Dossier Dangnivo, une bombe à retardement

Arnaud DOUMANHOUN 28 août 2018

Justice pour Pierre Urbain Dangnivo ! Visiblement, l’esprit de ce cadre du ministère des finances, disparu mystérieusement en août 2010, dans un contexte sociopolitique assez-tendu, en raison de l’effervescence de la présidentielle de 2011, hante toujours la République. Ouvert en décembre 2015 pour apporter la lumière sur l’affaire, notamment les circonstances de son probable décès, le procès sera interrompu pour ne reprendre qu’en août 2018, sans pour autant calmer la soif de justice de la partie civile. Ainsi, après le report de l’audience et la clôture de la session complémentaire de la Cour d’assises qui a connu du dossier cette année, le procureur a décidé d’ouvrir une enquête approfondie. De quoi s’agira-t-il exactement ? On assistera dans les tout prochains jours à la reprise de toutes les auditions de 2010. La police criminelle sera mise à contribution pour écouter tous les officiers de police et de gendarmerie ou les enquêteurs d’alors, ainsi que ceux de l’armée, et toutes les personnes dont les noms ont été évoqués dans les précédents procès, et qui sont impliquées de près ou de loin dans ce dossier. C’est dire qu’ils passeront tous à nouveau devant le procureur, non pas en qualité de témoins mais de présumés coupables. Une Cour d’assises spéciale va statuer sur le dossier afin que la famille puisse faire son deuil.
Il faut tout de même rappeler que la reprise du procès dans son entièreté est due aux déballages du sieur Alofa, principal suspect dans l’affaire depuis l’exhibition d’un cadavre à son domicile, qui serait celui du disparu. En effet, à maintes reprises, le mis en cause est revenu sur sa déclaration lors de l’instruction. Poursuivis respectivement pour assassinat et complicité d’assassinat, crimes qu’ils auraient commis sur la personne de Pierre Urbain Dangnivo, Codjo Kossi Alofa et ses co-accusés plaident désormais non coupables.
« Comme j’ai eu à le dire en 2015, c’est du théâtre. C’est ce qu’on m’a dit de dire que j’ai dit. On m’a dit que si je reconnais avoir tué Dangnivo, l’affaire sera close, je serai sorti de prison et j’aurai 25 millions de Fcfa. Je ne fêterai pas en prison (…) », avait déclaré Codjo Kossi Alofa, le charlatan au domicile de qui un corps a été exhumé le 27 septembre 2010.
Pourvu que cette nouvelle procédure puisse démentir les propos de Me Olga Anassidé, avocate de la famille Dangnivo, qui déclarait lors de la dernière session de la Cour d’assises : « En l’état actuel du dossier, il faut des années lumières pour découvrir la vérité ! ».



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