Affaire Talon : Ceux qui ont conduit Yayi dans le gouffre

Angelo DOSSOUMOU 5 décembre 2013

Marie-Elise Gbèdo, Reckya Madougou, Valentin Djènontin, Justin Gbènamèto, Kato Attita, Me Sadikou Alao, Philipe Houndégnon, Me Christian Charrière-Bournazel,
Philippe Perdrix, Amos Elègbè…La liste de ceux qui ont conduit le Président Boni Yayi dans le gouffre dans le dossier demande d’extradition de Patrice Talon et Olivier Bocco, relatif aux affaires tentative d’empoisonnement du chef de l’Etat et tentative de coup d’Etat n’est pas exhaustive. Ministres, Conseillers, avocats, procureur,

journaliste et haut cadre de la police nationale ont, chacun à leur niveau, contribué à renforcer l’obstination de la victime qui n’est personne d’autre que le président Boni Yayi autour d’un dossier qui ne pouvait que connaître cette fin. Car, tout juriste qui a bien suivi en deuxième année de droit, les éléments constitutifs d’une tentative d’empoisonnement comprend aisément les ordonnances du juge Angelo Houssou et le verdict de la Cour d’appel de Paris. Mais Dieu et eux seuls savent à quelle fin, ces

proches du président ont jeté de l’huile sur le feu. Résultat, l’image du pays est aujourd’hui traînée dans la boue. Le Bénin, jadis très envié de par le monde pour sa démocratie, est autrement vu depuis quelque temps, surtout après cette rigidité suspecte de son président dans l’affaire Talon. Et pour qu’on en arrive là, les courtisans de Yayi ont, pour les uns, apporté leur liquide inflammable, et pour les autres des allumettes pour le bûcher funeste.

Tous coupables

D’abord, les différents ministres de la justice qui ont connu de cette affaire ont, peut-être pour plaire à la supposée victime qui est leur chef, tenu mordicus à faire le forcing pour gagner une bataille perdue d’avance. Et pourtant, Marie-Elise Gbèdo est juriste et pouvait a priori avoir des appréhensions sur la probabilité que ce dossier aboutisse. Si Reckya Madougou et Valentin Djènontin s’y connaissent peu en droit, ils ne sont non plus excusables pour leur dévouement avéré pour une cause perdue d’avance alors qu’ils auraient dû faire comprendre à leur chef qu’il gagnerait à laisser tomber l’affaire. Mais, soucieux qu’ils sont de plaire au chef que de lui faire toucher du doigt là où se trouve son intérêt, ils l’ont aidé à s’enfoncer petitement pour être enfin la risée du monde entier.

Ensuite, ce sont les avocats de la partie civile qui ne sont pas à l’abri de reproches dans ce dossier qui a, des mois durant, ravi au Bénin la vedette à tous les sujets majeurs, parlant bien sûr du développement de la patrie. Me Kato Attita, Me Sadikou Alao, Me Christian Charrière-Bournazel, on dira qu’ils sont des commerçants du droit et que c’est leur métier que de chercher à défendre l’indéfendable. Mais, ce qui est inadmissible est qu’au nombre de ces avocats, il y a des Béninois qui, au delà des intérêts pécuniaires, devaient amener leur client à savoir raison garder et à ne pas aller dans cette agitation stérile observée autour d’un dossier devenu par la force des choses un différend plutôt politique que juridique. Un autre pion du système judiciaire qui n’a pas pu se retenir de prendre des vessies pour des lanternes est le procureur de la République Justin Gbènamèto. Pour l’énergie déployée surtout sur l’affaire

tentative d’empoisonnement, l’ancien commissaire central de Cotonou aujourd’hui Directeur général de la police nationale, Philippe Houndégnon a également son lot de responsabilité. D’ailleurs, Gbènamèto et Houndégnon sont les tout premiers à monter au créneau pour démontrer la véracité des faits reprochés à Talon et Bocco et du coup justifier le bien-fondé des poursuites engagées contre eux. N’oublions pas Philippe Perdrix, ancien rédacteur en chef à Jeune Afrique, mercenaire de la communication dans cette affaire et tous les journalistes qui ont prêté flanc à une nauséeuse communication autour du dossier. Même le conseiller aux affaires politiques, Amos Elègbè qui n’a pas, à temps, vu la justesse de passer à autre chose n’est pas excusable tout comme les nombreux notables et têtes couronnées qui, au lieu d’amener le président Yayi à aller dans le sens de l’apaisement, lui ont apporté du grain à moudre pour au finish se retrouver le dos au mur. A écouter les laudateurs, ça finit toujours comme ça. Boni Yayi devait le savoir. Malheureusement, il est à présent trop tard.



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