de doctorat si c’est pour être des guignols !
Honoré NAHOUM



Dans la même rubrique