Descente des avocats dans les prisons : « Nous allons constater les conditions de détention et les cas de violation des droits humains pour ensuite agir »

La rédaction 22 septembre 2017

Du 25 au 29 septembre prochain, les avocats effectuent une descente dans les prisons civiles du Bénin pour apprécier les conditions de vie des détenus. A travers cette interview, Me Angelo Hounkpatin, Directeur du Fonds d’assistance juridique et judiciaire du Barreau du Bénin (Fajjub), dévoile les objectifs de cette mission et plaide pour une humanisation des maisons carcérales.

La semaine prochaine, du 25 au 29 septembre 2017, les avocats du barreau du Bénin seront en contact avec les détenus dans les prisons. Quel est l’objectif de cette mission ?
Cette descente s’inscrit dans le cadre des activités du Fonds d’assistance juridique et judiciaire du Barreau du Bénin (Fajjub) et de la Commission de Garantie des Libertés individuelles et Collectives du Barreau. Le Fajjub est une institution créée en 2009 pour pallier à un vide. En effet, jusqu’à ce jour, il n’y a pas d’aide juridictionnelle mise en place par l’Etat. Le Barreau a alors institué cette structure, sur ses fonds propres, pour subvenir aux besoins des justiciables. Ainsi, la descente des avocats sur le terrain du 25 au 29 septembre prochain vise à recenser les cas des personnes en détention illégale et irrégulière, constater l’état des installations pénitentiaires, et l’état du respect des droits de l’homme dans nos maisons carcérales.

Quel est le constat qui vous a motivés, au niveau de l’ordre, à organiser cette mission ?
Nous ne le remarquons pas souvent : les prisons sont une face cachée de la violation des droits de l’homme. Nous ne voyons que les détenus, lorsqu’ils viennent aux audiences ; mais au niveau de leurs conditions de détention, beaucoup de leurs droits sont violés. Le barreau a donc décidé d’identifier ces cas. Il y en a qui sont depuis des années en détention illégale, sans être présentés au juge une seule fois. Ce qui est anormal et inhumain. Parlant de la violation des droits humains, il y en a qui sont en prison mais qui n’ont pas de toilettes comme il convient ou qui doivent attendre une heure de temps avant d’avoir leur tour. La surpopulation carcérale est préoccupante. Nous allons donc échanger avec les détenus sur les conditions de leurs détentions.

A quoi serviront les résultats de cette mission du barreau ?
Cette mission est organisée par le Fajjub et la Commission de garantie des libertés individuelles et collectives du Barreau. On aura à inventorier les différents cas préoccupants sur le terrain puis faire un rapport de la situation à présenter aux autorités judiciaires. Dans le cas où il y aurait de l’inertie de la part des autorités judiciaires et que nos suggestions ne seront pas prises en compte, le Barreau prendra la relève pour organiser la défense des détenus concernés et les sortir s’il y a lieu ; pour qu’au moins, ils aient la justesse des peines qu’ils méritent.

Un appel aux autorités judiciaires et pénitentiaires…
N’oublions jamais que de l’autre côté, c’est un frère égaré. Nous devons pouvoir venir au secours de ces gens qui ont besoin de nous. La politique carcérale et pénitentiaire de notre pays doit être revue.
Propos recueillis par Fulbert ADJIMEHOSSOU



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