Désensablement des rues à Cotonou : Une corvée pour subvenir à ses besoins

La rédaction 1er mars 2017

Au moins une fois dans la journée, des jeunes hommes et femmes s’emploient à nettoyer les principales artères de Cotonou et environs. C’est un job contraignant, mais qui permet à beaucoup de subvenir à leurs besoins.

Il est 6heures 15. Ce vendredi 24 février, Edouard, s’affaire pour se mettre au travail. Il ne dispose que de quelques heures pour nettoyer avec ses compères l’axe Toyota-Etoile Rouge. Il se saisit d’un balai, se protège le nez pour éviter d’inhaler la poussière et commence à désensabler cette voie bitumée. Tellement pressée, il met la pression sur les autres, qui continuent de débattre d’un sujet qu’il juge peu important. « Les gens commencent déjà à se rendre au travail. Il vaut mieux profiter de l’aube pour éviter les perturbations liées au flux important de véhicules à deux ou à quatre roues », affirme-t-il. Pour ce jeune homme, 25 ans environ, c’est un job à partir duquel il tire le nécessaire pour subvenir à ses besoins. « C’est par contrainte que je suis devenu balayeur de rues. Quand on n’a rien, on se contente du peu. Il n’y a pas de sot métier », laisse-t-il entendre. C’est pour lui, une manière de contribuer à l’assainissement de la ville. Cependant, cette fierté cache mal les plaintes de ces balayeurs de rues. « Nous risquons notre vie tous les jours sur les routes pour un salaire de 53.500 F Cfa par mois. Après le payement du loyer et les petites dépenses il ne nous reste plus rien » ajoute-t-il.

Un métier à risque
Pour effectuer le nettoyage des chaussées, ces balayeurs se lèvent généralement tôt. Mais ils finissent par être rattrapés par les contraintes liées à la circulation routière. Ils se servent d’un bac pour isoler les balayeurs des automobilistes. Le trafic rend le travail de ramassage de sable très délicat, selon le témoignage de Ferdinand, un conducteur de taxi moto. « J’ai failli ramasser un jour un de ces balayeurs de rues avec ma moto », déclare-t-il. Si celui-ci a pu faire preuve de prudence pour éviter le pire, ce n’est pas le cas pour d’autres usagers de la voie. « Un de nos collègues a été ramassé un jour par un conducteur ivre au volant de sa voiture », raconte Expédit, l’un des ramasseurs de sable qui reconnait la pénibilité de ce travail. Suite aux nombreuses déconvenues enregistrées et aux plaintes des usagers des voies principales et secondaires de la ville de Cotonou, la mairie a pris la résolution de confier le désensablement des rues, la gestion des déchets solides ménagers et le curage des caniveaux à des entreprises privées, ayant les moyens et l’expertise nécessaires pour effectuer le travail. En effet, c’est surtout pour éviter les retards de payement et la lourdeur administrative que le travail a été confié aux entreprises privées. Mais malgré tout, les plaintes persistent. « Le désensablement ne se fait pas souvent la nuit pour des problèmes de sécurité des agents. L’autre raison est liée au manque d’éclairage public sur certaines artères de la ville de Cotonou », a confié un agent de la mairie ayant requis l’anonymat. A la question de connaitre la fréquence de l’opération de désensablement, le même agent de la mairie se prononce. « Avant, on faisait le travail deux fois par semaine mais actuellement, faute de moyens, nous le faisons une fois par semaine ». « Le sable ramassé sur les routes sert à remblayer des zones marécageuses de Cotonou », précise un autre agent de la mairie. La propreté de la capitale économique s’avère être un combat de longue haleine, comme quoi l’opération ‘’Cotonou, ville propre’’ a aussi un prix.
Euloge GOHOUNGO (Stag)



Dans la même rubrique