Détournement des fonds alloués à la police : Le film des auditions à la Criet

Adrien TCHOMAKOU 4 avril 2019

Le dossier de détournement des fonds de patrouille et de sécurité s’est ouvert hier à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) à Porto-Novo. Plusieurs cadres ont répondu à la convocation des autorités judicaires tandis que d’autres ont brillé par leur absence. Si les responsables financiers de la Commission électorale nationale autonome (Cena) sont allés justifier les milliards mis à la disposition de la police nationale pour la sécurisation des élections législatives, communales, municipales et locales de 2015 via le Ministère de l’intérieur et de la sécurité publique (Misp), la Directrice des ressources financières et du matériel (Drfm) du Misp et quatre autres cadres de ce ministère ont expliqué comment les sous ont été gérés. Une gestion qui ne respecte guère l’orthodoxie financière, selon les autorités judiciaires qui ont assailli de questions les inculpés pendant plusieurs heures. Pour la Drfm, elle n’a fait que jouer sa partition sur instruction de ses ministres de tutelle (Placide Azandé, Simplice Codjo Dossou, François Houessou etc). Aux interrogatoires du procureur spécial de la Criet, l’ex Directeur général de la police nationale, le Général de brigade, Sessi Louis-Philippe Houndégnon, ordonnateur des fonds alloués à la police et écouté en tant que témoin, a démontré que les policiers n’ont jamais touché du l’intégralité de leur dû. Raison pour laquelle, il ne cessait de donner de la voix avec toutes les conséquences afférentes. Le Général Houndégnon a été on ne peut plus clair : les milliards alloués à la police nationale pour les patrouilles et la sécurisation sont souvent détournés au Ministère de l’intérieur et de la sécurité publique. « Les policiers ne voient pas la couleur des fonds. Tant que le Synapolice de Waïdi Akodjênou ne dénonce pas les cas de détournement et que moi-même Houndégnon je ne m’associe pas au syndicat au risque de perdre mon poste, nous ne recevons pas le minimum », a-t-il déploré. En clair, les policiers n’ont jamais reçu l’intégralité des fonds à eux affectés par le gouvernement.

Les inculpés absents risquent gros
Le procureur spécial de la Cour de répression et des infractions économiques et du terrorisme prévient les inculpés absents à l’audience d’hier des risques encourus. Il s’agit entre autres de l’ex Directeur de cabinet du Ministère de l’intérieur et de la sécurité publique, le contrôleur général de police Jean Tozé, l’ancien conseiller technique à la sécurité publique du Misp, le colonel Ismaël Adjanonhoun précédemment Directeur des renseignements et du territoire de la police Républicaine. Selon les indiscrétions, ces hauts gradés de la police républicaine sont impliqués dans cette procédure judicaire et devront se présenter à la Criet afin que la lumière jaillisse sur le dossier. Pour l’heure, le dossier suit son cours et plusieurs charges pèsent sur ces deux personnalités au même titre que leurs ministres et des responsables financiers du Misp. Au nombre de ces chefs d’accusation, il faut noter le non-respect de l’orthodoxie financière, le détournement puis faux et usage de faux en écriture comptable. Les regards sont donc toujours tournés vers la Criet.



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