Conférence de presse de l'Union des confédérations syndicales nouvelle éthique : Le Sg Emmanuel Zounon parle du "Kpayo", de la Sonacop et du Ramu

La rédaction 30 mai 2013

Emmanuel Zounon, Sg/Union nationale des syndicats des travailleurs du Bénin

Le président de l’Union des confédérations syndicales-nouvelle éthique, Emmanuel Zounon, secrétaire général de l’Union nationale des syndicats des travailleurs du Bénin s’est prononcé hier sur l’actualité sociopolitique du Bénin. Il a abordé, entre autres, la lutte contre l’essence frelatée, les malversations financières à la Société nationale de commercialisation des produits pétroliers (Sonacop), le statu quo observé dans la mise en œuvre du Régime d’assurance maladie universelle (Ramu), les conditions de vie exécrables des personnes de troisième âge et la non augmentation du Salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig).

Points saillants de la Déclaration de Emmanuel Zounon

L’essence frelatée

L’Ucs-Ne est consciente du danger que représente la vente de l’essence frelatée dans tous les coins de rue de notre pays. Cela pose un problème sécuritaire et de santé publique. De ce point de vue, la lutte contre ce fléau doit être soutenue. Mais quand on sait que toutes les études ont montré que la consommation d’essence est couverte à 90% par " kpayo ", il va s’en dire que ce combat est perdu d’avance.

Mu par les recettes que procurerait cette lutte pour les finances publiques, l’Etat perd de vue deux choses essentielles :

1- le SMIG est demeuré à 31625 F au lieu de 66500 F depuis une dizaine d’années pendant que le coût de l’essence est passé de 175 F à 560 F dans les stations services de la SONACOP alors qu’elle coûte 375 F dans le Plateau, la vallée et à Avrankou, 400 F dans Porto-Novo, 450F dans Kilibo, Tchaourou, Toui, N’dali, Parakou et 500 F à Cotonou dans l’informel ;

2- les recettes si tant mobilisées par l’Etat à travers sa société " LA SONACOP " sont empochées par les hommes nommés par le gouvernement en conseil des ministres. Nous n’accusons personnes. Ce sont les faits qui sont accusateurs. Si la confiance préside au choix de ceux qui ont la charge de diriger nos entreprises d’Etat, elle ne devrait pas exclure le contrôle. L’absence de ce contrôle est préjudiciable aux intérêts de la nation toute entière. Pourquoi l’Etat se résout il les armes à la main, à combattre et à tuer sa population au lieu de sanctionner les mauvais gestionnaires ?

Dans ces conditions, pourquoi le gouvernement se bat contre les intérêts de son peuple créant du coup l’inflation qui n’est rien d’autre qu’une taxe sur les salaires.

Que dire des incidents qu’engendre ce combat perdu d’avance avec son cortège de pertes en vies humaines inutiles.

L’Ucs-Ne s’insurge contre cette forme de lutte, qui ne ferait qu’accroitre le chômage, la délinquance, le vandalisme, le vol et les actes crapuleux, que sais-je encore ?

La juste solution passe par une réflexion courageuse avec pour base un dialogue franc et sincère avec les légitimes représentants de ce commerce qui soulage les peines de nos populations. Ne nous voilons pas la face et regardons les réalités en face.

Avons-nous le droit de sacrifier nos personnes âgées ?

Si vivre devient difficile pour les fonctionnaires, les agents de l’Etat et autres agents contractuels, qu’en serait-il des personnes âgées et des acteurs de l’économie informelle ?

C’est ainsi que nous avons été sensibles au cri de détresse et à l’appel de Monsieur Vital Midahuen, un professeur à la retraite.

En peignant comme il a essayé de le faire, la situation difficile du travailleur retraité, une situation caractérisée par le niveau anormalement bas du revenu, la paupérisation accentuée, la vulnérabilité à la maladie, le poids de l’impact du chômage des jeunes diplômés sans emploi et chose plus grave, la marginalisation de cette catégorie de travailleurs admise à faire valoir ses droits à la retraite, j’avoue avoir rencontré dans ce cri de détresse, mon propre cri en ma qualité de Président de l’Union des Confédérations Syndicales-Nouvelle Ethique (Ucs-NE) du Bénin.

