Adoption d’une nouvelle carte universitaire : Une réforme diversement appréciée par responsables étudiants et autorités de l’Uac

La rédaction 10 août 2016

La nouvelle carte universitaire adoptée en conseil des ministres le 27 juillet dernier ne fait pas l’unanimité au sein de la communauté universitaire. Pendant que certaines autorités apprécient la nouvelle répartition des universités, les responsables étudiants désapprouvent notamment les cas de suppression. Ces derniers auraient voulu que l’Etat procède au renforcement des universités créées par l’ancien régime en termes d’infrastructures et de personnel enseignant.

Maxime da Cruz, Vice-recteur chargé des affaires académiques
« La création de 07 universités n’a pas réglé le problème de massification de façon substantielle ».

« …Nous sommes partis des 7 universités créées tout récemment à 4. Il faut faire la différence entre une Université et un centre universitaire. Un centre universitaire se concentre essentiellement sur une seule thématique. Quand on prend l’Université d’Agriculture de Kétou, c’était un centre de formation avant qu’il ne devienne une Université. On voit également dans l’intitulé que c’est une université d’Agriculture. L’université se concentre sur un domaine. Par contre quand on prend l’Uac, il y a plusieurs facultés et écoles. Donc, elle s’occupe de plusieurs thématiques, d’où l’université pluri-thématique.
La décision actuelle ne remet pas en cause les centres universitaires. Le ministre d’Etat Pascal Irené Koukpaki a bien dit qu’avec la création de ces 4 universités, il y aura une réorganisation qui va prendre en compte les 24 centres universitaires. Ce qu’il faut attendre de mon point de vue, c’est ce quoi cette organisation va ressembler. Il y a des universités qui restent. Quand on prend l’université de Porto-Novo, son nom ‘’Porto-Novo’’ est resté, mais on a ajouté ‘’Université d’Agriculture, donc une université thématique. Vous savez que lorsque l’université a été créée, il y avait un certain nombre d’établissements. Il y a l’Imps, la Flash, l’Ens et l’Université d’Agriculture de Kétou. Mais comme l’université de Porto-novo est devenue une université thématique, il faut attendre la décision qui va être prise au sujet des centres universitaires. Si je m’en tiens au titre, on devrait logiquement s’attendre à ce que ces établissements aillent ailleurs. Tous ces établissements relevaient de l’Uac. Il est important de rappeler que lorsque l’ancien Gouvernement en est arrivé à cette université, la raison essentielle était de désengorger un peu l’Uac. Il faut aussi reconnaitre que malgré la création de ces universités (07), le problème de massification n’a pas été réglé de façon substantielle. J’attends que l’organisation soit faite… »

Lucien Zinsou, Président Uneb
« Le tout ne suffit pas de créer des universités mais le plus important, c’est de les doter de moyens »

Nous sommes contre cette nouvelle carte universitaire. Les universités qui ont été créées par l’ancien régime ont bénéficié de subventions. Quand on parle aujourd’hui de la suppression de ces universités, on ne sait vraiment pas à quoi s’attendre. Nous avons de sérieux problèmes déjà dans les deux universités les plus grandes du Benin c’est-à-dire l’université d’Abomey-Calavi et l’université de Parakou. L’effectif d’étudiants est de trop dans ces deux universités. Au lieu de procéder à la suppression des nouvelles universités, on aurait dû les renforcer en termes d’infrastructures et de personnel enseignant et de service pour désengorger un tant soit peu les grandes facultés classiques. Mais si on parle de suppression, nous ne savons pas à quoi nous attendre en tant qu’étudiants. Quand nous prenons les Universités de Lokossa et de Porto-Novo, elles ont besoin d’infrastructures. Le tout ne suffit pas de créer des universités mais le plus important, c’est de les doter de moyens à savoir des amphithéâtres, des laboratoires, des bibliothèques. Nous estimons qu’au lieu de supprimer les universités aujourd’hui, il faut les doter des moyens nécessaires pour faire face au flux d’étudiants.

Prince Aké, Président Unseb
« On a plutôt besoin d’en créer et qu’elles puissent servir vraiment »

Le gouvernement a pris une mauvaise décision en développant une nouvelle carte universitaire. Ce qui était mieux à faire est de revoir les universités existantes, mettre les moyens à disposition pour qu’elles puissent accueillir de nouveaux étudiants. Je pense que l’université d’agriculture de Kétou était bien logée. Au regard du flux sans cesse croissant d’étudiants, je crois qu’on a besoin de créer de nouvelles universités. Il est vrai que le Président Boni Yayi en a assez créé, sans qu’elles ne disposent des infrastructures appropriées. Mais si on en est arrivé là, c’est parce qu’il a certainement pris conscience des conditions dans lesquelles nous étudions. Aujourd’hui, on a plutôt besoin d’en créer et qu’elles puissent servir vraiment.

Professeur Léon Bani Bio Bigou, Sg/ Rectorat UAC
« La création des universités ou la fermeture relève de la décision politique »
Mon appréciation par rapport à la création de ces quatre universités, laissant de côté trois d’abord, est une question de principe. La création des universités ou la fusion des universités ou encore la fermeture des universités relève de la décision politique. L’autorité qui prend la décision politique part d’un certain nombre d’éléments d’analyse, et en tant qu’individu, les localités où sont implantées ces universités qui vont être supprimées doivent se sentir frustrées. Mais du point de vue académique, si l’autorité prend la décision de fusionner les universités en les ramenant à quatre, elle estime, compte tenu de la situation actuelle du pays, qu’il lui serait très difficile de faire fonctionner ces universités.
Réalisation : DASSI Clarisse, Happy ADEDJE & Marie-Ange ADJIVESSODE (Stags)



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