Attaque à main armée de Martin Assogba : Les mises au point de la police et de la gendarmerie

Karim O. ANONRIN 19 décembre 2013

Le Directeur général de la police nationale (Dgpn), le Contrôleur général de police, Louis Philippe Houndégnon et le Directeur général de la gendarmerie nationale (Dggn), le Colonel Awal Nagnimi, ont donné un point de presse hier à la Direction générale de la gendarmerie nationale à Porto-Novo. C’était au sujet des enquêtes sur l’attaque à main armée du président de l’Ong Alcrer survenue dans la soirée du lundi 9 décembre 2013 à Ouèdo, un arrondissement de la Commune d’Abomey-Calavi. Pour les deux conférenciers hier, il n’y a pas péril en la demeure parce que la gendarmerie et la police travaillent en symbiose avec la justice pour découvrir les auteurs de cette agression du président Martin Assogba, qui a nécessité son évacuation sanitaire en France après quelques jours de soins au Centre hospitalier et universitaire Hubert Koutoukou Maga à Cotonou. Dans sa déclaration, le Dggn, le Colonel Awal Nagnimi, a appelé les populations béninoises à dépassionner le mal qui est arrivé au président Martin Assogba. Quant au Dgpn, le Contrôleur général de police, Louis Philippe Houndégnon, non seulement il a appuyé les propos du Dggn, mais aussi il a donné les raisons pour lesquelles la police nationale a vite fait d’opter pour la piste de règlement de compte lié au lotissement dans l’arrondissement de Ouèdo, dans cette affaire d’agression du président Martin Assogba.
(Lire ci-dessous l’intégralité des déclarations du Dggn, le Colonel Awal Nagnimi et du Dgpn, le Contrôleur général de police, Louis Philippe Houndégnon)

Dggn, le Colonel Awal Nagnimi

« Je voudrais inviter le peuple béninois à éviter la passion dans ce dossier. C’est un dossier sensible et les forces de la police et de la gendarmerie sont en train de faire leurs enquêtes. De quoi s’agit-il ? Le lundi 9 décembre dernier, le président de l’Ong Alcrer, Martin Assogba, a été victime d’une attaque. En tant que Directeur général de la gendarmerie nationale, j’ai reçu le compte rendu de mes collaborateurs et j’ai aussitôt instruit pour que sans désemparer, ils se rendent sur les lieux pour les premières constatations et premières auditions. A peine je finissais quand le Directeur général de la police nationale (Dgpn) m’a appelé pour me dire qu’il vient d’apprendre ce qui s’est passé. Tout de suite, il m’a proposé spontanément sa collaboration ; ce que j’ai apprécié. C’est comme ça que le Commandant de la brigade de gendarmerie d’Abomey-Calavi et le Commissaire central d’Abomey-Calavi ainsi que des techniciens en identification criminelle et des spécialistes officiers de police judiciaire de la police nationale se sont mis ensemble pour aller sur le terrain. Evidemment, ils ont informé le Procureur de la République qui a fait pareil. Donc, nos équipes se sont retrouvées sur le terrain. Les premiers témoignages nous ont permis d’aller dans un premier sens d’enquête. Et c’est ces premiers témoignages qui nous ont permis, dès le lendemain, de procéder à certaines interpellations. C’est le moment pour nous de remercier les populations de Ouèdo dans la Commune d’Abomey-Calavi qui, spontanément, ont aidé nos collaborateurs pour nous permettre de mener nos enquêtes. C’est quoi la mission de l’officier de police judiciaire lorsqu’une situation se produit ? C’est d’aller sur les lieux, constater les faits, rassembler les éléments de preuve et rechercher les auteurs ou l’auteur. C’est dans cette logique que nos hommes se sont mis et vous connaissez les résultats. Des personnes ont été interpellées… »

Dgpn, le Contrôleur général de police Louis Philippe Houndégnon

« …Je voudrais d’entrée de jeu rassurer les populations du Bénin pour dire qu’entre la gendarmerie et la police, nous allons travailler pour que jamais dans notre pays, Jean de la Fontaine n’ait raison de nous lorsqu’il dit ‘’Selon que vous soyez riche ou pauvre, les jugements des cours vous rendront blanc ou noir’’. C’est cet engagement qui nous a amenés effectivement le lundi 9 décembre 2013 dans la soirée à l’Hôpital de zone d’Abomey-Calavi. Il faut préciser que je suis pratiquement à 10 mètres de cet hôpital quand j’avais rendu compte à mon aîné Directeur général de la gendarmerie nationale (Dggn). En même temps, je me suis transporté sur les lieux pour aller voir l’état clinique de monsieur Martin Assogba. Après concertation avec le Dggn, il a été mis sur pied une équipe que le Procureur de la République près le Tribunal d’Abomey-Calavi a transformé en commission d’enquête. Je m’en voudrais de ne pas revenir sur ce que nous appelons enquête chez nous. C’est des recherches qui sont en réalité fondées sur des hypothèses ; ce que vous appelez couramment des pistes. Parmi les pistes qui ont intéressé les enquêteurs, il y a le problème de lotissement de Ouèdo centre dans la Commune d’Abomey-Calavi. En réalité, à Ouèdo centre, il y a deux camps antagonistes qui s’opposent sur les questions de lotissement. Pour le premier groupe, il faut d’abord clarifier la gestion des réserves administratives de Ouèdo centre avant de poursuivre les travaux de lotissement. Pour le second groupe, il faut faire le lotissement à tout prix. C’est ainsi qu’il y a eu mésentente entre les parties adverses et le samedi 7 octobre 2013, monsieur Martin Assogba s’est retrouvé sur les lieux d’une réunion opposant les deux parties. Et monsieur Martin Assogba a servi de médiateur au cours de cette réunion. Au cours d’une audition, monsieur Martin Assogba a reconnu qu’il y a des gens qui, en réalité, de temps à autre, s’invectivaient contre ce qui se faisait. Plus loin, il nous a fait savoir qu’il y a même des écrits qui constituaient des menaces à l’exécution de ce lotissement (…) Au cours de l’audition, la police et la gendarmerie ont rappelé à monsieur Martin Assogba, un évènement très malheureux survenu le 1er août 2013 où il a failli être écrasé par monsieur Gilbert Agon dans l’arrondissement de Ouèdo au cours d’un défilé. C’est un évènement public connu à Ouèdo. C’est ça qui lui a permis d’aboutir à la reconnaissance de ce qu’en réalité, il y a quand même des menaces dans la zone de Ouèdo par rapport au processus de lotissement. Il faut préciser que ce dossier de lotissement est même objet de litige judiciaire. Nous avons un document dans lequel se retrouvent des gens qui se sont plaints au Procureur de la République du Tribunal de première instance d’Abomey-Calavi. J’irai plus loin en vous disant que les personnes interpellées ne sont pas des personnes innocentes. La police et la gendarmerie sont formelles là-dessus. Ces gens dont nous parlons ont dans la zone de Ouèdo, un antécédent comportemental grave. Il y a des gens qui ont des antécédents criminels. Il y a même un braqueur dans le lot. C’est ça qui justifie même les soupçons de la police… »
Propos recueillis par Karim Oscar ANONRIN



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