Ce cri, avec mes camarades de l’UCS-NE, nous l’avons toujours poussé et nous continuons de le pousser, parce que le mal du travailleur retraité n’est pas que sa pension. Le mal est plus profond qu’on ne l’imagine.

Mais sur le niveau de la pension et la question de la santé qui constituent les deux paramètres sur lesquels Monsieur Vital Midahuen a fondé son analyse pour démontrer la nécessité d’indexer le niveau de la pension sur le niveau du coût de la vie, je voudrais dire que cette solution est insuffisante.

Comment comprendre aujourd’hui que la pension de vieillesse soit encore aux taux de dix neuf mille (19000) francs Cfa le trimestre et la pension minima de certaines veuves tourne autour de sept mille (7000) francs Cfa, sans oublier tout ce gros lot de travailleurs dont les dossiers de pension n’aboutiront jamais.

Le travailleur retraité certes, est confronté au problème de niveau de la pension pour pouvoir survivre dans un environnement de plus en plus difficile, mais il a un véritable problème d’accès aux soins de santé.

Les politiques passives d’emploi dont l’objectif est de soutenir les revenus des travailleurs en activité et ceux admis à la retraite consistent à jouer sur les systèmes d’assurance sociale.

Au Bénin, tout le monde connaît le déficit des régimes d’assurance sociale en matière de santé. C’est ce déficit qui est à l’origine de la multiplicité des mutuelles de santé initiées par des Ong et récemment par l’Etat.

La mutuelle de Sécurité Sociale devenue tout récemment la Caisse Mutuelle de Prévoyance Sociale suscite encore des inquiétudes quant à la mobilisation et à la sensibilisation pour une adhésion massive des travailleurs en activité.

Aujourd’hui, le Régime d’Assurance Maladie Universelle (RAMU) dont l’opérationnalisation avec les indigents et les travailleurs de l’économie informelle, suscite des interrogations que nous avons exprimées clairement dans notre rencontre avec les médias le 20 mars 2013, suscite beaucoup d’inquiétudes quant à son avenir. Malheureusement, nous n’avons pas été compris par ceux-là mêmes qui sont chargés de la presse et de la communication. Certains hommes des médias de mauvaise foi ont même fait des commentaires malsains sur Radio Tokpa.

Deux (2) mois se sont écoulés depuis le lancement et qui peut nous dire là où nous en sommes aujourd’hui avec l’opérationnalisation du Ramu lancé avec trompette ?

Des inquiétudes et des interrogations étant persistantes autour du Ramu, nous sommes convaincus aujourd’hui, de la nécessité pour les organisations syndicales des travailleurs que la pension de vieillesse pour tous reste encore le dernier recours pour la lutte contre la pauvreté.

Dans ce cadre, et sans occulter pour autant que cela sera possible, la mise en place d’un mécanisme de réajustements tous les deux ans de la pension de vieillesse est une nécessité vitale.

C’est l’occasion de lancer un appel au Directeur Général et au Président du Conseil d’Administration de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale à cesser de se donner à des guerres médiatiques pour réfléchir sur la vie des travailleurs et des agents retraités qui cotisent à leur Caisse. Au lieu de se réjouir du niveau de réserve financière pour la caisse sur vingt (20) ans et plus pour aiguiser l’appétit des détournements de deniers publics, il y a urgence à réfléchir sur la juste répartition d’une partie de la réserve obtenue pour soulager les peines de tous les cotisants.

C’est également l’occasion d’inviter le Ministre de la Santé à convoquer en urgence le comité interministériel de suivi du RAMU, faute de quoi, l’Union Confédérale Syndicale-Nouvelle Ethique utilisera tous les moyens légaux nécessaires pour mettre le RAMU à l’abri de toute déconvenue.

Enfin, l’Union Confédérale Syndicale-Nouvelle Ethique invite les confédérations à revoir la représentativité des syndicats dans le conseil d’administration de la CNSS et qu’on cesse de jouer au figurant. Il faut qu’on place celui qu’il faut en faisant si possible un appel à candidature.



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