4ème round des négociations Gouvernement-Syndicats : Le gouvernement accepte de restituer les défalcations opérées en janvier

Géraud AGOÏ, Patrice SOKEGBE 25 février 2014

Le dégel de la crise sociale tant souhaité par le gouvernement et les centrales et confédérations syndicales semble avoir du plomb dans l’aile. Plus de 5 heures de négociations hier à l’Infosec, et les deux camps se sont une fois encore séparés dos à dos, avec comme point d’achoppement, la restitution des défalcations sur salaires pour fait de grève en janvier 2014 et celles opérées en 2012. C’était d’ailleurs le premier des 7 points inscrits à l’ordre du jour. Au dire des syndicats, le gouvernement n’a pas opéré des défalcations sur les salaires du mois de février. Les défalcations étaient plutôt opérées sur les deux dernières 72 heures de grève du mois de janvier, ce qui, à coup sûr, a eu des répercussions sur le mois de février. A ce titre, le gouvernement a accepté de restituer les défalcations opérées sur les salaires du mois de janvier, et en contrepartie, les centrales syndicales devront appeler à la reprise du travail. Mais les syndicalistes ont balayé du revers de la main les propositions du gouvernement. Selon eux, les fonds défalqués sur les salaires des mois de janvier et de février 2014 doivent être intégralement restitués, y compris les défalcations opérées sur les salaires en 2012. La séance prévue pour 15 heures a démarré une heure après. Et selon les syndicats, la partie gouvernementale, au lieu de chercher les voies et moyens pour décrisper la tension sociale, a soulevé la question de la légalité ou non de la grève démarrée depuis le 7 janvier dernier. Après 2 heures de négociations, les centrales syndicales ont observé une pause de 10 minutes. C’est l’occasion de mener des conciliabules afin de donner une réponse au gouvernement. Mais les résolutions des syndicats n’ont pas permis aux négociations d’évoluer. Il a donc fallu une deuxième pause pour régler les divergences. Au finish, il n’y a pas eu une avancée substantielle, et le prochain rendez-vous est pris pour au plus tard mercredi prochain.

Noël Chadaré, Sg Cosi « … Les lignes n’ont pas véritablement bougé… »

On a constaté une avancée timide. Les lignes n’ont pas véritablement bougé. On a décidé de se retirer et se retrouver peut être demain très tôt pour continuer les négociations. Le gouvernement a proposé de payer les défalcations d’un mois sur les deux. Mais nous avons demandé qu’on restitue ce qu’on a pris aux travailleurs et qu’il n’y ait aucune défalcation pour 2014 et que, concernant les défalcations de 2012, le gouvernement prenne un engagement pour aller vers une restitution. Donc, il faut des efforts de part et d’autre pour aller vers le dégel et aujourd’hui, nous n’avons pas suffisamment avancé pour aller vers ce dégel. Sur l’ensemble des 7 points, il y aura de part et d’autre des concessions qu’on va faire. On n’a pas abordé les autres points. On est resté seulement au point 1.

Dieudonné Lokossou, Sg Csa « … Il faut que le gouvernement fasse l’effort pour que l’on puisse sortir honorablement de cette crise … »

… Nous avons parlé des libertés, de l’annulation du concours frauduleux. Et à propos, il y a une commission qui est mise en place et présidée par le haut commissaire à la gouvernance concertée et donc, on attend les résultats. Il faut que le gouvernement fasse l’effort pour que l’on puisse sortir honorablement de cette crise, pour que l’année ne soit pas blanche.

François Abiola, Ministre d’Etat « …Le gouvernement a pris acte de leur proposition… dans les 48 heures au maximum, nous reviendrons pour conclure et poursuivre les négociations… »

« Il était question de savoir si la grève déclenchée par les centrales syndicales était légale ou illégale. Et lorsque nous avons parcours la loi 2001-09 du 21 juin 2001 portant exercice du droit de grève en République du Bénin, nous avons montré aux centrales syndicales que cette loi notamment dans ses articles 3, 6 et 7 recommande la procédure pour aller en grève. Il y a à cet effet toute une procédure pour déclencher une grève. Nous pensons que cette procédure n’est pas assurée. Mais au-delà de cela, dans un but d’aller vers l’apaisement, sur les deux mois de grève, nous avons accepté de restituer un mois de défalcation, et de demander aux centrales d’appeler à la reprise du travail. Mais les centrales n’ont pas vu ça de cette façon et ils ont proposé de ne pas défalquer ni janvier, ni février, et mieux, d’aller vers les défalcations opérées en 2012. Vous savez que dans ces conditions, les séances continuent. Le gouvernement a pris acte de leur proposition. Nous allons en discuter au sein du gouvernement ; et dans les 48 heures au maximum, nous reviendrons pour conclure et poursuivre les négociations. Voilà ce dont nous avons discuté aujourd’hui.
Nous avons compris que le point essentiel qui concerne les travailleurs aujourd’hui, c’est le problème des défalcations. Quant aux autres points, nous en discuterons à la prochaine rencontre ».

Paul Hounguèvou, Sga, Csa-Bénin « … S’ils vont jusqu’à franchir le Rubicon et que l’année est blanchie, ils seront responsables … »
« Moi, je suis déçu par cette gouvernance-là. Et s’ils vont jusqu’à franchir le Rubicon et que l’année est blanchie, ils seront responsables. Il n’y a pas de problème, nous avons tous un cœur. Mais quand ça se passe de la sorte, c’est dommage. Je suis vraiment très amer. J’ai même perdu le souffle. Avec tout ce qui se passe dans le pays, on vient nous faire d’abord des discussions sur la légalité de la grève. On nous disait depuis longtemps qu’on n’a pas respecté les trois jours de préavis, alors qu’on a fait la 1ère motion le 30 décembre prévoyant une grève pour le 7 janvier et le ministre vient justifier qu’il y a eu des jours fériés et quand il fait un décompte final, les 3 jours n’étaient pas respectés. Et c’est cela qui rend la grève illégale. Ils étaient où ? Et c’est le ministre Sounton. J’ai honte à sa place. Un ministre en charge du dialogue social… C’est triste, ce n’est pas des ministres. Je suis désolé »



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