Blessures à balles réelles/Sang de mouton ou mercurochrome : Le certificat médical qui tranche le débat

Angelo DOSSOUMOU 10 février 2014

Placide Azandé, Préfet Atlantique/Littoral et Pierre Agossadou, Commissaire centrale de Cotonou, auteurs de la répression sanglante de la marche des travailleurs

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« C’est des blessures à balles réelles…Ils se sont versé sur le corps du sang de mouton et du mercurochrome… ». Durant des jours, les propos les plus contradictoires sur ce qui s’est réellement passé lors de la répression de la marche des syndicalistes le 27 décembre dernier ont fusé. La polémique a enflé. Mais, avec les différents éclaircissements contenus dans le certificat médical des personnes prises en charge ce 27 décembre par le Cnhu de Cotonou, le débat est désormais tranché. Première certitude, il n’y a pas de tirs à balles réelles. Mais, n’empêche qu’il a été dénombré une vingtaine de blessés. Les uns plus graves que les autres. A titre d’exemples, Noël Chadaré s’en est sorti avec des douleurs aux fesses. Pascal Todjinou a dû recourir au collier mousse pour des douleurs au cou. Gilbert Kassa Wankpo a eu une plaie punctiforme sus-orbitaire, une tuméfaction avec deux plaies punctiformes à la face latérale de la cheville gauche. Chez Paul Essè Iko, il a été noté un bon état général et une douleur modérée à l’épaule gauche à la palpation plus mobilisation…Sans oublier les autres qui pour la plupart présentaient des blessures certainement dues aux billes contenues dans les grenades lancées et du fait de la panique générale créée par les explosions. C’est dire que c’est le sang humain qui a giclé le 27 décembre dernier aux encablures de la bourse du travail et non celui du mouton ou le mercurochrome. Même si aucun des blessés n’a passée la nuit au Cnhu et que tous sont rentrés autour de 20h, car les blessures étant pour la plupart superficielles, il est clair qu’il y a eu du sang. Cela ne fait plus l’ombre d’aucun doute. L’autre dira : « Qui n’a pas fait l’enquête n’a pas droit à la parole ». Maintenant, il y a lieu qu’en toute responsabilité, les uns et les autres prennent la mesure des dégâts causés par leurs propos et tirent les conclusions qui s’imposent dans ce genre de situation. C’est aussi ça avoir un comportement qui participe à l’enracinement de la démocratie et à la paix.

Certificat médical
Je soussigné Docteur Vignon K. Cyprien, Chirurgien aux Urgences du CNHU-HKM, reconnais avoir reçu et examiné les patients suivants qui déclarent avoir été victimes d’une agression avec gaz lacrymogène et lancée de grenade par la police lors d’une dispersion brutale d’une manifestation à la bourse du travail. Il s’agit de :
Monsieur ABISSI Joël âgé de 35 ans présentant un bon état général, dermabrasion ovoïde en regard de la malléole latérale gauche non hémorragique d’environ 5cm de grand axe, une plaie punctiforme au flanc gauche.
Madame SOSSOUKPE Mathurine, 44 ans, présentant un bon état général, une plaie punctiforme à la face antéro médiale de la cheville droite
Madame TOMIN Florentine, 25 ans, chez qui l’on note un bon état général, une plaie punctiforme aux deux chevilles
Monsieur GAMEDJO Serge, 24 ans qui présente un bon état général, une plaie punctiforme en regard de la crête iliaque droite mobilité normale de la hanche manœuvre de Verneuil et Larrey sont négatives.
Monsieur AHOSSI TOKPASSI Nikola, 53 ans avec un bon état général, une plaie punctiforme en regard de la branche montante gauche de la mandibule.
Monsieur BALABO Paul, 64 ans : un bon état général des plaies punctiformes à la cuisse droite, hémithorax droit, tuméfaction du poignet droit.
Monsieur AGBO Clément, 24 ans, chez qui on note un bon état général, une plaie punctiforme à la face latérale du coude plus hémithorax gauche.
Monsieur CHADARE Noël, 48 ans, il a un bon état général, une douleur minime des fesses.
Monsieur KASSA WANKPO Gilbert, 51 ans qui a un bon état général, une plaie punctiforme sus-orbitaire droite peu hémorragique qui bénéficie d’une consultation ophtalmologique et a été mis sous frakidex, pommade, une tuméfaction avec deux plaies punctiformes à la face latérale du 1/3 distal du bras gauche, une plaie punctiforme à la face latérale de la cheville gauche.
Monsieur ADINGNI Janvier, 50 ans, qui présente un bon état général, des plaies punctiformes à la face postérieure de la cuisse gauche plus face postérieure de l’hémithorax gauche modérément tuméfié.
Monsieur DOVONON Christophe, 52 ans : un bon état général, une plaie punctiforme en regard de la crête tibiale non hémorragique.
Madame SANTANA Léocine, 33ans : qui présente un bon état général, une ecchymose de l’épaule droite, sans impotence fonctionnelle un trouble vasculo-nerveux et une dermabrasion de 1 cm de grand axe à la face médiale du pied droit.
Monsieur AFOUDA Karen, 22 ans : un bon état général, une plaie punctiforme à la face postérieure de la jambe droite plus la face latérale de la cuisse gauche.
Madame AFAWOU Albertine, 28 ans chez qui on note : un bon état général, une dermabrasion de 3 cm de grand axe à la cuisse gauche plus douleur modérée à la face médiale du genou gauche.
Monsieur EGBAKOTAN Eugène, 53 ans : un bon état général, une plaie punctiforme du pied gauche.
Monsieur TODJINOU Pascal, 60 ans qui présente un bon état général, une douleur modérée en regard des épineuses C3 à C7. Il bénéficie d’un traitement médical plus collier mousse et un rendez-vous pour contrôle radio clinique a été donné (avec clichés du rachis cervical).
Monsieur PETONI Salim, 34 ans, qui présente un bon état général et une plaie punctiforme de la face antéro médiale du 1/3 distal de la jambe droite.
Monsieur IKO ESSE Paul, 59 ans, chez qui on note un bon état général et une douleur modérée à l’épaule gauche à la palpation plus mobilisation.
Ils bénéficient tous :
 D’un bilan radiologique qui objective chez la plupart des patients présentant des plaies punctiformes, un voire deux (02) morceaux de matériel métallique de 3 à 4 mm de grand axe enfouis dans les muscles. Absence de lésions osseuses.
 D’une consultation ophtalmologique qui est sans particularité.
 D’un traitement médical fait de Trémadol et/ou paracétamol Airtal, tamponnement des plaies à la Bétadine sérovaccination antitétanique.
 Un rendez-vous pour contrôle clinique et/ou radiologique a été pris dans deux (02) semaines.
Tous les patients ont été fils en exéat.
En foi de quoi ce certificat est délivré pour servir et valoir ce que de droit.



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