Diane Aurore Kindji au sujet du projet ‘‘mon , mon épanouissement’’ : « Mon souhait est de former toutes les femmes d’Abomey pour leur autonomisation »

Isac A. YAÏ 25 septembre 2018

Membre fondatrice du creuset Femme Engagée pour des Nominations et des Elections Paritaires (Fenep), Diane Aurore Kindji épouse Zinsou est l’une des bénéficiaires du programme de Renforcement des Capacités d’Action des Femmes (Recafem), 4e promotion. A travers cette interview, elle parle des acquis du Recafem et du contenu du projet qu’elle exécute dans le cadre de ce programme.

Le Recafem, qu’est-ce que c’est ?
Le Recafem est un projet de contribution à l’augmentation du taux des femmes aux postes électifs et nominatifs. L’objectif est de former les femmes à participer à la gestion de la chose publique et à participer à l’amélioration de leur leadership. Sur le plan national, nous sommes 140 femmes bénéficiaires. Il nous a été octroyé des coaches politiques, éthiques et médiatiques qui nous accompagnent tout au long du programme. Nous sommes outillées sur le leadership féminin, la gestion pacifique des conflits, la notion de confiance en soi, comment se prendre en charge en tant que femme, la prise de la parole en public et des moyens de cumuler la vie professionnelle et familiale. Chaque bénéficiaire est appelée avant la fin du programme, à initier et exécuter un mini-projet pour se donner une visibilité dans sa localité contribuer un tant soit peu au développement de son pays.

Parlez-nous de votre projet ?
J’ai décidé de m’intéresser à l’autonomisation des femmes et filles en milieu rural. Mon projet s’intitule ‘‘mon métier, mon épanouissement’’. C’est un projet qui vise l’autonomisation des femmes, en les regroupant. J’ai commencé par le Zou. La phase pilote se fera donc à Abomey, plus précisément à Zounzonmè. Dans cette localité, c’est la transformation et la commercialisation de la moutarde (Afiti), de l’akassa (Lio) et du fromage (Amon soja) qui dominent. Il sera question de créer trois coopératives de vingt femmes qui bénéficieront gratuitement d’une formation en gestion de coopérative, puis du suivi conseil dans la gestion de leurs activités. Le projet se déroulera en trois grandes étapes. Il s’agira d’abord de mobiliser les femmes autour du concept et d’œuvrer pour leur adhésion et leur engagement à la notion de coopérative. Ensuite, il sera question de les former sur la notion de coopérative. Enfin, le projet va permettre le suivi minutieux des groupements jusqu’à l’épanouissement total des femmes dans ce qu’elles font. Les femmes de Zounzonmè me sont très chères. Je suis, en fait, native de la localité. Cela ne veut pas dire que les femmes des autres localités me sont moins chères, pas du tout. Mais étant fille de cette localité, j’ai décidé de démarrer le projet à Zounzonmè. J’envisage après l’étendre à d’autres localités d’Abomey. Ma vision à long terme est de renforcer la capacité de nos femmes rurales dans chaque département du Bénin. Elles sont souvent laissées pour compte, ce qui fait que même si elles ont le financement avec le projet en main, elles n’ont pas les informations nécessaires pour atteindre leur objectif.

Dans le cadre de ce projet, vous organisez une formation le 29 septembre prochain. Quels sont les enjeux ?
Le premier enjeu est la formalisation des activités des femmes de Zounzonmè. En effet, les femmes de cette localité forment déjà à leur niveau des groupements informels peu ou pas du tout organisés. Notre but est de leur inculquer l’importance de se rassembler maintenant par secteur d’activité dans un bloc soudé et formel. A travers ce renforcement de capacité, nous voulons leur faire toucher du doigt, tout ce qu’elles peuvent gagner en se mettant en coopérative et comment se fait la gestion d’une coopérative L’autre enjeu est de les motiver à travailler main dans la main, pour l’atteinte de leur objectif.

Les autorités locales adhèrent-elles à votre projet ?
Oui. C’est le moment de saluer le maire Blaise Ahanhanzo Glèlè, le chef d’arrondissement de Zounzonmè, les cinq délégués de l’arrondissement et l’association des ressortissants de Zounzonmè qui n’ont ménagé aucun effort pour m’accompagner dans ce projet. A les entendre parler, c’est un projet qui vient à point nommé. Le Chef d’arrondissement est prêt à nous trouver un lieu pour la formation. Ce qui m’a agréablement surpris, c’est que tous les chefs quartiers se sont engagés à m’aider dans la mobilisation des femmes. Nous avons décidé de prendre 12 femmes par quartier à raison de quatre par secteur d’activité. Ce qui fait 60 femmes pour cette phase pilote.

Pensez-vous que ce projet est vraiment réaliste ?
C’est un projet réalisable qui va beaucoup profiter aux femmes. Ces coopératives regrouperont les femmes autour des activités génératrices de revenus comme la réalisation des aliments comme « Afiti », « Lio » et « Amon sodja ». Ensemble, elles seront plus fortes. La gestion sera individuelle et collective. La coopérative qui m’a le plus marqué est celle dénommée « Tabiro Ladies Club » qui fait de grandes choses et qui contribue directement au développement de l’Ouganda. Nous avons la possibilité d’arriver à ce niveau si nous nous engageons.

Quels avantages ont les femmes à se mettre ensemble ?
La coopérative utilise un système de gestion participative qui leur permet d’intégrer entièrement le management de la société dans le but d’en assurer la pérennité et la réussite. Se mettre ensemble permettra aux femmes d’entreprendre des activités génératrices de revenus. Ce qui constitue un moyen de lutter contre la pauvreté dans les pays en voie de développement comme le nôtre. L’autre avantage est qu’à travers ces regroupements, nos femmes pourront mieux s’organiser et subvenir aux besoins de leur famille et au bien-être de leur communauté.

Après la formation du 29 septembre prochain, quel sera la suite ?
Juste à la fin de la formation qui sera donnée par un expert en coopérative, les femmes vont se mettre en groupement de 20 par activités. On les accompagne dans le suivi, à travers les conseils l’organisation et le financement de leurs activités. Il est important de comprendre qu’on n’est pas là pour financer leurs activités mais pour les orienter dans le processus de regroupement. Lors de la formation, l’expert va leur donner quelques notions pour faciliter leur regroupement efficace. Il y a plusieurs structures qui financent le regroupement des femmes sans garantie. La connaissance, c’est le pouvoir dit-on. Nous allons les former et les aider à faire financier leur mini-projet par des personnes de bonnes volonté ou des institutions qui se battent pour l’autonomisation des femmes. Premièrement, nous allons prendre leur contact, observer comment elles s’organisent. Deuxièmement, nous allons prendre contact avec elles à nouveau pour évaluer leurs obstacles. Et si tout se passe bien, troisièmement nous allons continuer à les conseiller pour la pérennisation de leurs activités en groupement.

Quel appel avez-vous à lancer aux femmes et aux autorités ?
Aux femmes, je dirai que la liberté financière est très importante. Elles ont intérêt à se faire former pour leur autonomisation. C’est une occasion pour elles d’être financièrement libres et d’augmenter leurs revenus financiers. Mon souhait est de faire profiter ce projet à toutes les femmes d’Abomey. Nous demandons aux autorités de nous accompagner dans le processus. L’autonomisation de la femme participe à la réduction de la pauvreté. La contribution des uns et des autres est donc très importante pour l’atteinte des résultats escomptés.
Propos recueillis par Isac A. YAÏ



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